Quelque 220 équipages engagés, plus de 8.000 km à parcourir à bord d’une 205 Peugeot, vingt pays à traverser en seulement vingt-deux jours... Voilà les chiffres clefs du neuvième Europ’Raid, un tour d’Europe à la fois culturel et solidaire, auxquelles ont participé trois femmes de l'Allier : Anne-Gaëlle Amizet, Nathalie Barthomeuf et Emma Staszowski.
Les "Bourbonn'Ailes"Les trois "Bourbonn’Ailes", du nom de leur association créée en avril 2023, sont rentrées chez elles, il y a quelques jours, avec des souvenirs plein la tête. Et elles se disent prêtes, sans hésiter, à retenter l’aventure si jamais l’occasion se présente.
"On était contentes de rentrer mais on n’était pas très loin d’avoir envie de repartir, commente, un sourire en coin, Anne-Gaëlle. Vivre dehors pendant trois semaines, c’est très dépaysant". Nathalie est, elle aussi, encore sur son petit nuage. "Je suis sortie un paquet de fois de ma zone de confort. Et c’est vrai que depuis mon retour, j’ai dû mal à redescendre".
C’est une bonne expérience qui m’a dégourdie. Je ne l’aurais pas fait toute seule
On peut facilement les comprendre. Du 2 août, point de départ au musée de l’Aventure à Sochaux, au 23 août, point d’arrivée à Compiègne, les trois filles ont vécu une aventure hors du commun. Qui, dans sa vie, a déjà traversé une vingtaine de pays d’Europe (*) en si peu de temps ?
Les Bourbonnaises sur la place de la vieille ville à Prague.
Pas de clim' dans la 205 !Si le périple est beau, c’est surtout qu’il s’est déroulé sans pépin majeur. Le 205 a tourné comme une horloge, les filles n’ont eu aucun problème de santé et le sentiment d’insécurité n’est resté qu’un leurre sauf en Albanie. "On a été prudentes, confie Anne-Gaëlle. On est arrivé un jour sur un lac où il n’y avait que des hommes, on n’est pas allées se baigner".
Pas de mauvaise surprise non plus avec l’argent liquide que l’équipage avait pris soin de planquer dans trois endroits différents de la 205. "On avait confiance les unes envers les autres, on se sentait fortes", confie Anne-Gaëlle. En fait, le seul moment délicat a été les deux heures et demie d’attente en plein cagnard sur le pont de l’Amitié, à la frontière entre la Roumanie et la Bulgarie. Car il n’y avait pas de clim’ dans la 205 !
Le lac de Piva au Monténegro.
Côté conduite, chacune s’est astreinte à deux heures de conduite par jour au maximum. "Je n’étais pas très fan des routes de montagne, avance Nathalie. "Même si, à la longue, on s’y fait. Emma, elle a tout essayé."
"Au départ, j’étais un peu stressée car j’avais du mal à faire confiance pour le volant", ajoute Anne-Gaëlle.
Les grands espaces plutôt que les grandes villesL’équipage bourbonnais a privilégié les grands espaces aux grandes villes prisées par certains équipages adeptes de bons gueuletons. "Berlin, c’était trop grand pour nous. On préférait les pique-niques", explique Nathalie.
Tous les soirs, après 500 km parcourus en moyenne, les 205 se retrouvaient à un bivouac entre 19 et 20 heures. L’occasion d’échanger. "S’il y avait pas mal d’étudiants, certains étaient plus vieux que nous", rigole Nathalie. "C’était bien de dormir sous une tente même s’il y a moins de confort", ajoute Emma.
La benjamine a bien apprécié les moments de partage avec les enfants, à Karlovo, en Bulgarie, là où elles ont livré les fournitures scolaires, et rencontré "les ours en liberté".
"La Suisse et l’Italie, c’était bien avec des paysages différents". Anne-Gaëlle est encore sous le charme du lac de Gelmer, en Suisse, et du lac Tjentiste en Bosnie-Herzégovine. Nathalie revoit le lac Capra, en Roumanie, les villes d’Europe de l’Est, Ljubljana, Cracovie, Prague… "C’était beau !"
(*) La France, la Suisse, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Grèce, la Macédoine, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne, la Tchéquie, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique.
Sur le pont suspendu de Shkopet en Albanie.
Un budget de 11.000 euros. Anne-Gaëlle, Nathalie et Emma n’ont pas eu à mettre la main à la poche pour financer leur aventure. "S’il avait fallu, on aurait rajouté", prévient Anne-Gaëlle. Le budget a été bouclé pour moitié grâce au soutien de vingt-cinq sponsors qui ont apporté 5.000 €. Pendant un an, les filles ont, de leur côté, mené de nombreuses actions pour collecter des fonds : brocante, marché de Noël, vente de saint-nectaire et de beaufort, soirée dansant accompagnée d’un jambon à la broche, vente de crêpes. Les différentes initiatives ont permis de rapporter plus de 5.000 €. "On a été beaucoup soutenues", se félicite Anne-Gaëlle.
Une voiture collector. Pour participer l’Europ’Raid, il faut impérativement se présenter avec une 205 Peugeot quarantenaire, "la sixième voiture française la plus vendue de l’histoire avec plus de cinq millions d’exemplaires à travers le monde", soulignent les organisateurs. Un tel véhicule ne se trouvant pas sous le sabot d’un cheval, Anne-Gaëlle a activité ses connaissances et fini par trouver la perle rare : une 205 de… 470.000 km à l’abandon depuis de nombreuses années. Deux mécanos se sont mis l’ouvrage pour retaper le véhicule avec succès. Pas un seul pépin à signaler pendant le trajet. Juste le voyant d’huile allumé sur le retour à… Lurcy-Lévis.
Fabrice Redon