Le Bureau national des statistiques chinois a annoncé que le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 4,6% au troisième trimestre sur un an, faisant état d'un "environnement extérieur compliqué et difficile (...) ainsi que de nouveaux problèmes de développement économique intérieur".
Ce chiffre dépasse les attentes d'experts interrogés par l'AFP qui tablaient en moyenne sur une hausse de 4,5% sur un an de la croissance chinoise pour le troisième trimestre.
Mais c'est moins que les 4,7% de la période avril-juin, mais aussi la croissance la plus faible depuis début 2023, lorsque la Chine sortait à peine de sa politique sanitaire "zéro Covid", qui avait paralysé les déplacements, la consommation et donc étranglé l'activité économique.
Devant le ralentissement, les autorités font feu de tout bois: elles ont annoncé ces dernières semaines des salves de mesures pour stimuler l'activité économique, avec pour but d'atteindre l'objectif officiel "d'environ 5%" de hausse du PIB pour 2024.
Après une envolée en Bourse, alimentée par l'espoir d'un grand plan de relance, l'optimisme est quelque peu retombé devant des promesses et des politiques jugées pas assez fortes par les marchés.
Le gouvernement a assuré avoir "toute confiance" dans la réalisation de l'objectif de croissance annuelle. Mais nombre d'économistes estiment indispensables des aides financières plus directes pour relancer l'activité et restaurer la confiance des entreprises.
Prix qui chutent
Les autorités ont dévoilé ces dernières semaines plusieurs séries de mesures, dont des baisses de taux d'intérêt, notamment pour les prêts immobiliers existants, ou encore des assouplissements de restrictions sur l'achat de logements.
Dernier stimulus en date, les principales banques chinoises, dont Bank of China, l'Industrial and Commercial Bank of China, et l'Agricultural Bank of China, ont annoncé vendredi que "les taux d'intérêt des dépôts en yuans seront abaissés", d'après la télévision publique CCTV.
Mais observateurs, analystes et investisseurs semblent en attendre davantage, notamment sur la manière dont la Chine envisage de faire évoluer son économie vers un modèle davantage axé sur la consommation, capable de soutenir la croissance à long terme.
Principal écueil à la relance actuelle: la crise persistante dans l'immobilier.
Le secteur a longtemps été un des moteurs de la croissance chinoise, mais il est aujourd'hui en grande difficulté, avec des promoteurs endettés, des constructions inachevées et des prix qui chutent, même dans les grandes villes.
Jeudi, les autorités ont annoncé lors d'une conférence de presse qu'elles porteraient à plus de 500 milliards d'euros les crédits destinés aux chantiers immobiliers inachevés.
Elles ont également promis de faciliter la rénovation d'un million de logements, une mesure destinée à stimuler l'activité dans le BTP.
"Mesures bancales"
Mais comme lors des conférences de presse de ces dernières semaines, toutes très attendues, les annonces de jeudi ont souvent été jugées insuffisantes par les analystes.
"Ils essaient encore de parler pour ne rien dire, en insistant encore davantage sur la stabilisation du secteur immobilier", a indiqué dans une note Stephen Innes, de SPI Asset Management.
"Plus on avançait dans la conférence de presse, plus on voyait que les marchés n'étaient pas vraiment emballés" par les annonces, a-t-il souligné.
"Après, soyons honnêtes: le désordre qui règne en Chine dans le secteur immobilier ne peut pas se régler avec quelques discours et des mesures bancales", a ajouté M. Innes.
Stimuler la demande de logements est une des priorités des autorités afin d'assurer une reprise durable.
Plusieurs grandes villes chinoises comme Pékin, Shanghai (est), Chengdu (sud-ouest) ou encore Tianjin (nord) ont ainsi assoupli leurs restrictions en matière d'achat de biens immobiliers ces dernières semaines.
Dans un contexte d'insécurité de l'emploi en Chine, la faible consommation des ménages risque également de faire basculer à nouveau le géant asiatique dans la déflation.
L'indice des prix à la consommation (CPI), principale jauge de l'inflation, a augmenté de 0,4% en septembre sur un an, moins que prévu et signe de la faiblesse persistante de la demande.