Le sujet est technique. Pour ne pas dire très technique. Depuis plusieurs mois maintenant, toutes les communes de France, sans exception, planchent sur leurs zones d’accélération de la production d’énergie renouvelables (ZAER). Traduction : il leur a été demandé d’identifier des zones qui pourraient potentiellement accueillir des systèmes pour produire des énergies renouvelables.
Identification ne veut pas dire projet"Mais attention, ce n’est pas parce qu’une zone est définie qu’il y aura forcément un projet. Le travail mené est juste une identification de terrain", prévient Bernard Lorton, président du Scot Livradois-Forez (Schéma de cohérence territoriale) et maire d’Aubusson-d’Auvergne.
Ce sujet, l’élu le connaît bien puisqu’au titre du Scot, il en a pris les rênes depuis un an pour l’ensemble du Livradois-Forez et donc de la Ville de Thiers. "Notre rôle est celui d’un facilitateur, éclaire Bernard Lorton. Régulièrement, nous sommes sollicités pour du photovoltaïque sur les zones agricoles. Et notre réponse était systématiquement par la négative. Et cela nous embêtait, confie-t-il. Alors nous avons entamé un travail d’identification de zones où il serait possible d’implanter un système d’énergie renouvelable. Là-dessus, la loi est sortie", se souvient-il. Cela faisait donc sens que le Scot accompagne les communes de son territoire dans ce travail d’identification.
Une étude menée dans la précipitationÀ Thiers, David Derossis, quatrième adjoint en charge de l’urbanisme, de la transition écologique et de l’environnement, regrette le manque d’accompagnement de la part de l’État sur ce dossier technique et important.
Les objectifs à atteindre sont démesurés,. Et nous n’avons aucun moyen financier ou d’ingénierie pour cela. De plus, il existe beaucoup d’énergies renouvelables qu’on n’a pas explorées. Nous avons réellement besoin d’être accompagnés sur cette question.
Le travail demandé, imposé, a été fait. Mais de manière "non satisfaisante" pour David Derossis. Pour illustrer sa frustration : l’enquête publique mise en place, se terminant aujourd’hui jeudi 5 septembre. Cette dernière aura duré un mois, en pleine période estivale. Pas l’idéal pour mobiliser les administrés. "Nous avons eu une dizaine de retours d’habitants, trouvant que la concertation était mal faite, et nous les comprenons, concède le quatrième adjoint. Les choses se sont faites dans la précipitation."
Des options inenvisageables pour la cité coutelièreD’autant plus que pour la cité coutelière, certaines énergies vertes sont à proscrire. "Nous sommes sur une zone d’entraînement militaire avec des couloirs aériens où il est impossible d’implanter des éoliennes mesurant entre 6 à 12 mètres", indique David Derossis. S’ajoute à cela le périmètre de sauvegarde en centre-ville où, systématiquement, l’architecte des bâtiments de France s’oppose à l’installation de panneaux photovoltaïques.
La Durolle en revanche, constitue une piste intéressante à explorer pour l’hydroélectricité.
Il y a quelques projets de microcentrales, mais il faut prendre le temps d’étudier toutes les pistes pour pouvoir faire des choix adaptés au territoire.
De plus, il a été décidé, pour le secteur du Livradois-Forez, Parc naturel régional, de prendre en compte la dimension paysagère.
Quelle est la prochaine étape maintenant?? L’État va pouvoir se saisir de toutes les données collectées par les collectivités. Mais qu’en fera-t-il précisément?? Il n’y a, pour l’instant, aucune réponse précise. Le texte de loi, lui, s’articule autour de quatre axes : planifier les énergies renouvelables, simplifier les procédures, mobiliser le foncier déjà artificialisé pour déployer les énergies renouvelables et mieux partager la valeur générée par ces énergies. La suite au prochain épisode.
Quelques éléments de contexte
Toutes les énergies renouvelables peuvent être installées selon les profils des zones identifiées. En matière de développement des énergies renouvelables, la France accuse un retard par rapport aux autres pays européens.
Pour tenter de le combler, en mars 2023 a été promulguée une nouvelle loi relative à l’accélération de la production de ces énergies.
"La loi veut faciliter l’installation d’énergies renouvelables pour permettre de rattraper le retard pris dans ce domaine. En 2020, la France était le seul pays à ne pas avoir atteint le chiffre fixé par l’Union européenne de 23 % de part de renouvelables, est-il possible de lire sur le site internet vie-publique.fr. L’objectif visé d’ici 2050 par le chef de l’État dans son discours de Belfort sur la politique énergétique est de multiplier par dix la production d’énergie solaire pour dépasser les 100 gigawatts (GW), de déployer 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW et de doubler la production d’éoliennes terrestres pour arriver à 40 GW."
Pour cela, toutes les communes de France ont été mises à contribution à travers les zones d’accélération de la production d’énergie renouvelables (ZAER).
Sarah Douvizy