Vous avez vu le sondage made in USA dont la question était : « si vous êtes seule dans une forêt, vous préférez croiser un ours ou un homme ? ». La réponse est effroyable : 7 femmes sur 8 ont répondu « un ours » ! Dans le détail, on ne sait pas ce qui l’a emporté de la curiosité pour le fauve ou de la peur d’être confronté à un potentiel agresseur. Mais cela en dit long sur l’époque et ses traumas, réels ou fantasmés ; sur la crainte que s’inspirent les humains entre eux ; sur les communautés qui se créent des camps retranchés pour se dire à l’abri.
Une offre de non-mixitéÀ l’abri donc, des regards concupiscents, des mains baladeuses, des propos graveleux (encore que l’exclusivité de genre ne soit pas démontrée), il y a La Bringue ! C’est la vraie bonne idée qu’a eu Clarisse Luiz – impossible à joindre depuis la presse provinciale – qui a lancé le concept de soirées 100 % féminines en 2019. Sur TikTok, la (très) jeune femme raconte la genèse de l’histoire. « Je voulais aller au showcase d’un rappeur et j’ai lancé une bouteille à la mer sur Twitter (aujourd’hui X). J’ai dit “qui veut venir avec moi ?” et j’ai réussi à réunir 9 filles. On était que des meufs qui ne se connaissaient pas, c’était archi cool ».
Jusqu'à BruxellesTellement cool qu’avec l’aide des réseaux sociaux, l’idée s’est répandue comme une traînée de poudre. D’un premier set – relaté dans le Bondy Blog – organisé dans un bar LGBTQI + à Paris Châtelet en présence d’une cinquantaine de filles, on est passé, dès le deuxième, à près de 300 fêtardes. Et l’initiative a filé à travers la France, voire au-delà puisque La Bringue s’exporte désormais outre Quiévrain du côté de Bruxelles. C’est dire si cette offre de non-mixité est venue répondre à une demande, fut-elle inavouée.
Soirées à thème et « sans relou »Depuis, les soirées, toujours sous couvert de « bienveillance et de sororité » s’enchaînent à Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Nantes, Cannes, Montpellier, Toulouse…. Sur la page Facebook – et ouais, ça peut aussi intéresser les daronnes – de la Bringue, toutes les dates sont annoncées avec le mot d’ordre de rigueur : « se sentir au maxxxxx ; pas de dress code ; talons, baskets, baggy, minijupes » ; DJ set de folie pour te faire twerker, etc.Vous aurez compris que les Bringueuses sont là pour s’éclater, dans la tenue qui leur sied, fut-elle exubérante, en décalage total d’avec leur quotidien. Le tout, tranquille, en étant sûre d’être « safe » et « sans relou ».Pour l’organisation, la recette semble limpide : une relayeuse dans une ville (plutôt à potentiel), qui trouve un bar – les boîtes de nuit, au regard du manque à gagner (50 % de l’humanité quand même !) seraient plus réticentes – un(e) bon (ne) DJ et un(e) photographe pour immortaliser le moment.
Un bracelet jaune pour les meufs en soloPartout dans l’Hexagone, l’ambiance girls only se décline désormais thématique. Et La Bringue connaît même une saisonnalité. Après les Pool parties qui ont enivré l’été, c’est le moment des College party « avec nos meilleurs outfit de rentrée scolaire ». La Bringue sait aussi se faire féerie à la Barbie avec des Glitter Parties (soirée paillettes) et des White parties (on traduit pas, là, si ?)… Côté son, il semble que les boules des bringueuses s’animent particulièrement à « Shatta Land » mais comme tout ce qui est « fun », rien n’est exclusif.
Pour participer il faut : attendre qu’une soirée passe près de chez soi (guettez les réseaux) ; s’inscrire (c’est mieux) via les pages dédiées ; s’acquitter d’un droit d’entrée qui va de 12 à 20 € (en vrai, c’est 11, 99 et 19,99 € mais on va pas chipoter pour 1 centime) selon l’horaire d’arrivée prévu. Au cas où: demain, c’est à Grenoble.Enfin, que celles qui n’osent pas se jeter à l’eau en solo se rassurent : un bracelet jaune leur est remis à l’entrée afin qu’elles se fassent plein de copines si leur timidité les empêche d’ouvrir la bouche…
Sophie Leclanchésophie.leclanche@centrefrance.com