Plus d’une semaine après son arrivée à Matignon, Michel Barnier doit encore constituer son équipe gouvernementale. Celle-ci ne comportera pas d’élus écologistes, a confirmé Marine Tondelier, selon qui "quelqu’un qui se prétend de gauche et qui va au gouvernement Barnier n’est pas de gauche". Les Républicains pour leur part ont demandé au nouveau Premier ministre l’application "d’une politique de droite", avec "plus de sécurité" et "moins d’immigration".
Les infos à retenir
⇒ Le RN "donne une chance" à Michel Barnier, qu’il ne considère pas comme un "allié"
⇒ Il n’y aura pas d’écologistes dans le nouveau gouvernement
⇒ Stéphane Le Foll a décliné un poste de ministre
Une semaine après une première journée de mobilisation, des associations et organisations étudiantes, écologistes et féministes ont appelé ce vendredi à de nouveaux rassemblements le 21 septembre contre un "gouvernement Macron-Barnier".
Le chef de l’Etat a installé à Matignon Michel Barnier, "un Premier ministre de droite dure, anti-social, anti-migrants, au passé homophobe et qui ne pourra gouverner qu’avec l’accord permanent de Marine Le Pen", la présidente du Rassemblement national (extrême droite), écrivent l’Union étudiante, l’Union syndicale et lycéenne, le Planning familial ou encore Attac France. "Après le succès des manifestations unitaires du 7 septembre et en préparation de la mobilisation générale appelée par les syndicats le 1er octobre, il est urgent d’organiser la riposte populaire" face à ce "déni de démocratie", ajoutent les organisations, parmi lesquelles figurent également Greenpeace France et #Noustoutes, dans un texte commun.
???? Avec l'@USLSyndicat, @attac_fr, @greenpeacefr, @jeune_garde, @NousToutesOrg, @leplanning et de nombreuses organisations et associations nous appelons à la mobilisation contre le gouvernement Macron-Barnier.
— L’Union Étudiante (@unionetudiante_) September 13, 2024
Toustes dans la rue le 21/09 et le 01/10 avec l'intersyndicale !✊ pic.twitter.com/yzyhmxhFcE
Les huit syndicats représentatifs de la fonction publique ont demandé vendredi à Michel Barnier de suspendre la dernière réforme des retraites et de procéder "rapidement" à des augmentations salariales, dans un courrier commun au nouveau Premier ministre.
"Nous souhaitons que tous les agents publics voient rapidement progresser leurs rémunérations, notamment à travers l’augmentation de la valeur du point d’indice", le mécanisme qui sert à calculer le salaire de base des fonctionnaires, écrivent la CGT, FO, la CFDT, l’Unsa, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC et la FA-FP. Après plus de dix ans de gel, le gouvernement l’avait revalorisé de 3,5 % en 2022 et de 1,5 % en 2023. Des augmentations jugées insuffisantes par les syndicats, dans un contexte où l’inflation moyenne a oscillé autour de 5 % en 2022 et en 2023.
Le bureau de l’Assemblée nationale se prononcera mardi prochain sur la recevabilité de la procédure de destitution d’Emmanuel Macron engagée par LFI. Sur X, la présidente du groupe "insoumis" Mathilde Panot s’est adressée aux 12 membres du bureau : "Voter contre la recevabilité, c’est s’opposer au débat. La dignité du Parlement est en jeu", écrit-elle.
???? Alerte ! Ce mardi 17 septembre, le bureau de l’Assemblée nationale va examiner la recevabilité de la proposition pour engager la procédure de destitution de Macron.
— Mathilde Panot (@MathildePanot) September 13, 2024
Aux membres du bureau, nous disons : il est sain en démocratie de discuter du coup de force du Président. Voter…
Lui non plus n’ira pas au gouvernement. Sur RTL, l’ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a dit s’être vu proposer par Michel Barnier un poste de ministre, qu’il a refusé. "C’est un non ferme et définitif", indique le maire (PS) du Mans, qui prédit que le gouvernement à venir sera "de droite".
Le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a fait savoir ce vendredi matin que Michel Barnier n’avait pas encore reçu, ni contacté de représentant du RN dans le cadre de ses consultations. "On a le sentiment qu’il rencontre tous les gens qui ont perdu, mais à qui il propose de gouverner. C’est une conception assez originale de la démocratie parlementaire", s’est-il étonné sur franceinfo.
