Le sport adapté vient d’être mis à l’honneur pendant quinze jours, à Paris, pendant les Jeux paralympiques. L’occasion de faire progresser les mentalités en la matière. Même si du chemin reste à parcourir sur certains sujets.
En stand-by après avoir décroché un master en Histoire à Sciences Po Paris, Valentin Thiercelin, 24 ans, est un jeune homme au parcours hors du commun. Originaire d’Isle-et-Bardais, en pays de Tronçais, où il revient régulièrement voir ses parents, il a été diagnostiqué autiste de haut niveau (type Asperger). Il s’est révélé être un excellent joueur de basket, à la fois en compétition avec les valides et en sport adapté. Mais aujourd’hui, son rêve de porter le maillot de l’équipe de France de basket adapté se heurte à une barrière difficilement compréhensible pour lui : un QI trop élevé pour les critères internationaux.
Depuis son enfance, Valentin Thiercelin a dû faire face aux défis que pose l’autisme. « J’ai été diagnostiqué à l’âge de 3 ans, et très tôt, je savais que j’étais singulier. Mais ce n’est jamais cela qui m’a freiné », explique-t-il. Son intelligence hors norme (avec un QI supérieur à 130) et son amour du sport l’ont toujours aidé à surmonter les obstacles. Avant son master, il avait obtenu son bac avec une moyenne impressionnante de 19,2.
« C’est totalement injuste. Le QI n’a aucun rapport avec mes compétences sur le terrain »Et c’est à 15 ans que le Bourbonnais a découvert le basket, inspiré par son frère. Très rapidement, il a montré des qualités exceptionnelles sur le terrain. Il joue dans deux équipes : au Paris Jean-Bouin, en compétition avec les valides, et en championnat de France de basket adapté avec l’ASSA Bourges. Au sein de cette dernière, ses performances sont spectaculaires. Il marque plus de 20 points par match depuis 2022 et a aidé son équipe à décrocher plusieurs podiums.
« Le basket est devenu plus qu’une passion. C’est un moyen de m’exprimer et de montrer que, même avec un handicap, on peut exceller », confie Valentin Thiercelin. Mais malgré son succès sur les terrains français, son rêve ultime reste inatteignable : intégrer l’équipe de France de basket adapté.
Le jeune homme est confronté à une règle de Virtus, la Fédération internationale de sport adapté, qui l’empêche de rejoindre l’équipe nationale. En effet, selon leur règlement, seuls les joueurs ayant un QI inférieur à 75 sont éligibles pour les compétitions internationales de basket adapté. Valentin Thiercelin, avec son QI supérieur à 130, est donc exclu. « C’est totalement injuste. Le QI n’a aucun rapport avec mes compétences sur le terrain. Oui, je suis autiste, et oui, cela me handicape parfois dans ma manière de communiquer avec mes coéquipiers ou de comprendre certaines situations de jeu. Mais cela ne m’empêche pas d’être performant. Pourquoi cette barrière existe-t-elle ? », s’indigne-t-il.
Face à cette situation, Valentin Thiercelin a envoyé une lettre aux dirigeants de Virtus pour demander une dérogation. Jusqu’à présent, il n’a reçu aucune réponse, explique-t-il. « J’ai l’impression d’être ignoré. Pourtant, je ne demande qu’une chance de prouver ce dont je suis capable, » dit le garçon.
Une pétitionMalgré ce silence, il n’est pas seul. Une pétition a été lancée en ligne pour le soutenir et a déjà recueilli plus de 1 300 signatures . « Je veux simplement pouvoir représenter mon pays et montrer que les autistes peuvent exceller, même à haut niveau. Ce n’est pas une question de QI, c’est une question de passion et de talent », insiste-t-il.
Aujourd’hui, Valentin Thiercelin espère que son combat trouvera un écho auprès du ministère des Sports et de la Fédération française du sport adapté. « Si le système change pour moi, il changera pour tous ceux qui se trouvent dans la même situation. Il est temps que les règles évoluent. »
« Ce que je veux, c’est une chance de montrer que je suis capable. Je suis prêt à me battre pour ça », conclut le Bourbonnais, avec la même détermination qui l’a toujours animé sur le terrain. Son ambition et sa persévérance ne laissent aucun doute. Le jeune homme est déterminé à repousser les limites, qu’elles soient physiques ou bureaucratiques.
évolution
Réflexion. Le cas de Valentin Thiercelin soulève une question plus large sur les critères d’inclusion dans le sport adapté. « Depuis les Global Games 2023, une nouvelle catégorie a été ouverte pour les personnes diagnostiquées autistes mais pas déficientes intellectuelles. Mais elle ne comprend pas les sports collectifs. Pour l’instant. Je pense que ça a vocation à s’ouvrir », explique Marie-Paul Fernez, directrice technique nationale à la Fédération française du sport adapté. Avec son histoire et son talent, il pourrait bien devenir le symbole d’une évolution dans ce domaine. En attendant, une pétition pour soutenir sa demande est disponible en ligne, et beaucoup espèrent que les instances françaises prendront son parti.
