“J’ai toujours été emprisonnée dans cette dichotomie : suis-je une artiste underground de gauche ou suis-je censée être une popstar ?” C’est avec cette interrogation que débute la longue interview de Charli XCX au micro de Zane Lowe, sur Apple Music.
En quasiment une heure, elle revient sur tous les sujets gravitant autour de son dernier album, Brat, mais aussi sur son disque à venir, Brat and It’s Completely Different But Also Still Brat.
Charli XCX n’a pas attendu de sortir Brat pour être une artiste aguerrie et suivie. Depuis sa première mixtape, Heartbreaks and Earthquakes (2012), en passant par son premier album studio, True Romance (2013), sa consécration hyperpop, Vroom Vroom (2016), et tous les disques qui ont suivi, l’artiste britannique s’est construite une fan base solide. Dans l’interview, elle explique qu’au moment de dévoiler son dernier opus, elle ne s’attendait pas à toucher un public aussi large, au-delà des personnes qui la suivaient déjà.
Elle raconte au micro de Zane Lowe que, “quand beaucoup de nouvelles personnes ont commencé à réagir non seulement à [sa] musique, mais aussi au type de culture qui [l]’entourait en tant qu’artiste, [elle s’est] dit : ‘Oh wow, c’est génial parce que je n’ai pas vraiment sacrifié une partie de moi-même pour plaire à plus de gens.’” Brat, c’est Charli, et Charli, c’est Brat. Plus loin dans l’interview, et toujours au sujet de son sixième album, elle assure ressentir “tellement d’amour pour ce projet qu[‘elle] n'[a] pas l’impression d’avoir agi contre [sa] volonté”.
Brat est définitivement underground malgré sa popularité. Charli XCX précise qu’auparavant, ce disque n’aurait jamais plu aux labels et ne serait pas passé à la radio. Mais, “aujourd’hui, la niche est plus récompensée qu’elle ne l’a jamais été, déclare-t-elle, et ça, les labels commencent à le reconnaître” : “Je leur ai parlé avec tellement de confiance en moi, et avec un brin d’agressivité je suppose [rires], qu’ils ont compris et qu’ils m’ont laissée gérer seule.” Et ça a fonctionné.
Jusqu’à la pochette devenue iconique de son album, Charli a agi de son plein gré. Zane Lowe l’interroge : “Tu as revendiqué une couleur, ce vert, c’est ta couleur maintenant [rires] ! Le texte pixelisé, c’est toi ? Où étais-tu pour la création de cette pochette ?” La jeune femme répond avec une anecdote : “Je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais ce texte en guise de pochette, c’était pour économiser de l’argent [rires], car je ne pensais pas que Brat allait plaire à beaucoup de monde.” Autour d’elle, tout le monde réagissait face à la stupidité de cette idée. Il faut croire qu’elle avait vu juste.
Charli XCX vient de la culture club et de la rave, Brat est fait pour danser. Elle raconte que pour la nouvelle version de son disque, elle a pris beaucoup de plaisir à collaborer avec des artistes qui ne viennent pas de ce monde.
Mais ce n’est qu’en surface, précise-t-elle : “Julian Casablancas, par exemple, a cette histoire avec Daft Punk…” Zane Lowe la coupe : “… et les Strokes est un groupe qui fait danser !“ Elle ajoute : “Oui, exactement. C’est comme si tu parlais du centre-ville de New York, à l’époque les gens faisaient la fête de manière hardcore, et donc je pense que lui, plus que quiconque, sait comment capturer ce genre d’énergie dans un club et dans ses chansons.” On a hâte de voir et surtout d’écouter la suite même si Charli avoue elle-même que son futur disque sera toujours comparé au phénomène que Brat est puis a été.