Des rayons toujours plus clairsemés, des livraisons au compte-gouttes et des clients qui, à certains moments de la journée, se comptent sur les doigts des deux mains… En cette fin d’été, le Géant Casino de Malemort, en Corrèze, poursuit sa lente descente aux enfers.
Toujours pas de repreneurAlors qu’un CSE (comité social et économique) extraordinaire est programmé les 5 et 6 septembre, à Saint-Étienne, pour conclure le processus d’information-consultation concernant le plan social du groupe, le désormais Hyper frais fait toujours partie de la vingtaine de magasins sans repreneur à ce jour. Pour rappel, en début d'année, il n'avait pas fait partie de la liste des plus de trois cents magasins rachetés par Auchan, Intermarché ou Carrefour.
« On travaille dans une grande salle de bal »Comme depuis des mois déjà, ses 69 salariés suivent impuissants le feuilleton de ce « drame social », désormais « résignés » sur le fait qu’ils n’échapperont pas à un licenciement, explique l’un d’entre eux, plus de trente ans de boutique au compteur. « On s’éteint petit à petit. C’est un calvaire », glisse ce quinquagénaire. « Avec huit ou dix gondoles en moins, on travaille dans une grande salle de bal », ajoute-t-il en référence au grand espace vide du bout de la première allée du magasin.
Plus de livraison d'alcool à partir du 13 septembreEt ça ne devrait pas s’arranger dans les prochaines semaines. À compter du 13 septembre, les salariés ont appris que l’hypermarché ne serait plus livré en alcool, « et on pense que ce sera terminé pour l’alimentaire, fin septembre ». Selon nos informations, le corner C & A du magasin aurait également fait une demande de liquidation.
On agonise. Voir son entreprise comme ça, c’est quelque chose que je ne souhaite à personne… Il y a aussi beaucoup de colère parce qu’on voyait qu’on allait dans le mur avec cette politique de prix totalement en décalage par rapport au marché.
Des « marques d'intérêt » qui restent sans réponseOfficiellement, Casino cherche toujours un repreneur. Les salariés ont eu connaissance de sept marques d’intérêt « dont cinq seraient toujours actives ». L’idée serait de scinder les 8.200 mètres carrés de l’hyper pour y installer trois nouvelles enseignes.
« C’est le groupe Casino qui ne vend pas, car on a des repreneurs potentiels sous le coude. De son côté, c’est : “pas de son, pas d’image” », résume Laurent Darthou, le maire de Malemort, surtout concentré sur le fait « qu’un maximum de salariés soient repris ».
« Le plus dur, c’est pour les collègues en caisse à qui on demande ce que va devenir le magasin et qui entendent, aussi, les rumeurs les plus folles », souffle ce salarié. Pour lui comme pour ses collègues, il ne fait plus guère de doute que le magasin sera fermé avant de renaître dans une éventuelle nouvelle configuration.
Pour les salariés, le sentiment d'un grand gâchisAprès le CSE des 5 et 6 septembre, le Dreets (la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) aura deux à trois semaines pour valider le PSE du groupe. Les salariés du Géant de Malemort tablent sur le fait que leur magasin reste ouvert encore quelques semaines au-delà, le temps d’écouler les derniers stocks.
Compte tenu de la moyenne d’âge des effectifs (entre 45 et 58 ans pour la plupart), l’inquiétude de l’après est prégnante chez tous, malgré l’indemnisation et les mesures d’accompagnement du plan social à venir. Avec, aussi, le sentiment partagé d’un grand gâchis. « On aura été le premier hyper à ouvrir en Corrèze et on sera aussi le premier à fermer… »
Michaël Nicolas