Cette semaine, nous avons croisé Peceli Yato à qui nous avons eu envie de demander ce qu’il pensait de son nouveau partenaire Thomas Ceyte. La réponse du Fidjien a fusé comme un ballon sur une pelouse mouillée : « Ouah, il a du caractère?!, s’est marré le troisième ligne. Il me fait penser à Elvis (Vermeulen), à Seb Vahaa (Vahaamahina) et puis aussi à Julien Bonnaire. Des mecs qui parlent quoi… », a souri Yato en faisant un clin d’œil.
La recrue clermontoise en deuxième ligne semble avoir déjà pris une place importante dans le pack. Il y a quelques semaines, au cœur de la préparation de la saison, en évoquant le parcours atypique de Thomas Ceyte, Christophe Urios parlait d’un joueur « qui sort du ruisseau ».
Il n’y avait rien de péjoratif dans les propos du coach, juste une façon imagée de décrire un joueur qui évoluait encore en Fédérale à l’âge de 24 ans. Ardéchois pur jus, c’est à Aubenas que ce deuxième ligne gaillard a fait ses classes. Sans ambitionner de faire un jour du rugby son métier.
Aujourd’hui, à 33 ans, Thomas Ceyte mesure le chemin parcouru. « Samedi, pour ma première au Michelin, j’avais fait venir des potes d’Ardèche. On en parlait ensemble : il y a 10 ans, on m’aurait dit, tu joueras un jour en pro à l’ASM, je n’y aurais pas cru une seule seconde. À l’époque, je livrais des meubles, j’étais surveillant dans un collège. Je faisais un peu de tout, en jouant au rugby en Fédérale. J’ai même failli arrêter, ça se passait mal ».
« J’en profite au max »Le destin en a décidé autrement. De Béziers à Bayonne, en passant par Dax et Nevers, Thomas Ceyte a roulé sa bosse dans le rugby pro. Jusqu’à débarquer il y a deux mois à Clermont. « Je suis arrivé sur le tard dans ce monde-là. Aujourd’hui, je croque à fond parce qu’il ne me reste pas grand-chose. Je ne ferai pas encore 10 ans, donc j’en profite au max ».
Pour ses débuts au Michelin, on a pu observer la palette assez large du joueur qu’il est. Solide sur les bases de son poste, capable aussi de déchirer la défense paloise en deux, balle en mains. Une action que commente l’intéressé : « Ce qui est sûr, c’est que je n’avais pas les cannes pour aller au bout, se marre l’Ardéchois. J’ai eu un peu de chance sur cette action, je vois qu’en face, ils s’écartent un peu, je joue sur les appuis et ils ne communiquent pas trop non plus. Par contre, je m’en veux un peu, car il y avait Peceli (Yato) sur l’extérieur, je pouvais lui donner au dernier moment. Mais je ne l’ai pas vu ».
L’action a naturellement fait réagir le vestiaire après match. Ceyte a essuyé le chambrage de certains de ses nouveaux partenaires. Ce qui ne l’a nullement ébranlé. « J’ai pris quelques pièces (sic) en effet, sourit-il. J’en mets beaucoup moi aussi, faut savoir encaisser ».
Sur le terrain, l’ancien Bayonnais a laissé entrevoir cet aspect de sa personnalité. On l’a vu beaucoup parler… aux joueurs d’en face. « Oui, normal quoi, j’ai pris des nouvelles des vacances qu’ils ont passées… Il n’y a rien de méchant », ironise le nouveau deuxième ligne clermontois qui aborde la suite de la saison sans vraiment de pression. « Vous allez voir, je suis plutôt nature et détendu. On va aller jouer le Racing, sans parler de victoire ou de défaite, juste pour montrer un bon visage à l’extérieur ».
À 33 ans, Thomas Ceyte se dit prêt à reprendre le flambeau à un poste où l’ASM a perdu à l’intersaison Paul Jedrasiak et Tomas Lavanini. Un défi taillé sur mesure pour un joueur qui n’a peur de rien, ni de personne.