Un gouvernement au complet, un budget en discussion à l’Assemblée : Michel Barnier est désormais bien installé aux commandes du pays.Personne ne pensait qu’Emmanuel Macron serait capable de nommer autre chose qu’un paillasson à Matignon, puis de le laisser former un gouvernement à sa main, puis dessiner un budget sans aucune intervention présidentielle, ni qu’il accepterait de s’abstenir d’intervenir chaque matin dans le débat public français. Pourtant, même si de nombreux journalistes et observateurs ne sont pas encore convaincus de la sincérité et de la durabilité de cette prise de hauteur présidentielle, les gages de « re-présidentialisation » donnés se multiplient.
Pas au point d’entamer une quelconque réconciliation avec des Français qui restent, pour beaucoup, fixés sur l’image de l’omniprésident des sept dernières années.
Mais dans trois ans ?À ce stade, tout indique qu’il paie encore la colère suscitée par la dissolution. Il se situe à la 44e place sur 50 dans le baromètre des personnalités politiques Ifop/Paris Match.
C’est son pire score depuis qu’il est président de la République. Mais serait-il possible que le fond de la piscine ait enfin été touché ?
Trop tôt pour le savoir. Et la vraie question qui se pose pour les trois prochaines années, c’est la capacité de l’opinion publique à croire en une réinvention présidentielle si celle-ci advenait. Après tout, François Hollande, l’homme qui n’a même pas pu se représenter en 2017, ne figure-t-il pas dans le top 5 des personnalités politiques préférées aujourd’hui ?
Un retournement de l’opinion ?On se souvient de la haine qui frappa Jacques Chirac après son passage à Matignon. Puis du retournement de l’opinion, accéléré par les trahisons venues de toutes parts pendant la campagne présidentielle de 1995. « Ça pique un peu ! », se plaignait-il régulièrement au fil des sketches des Guignols en désignant son dos où étaient plantés une hache et de multiples couteaux. Emmanuel Macron pourrait-il redevenir populaire à la faveur des ambitions dévorantes que certains de ses ex-proches étalent librement sur la place publique ? Les Français pourraient-ils, à la manière de ce que vécut Chirac, relativiser son arrogance d’hier par effet de contraste avec l’étalage indécent des ambitions présidentielles de ceux qui se pressent pour accélérer sa sortie ? L’avenir le dira.
Chloé Morin
