Pas de fumée blanche à l’Elysée pour la nomination d’un nouveau Premier ministre. Les consultations d’Emmanuel Macron se poursuivent ce lundi 2 septembre. Le président recevra ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy, selon Franceinfo, qui l’a appris auprès de leur entourage respectif. Le chef de l’Etat rencontrera également Bernard Cazeneuve, a appris AFP des proches de l’ancien chef du gouvernement socialiste.
Alors que son nom circule avec insistance depuis plusieurs jours comme Premier ministre possible, "Bernard Cazeneuve n’est pas demandeur mais s’il le fait c’est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays", a-t-on ajouté.
Interrogé, l’Élysée n’a pas donné suite dans l’immédiat. Jusqu’ici, aucun contact récent n’a eu lieu entre Bernard Cazeneuve et le président ou son entourage proche. L’ancien ministre de l’Intérieur et Premier ministre de François Hollande "est un homme de gauche responsable qui tiendra compte de la situation politique mais aussi économique du pays", a-t-on ajouté dans son entourage. Cependant, "s’il considère que les conditions d’un fonctionnement institutionnel normal, régulier, transparent ne sont pas réunies, il dira non" à Emmanuel Macron, a-t-on ajouté.
Emmanuel Macron est à la recherche d’un Premier ministre qui puisse ne pas être l’objet d’une censure immédiate de la part des forces politiques à l’Assemblée nationale. C’est pour ce motif qu’il a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), alliance de gauche arrivée en tête des dernières législatives. S’il est de centre-gauche, l’ancien socialiste, qui a quitté le PS en 2022, a un profil moins clivant pour la macronie, la droite et l’extrême droite, notamment en raison de la forte opposition entre Bernard Cazeneuve et La France insoumise. Et il pourrait être soutenu par une partie des élus socialistes.
Pour le chef de file du Modem, François Bayrou, Bernard Cazeneuve remplit "deux conditions essentielles : quelqu’un d’expérimenté et qui a un crédit dans l’opinion". "La situation exige un dénouement assez rapide", a-t-il plaidé sur LCI. "Bernard Cazeneuve fait partie de la liste de profils qui me semblent être à même de rassembler au-delà de son camp, puisque personne ne détient la majorité à lui tout seul", a renchéri la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, invitée de "Questions politiques" sur France inter/France Télévisions/Le Monde. Et son arrivée à Matignon pourrait fracturer les socialistes. Elle a ainsi été qualifiée de "crédible et sérieuse", samedi, par la maire de Paris Anne Hidalgo.
"Bernard Cazeneuve n’est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays", a répondu ce dimanche Manuel Bompard sur BFMTV. "Le Nouveau Front populaire s’est construit en rupture avec la politique de François Hollande, dont Bernard Cazeneuve était le Premier ministre. Nous censurerons tout gouvernement autre que celui de Lucie Castets", a-t-il réaffirmé.
Côté écologiste, l’hostilité à l’ancien maire de Cherbourg vient de son soutien à l’énergie nucléaire, et au souvenir de la mort du militant Rémi Fraisse sur le barrage de Sirvens lors d’affrontements avec les forces de l’ordre en 2014. Cette rencontre lundi à l’Elysée éloigne de facto l’hypothèse d’un "Premier ministre de droite" pour laquelle plaide l’ancien président Nicolas Sarkozy. Mais les dirigeants des Républicains, qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027, refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.
Encore faut-il qu’Emmanuel Macron et Bernard Cazeneuve s’accordent sur les modalités de leur éventuelle "cohabitation". Selon son entourage, Bernard Cazeneuve cherchera à s’assurer que les "conditions d’un fonctionnement institutionnel normal, régulier, transparent" sont "réunies", n’excluant pas d’opposer un refus à une nomination à Matignon si ce n’est pas le cas. La réforme impopulaire sur la retraite à 64 ans fait partie des sujets délicats qui seront évoqués lors de cet entretien.