"Michel Barnier n’est pas un allié, c’est un adversaire politique, mais nous lui donnons une chance de nous montrer qu’il est capable de changer de logiciel. S’il ne le fait pas, nous serons au rendez-vous de la censure. Nous n’excluons rien", a-t-il aussi déclaré, évoquant de nouveau la ligne rouge que serait pour son parti une hausse des impôts. Et d’ajouter : "C’est pour ça que nous mettons le Premier ministre sous surveillance, voire sous une certaine forme de pression".
Le futur gouvernement de Michel Barnier ne contiendra pas d’élus écologistes, a fait savoir Marine Tondelier sur franceinfo ce vendredi matin. "Nous n’avons pas évoqué la participation des écologistes, cela n’a pas de sens", a déclaré la secrétaire nationale d’EELV, qui s’est entretenue mardi au téléphone avec le nouveau Premier ministre. "Quelqu’un qui se prétend de gauche et qui va au gouvernement Barnier n’est pas de gauche", a-t-elle ajouté, tout en indiquant qu’elle sera reçue à Matignon, avec Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard, chefs de groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat, à une date qui "n’est pas encore arrêtée".
Marine Tondelier a par ailleurs balayé l’appel au compromis lancé par le président jeudi soir : "Emmanuel Macron est l’antithèse du compromis", a-t-elle fustigé, rappelant que sur la réforme des retraites, le chef de l’Etat "est passé en force, il a brutalisé la vie politique".
???? ????"Ce qu'il a fait est indélébile" déclare @marinetondelier, secrétaire nationale d'EELV, remontée contre Emmanuel Macron depuis la nomination d'un Premier ministre LR. pic.twitter.com/MIx158BZPz
— franceinfo (@franceinfo) September 13, 2024
Sur ses terres, Emmanuel Macron a jugé qu’Edouard Philippe avait été "un Premier ministre formidable", mais n’a pas commenté la candidature à l’Elysée du maire du Havre, affirmant qu'"on ne va pas se mettre en mode pause jusqu’en 2027". "J’ai choisi Edouard Philippe il y a sept ans car j’ai confiance en lui. Il a été un Premier ministre formidable à mes côtés. Maintenant, moi, je suis surtout concentré sur ce qui se passe aujourd’hui et je veux que le pays réussisse", a expliqué le président de la République, assurant "voir loin" mais "essay (er) de faire les choses dans le bon ordre".
Depuis Le Havre où il participait à une visite commémorative aux côtés d’Edouard Philippe, Emmanuel Macron a évoqué jeudi une "ère nouvelle" avec un Parlement fragmenté, affirmant "espérer" que "les compromis se tisseront" entre les différentes forces politiques dans la constitution d’un gouvernement. "On a une ère nouvelle avec un Parlement qui représente la France dans sa diversité et qui va supposer des compromis. C’est au gouvernement de porter des projets, de faire passer des textes de loi, mais aussi d’administrer. Le président a ses compétences propres", a-t-il expliqué, déclarant aussi : "J’espère que les compromis se tisseront pour le pays parce que c’est ce dont on a besoin".
Il a en revanche refusé de s’exprimer sur sa relation avec Michel Barnier, issu des Républicains et qu’il a nommé à Matignon. "On travaille dans une intimité, une confiance, mais on ne livre pas les choses à tout le monde dehors. […] "Il travaille, il écoute, il concerte et il va bâtir", a-t-il assuré.
Laurent Wauquiez a demandé jeudi au nouveau Premier ministre l’application "d’une politique de droite", avec "plus de sécurité" et "moins d’immigration", lui promettant le "soutien très clair" de tous les parlementaires de son parti. "Les Français ne veulent pas que ça continue comme avant. Ils veulent qu’il y ait de la rupture et ils veulent qu’on redresse le pays. Et notre conviction, c’est que sur un certain nombre de domaines, on a besoin d’une politique de droite pour qu’il n’y ait pas de hausse d’impôts, pour qu’il y ait plus de sécurité, pour qu’il y ait moins d’immigration", a expliqué le chef des députés Les Républicains, après avoir reçu lors des journées parlementaires de la droite le nouveau locataire de Matignon.