L'individu lui aurait promis un piercing à la langue, selon sa mère et les forces de police.
"Je ne veux pas que la nuit tombe, car nous ne savons pas ce qui arrive à ma fille", confie à l'AFP sa mère, Luisa Cuellar, 37 ans.
Le cas de Yesika s'inscrit parmi 2.213 autres disparitions signalées depuis le début de l'année à la police de Bogota, une ville de huit millions d'habitants.
65% de ces disparitions concernent des mineurs, d'après le commissaire adjoint Luis Alejandro Gonzalez.
L'année dernière, 3.474 personnes ont été portées disparues, et les chiffres "ne cessent d'augmenter", déplore le coordinateur de l'Unité d'enquête pour la recherche des personnes disparues de la police judiciaire.
Réseaux sociaux
Mme Cuellar tient dans ses mains des photos imprimées de sa fille, qui "jouait toujours avec des poupées", et peine à retenir les larmes lorsqu'elle aperçoit l'ours en peluche de l'adolescente.
"Je pense que cet homme l'a enlevée, car Yesika n'est pas le genre de fille qui sort, elle ne boit pas, elle n'a pas beaucoup d'amis", ajoute-t-elle.
L'utilisation prématurée des réseaux sociaux, qui facilitent la manipulation, semble être à l'origine du phénomène grandissant.
"Lorsqu'on nous signale la disparition d'une mineure, elle a presque toujours un petit ami (...) majeur", souligne le commissaire adjoint.
Les jeunes convaincus d'avoir trouvé l'amour de leur vie sont souvent exploités par des réseaux de trafic d'êtres humains, problème de taille dans la capitale colombienne, selon Diana Ramirez, experte de l'Institut national de médecine légale.
Face au nombre alarmant de disparitions, le Parlement a adopté en juin la "loi Sara Sofia", du nom d'une petite fille disparue en 2021.
Le texte implique la création d'une plateforme virtuelle pour le signalement des cas et la diffusion d'images des victimes.
Les Nations unies ont institué une Journée internationale des disparus le 30 août afin d'attirer l'attention sur la problématique.
Disparitions volontaires
Les causes des disparitions sont bien souvent interdépendantes : la maltraitance au sein du foyer peut conduire les jeunes à accepter n'importe quelle alternative, souligne M. Ramirez.
Bien qu'au moins 80% des personnes signalées disparues rentrent chez elles dans un délai de cinq jours, les 20% restants peuvent s'avérer difficiles à retrouver, d'autant plus que la plupart des disparitions sont volontaires, explique M. Gonzalez.
Les cas concernent fréquemment des mineurs issus de familles modestes, dans une ville où la pauvreté touche 24% de la population, selon la mairie.
"Des enfants sont tués, des filles sont violées, leurs corps sont jetés", déplore apeurée Mme Cuellar. "Ils me disent d'être patiente, mais ils ne sont pas à ma place", conclut-elle.