"Nous nous attendons à ce que le juge Alexandre de Moraes ordonne sous peu le blocage de X au Brésil, simplement parce que nous n'avons pas respecté ses ordres illégaux de censure de ses opposants politiques", a déclaré la plateforme dans un communiqué.
Ce nouvel épisode a commencé mercredi soir, quand le juge Alexandre de Moraes a menacé de suspendre X si son propriétaire Elon Musk ne nommait pas sous 24 heures un représentant légal de l'entreprise dans le pays.
Dans une injonction publiée sur ce réseau social, le juge Moraes, du Tribunal fédéral suprême (STF), a ordonné à M. Musk d'indiquer "dans les 24 heures le nom et la qualité du nouveau représentant légal de X" au Brésil sous peine de "suspension immédiate des activités du réseau social".
En réponse, le milliardaire a posté un message estimant que "ce +juge+ a violé à plusieurs reprises les lois qu'il a juré de faire respecter".
Il a également publié un montage photo avec un message sarcastique qualifiant le magistrat de "fils de Voldemort et d'un chevalier Sith", une allusion aux méchants des sagas Harry Potter et Star Wars.
Le juge a ouvert en avril une enquête sur Elon Musk en l'accusant d'avoir réactivé des comptes dont la suspension avait été ordonnée par la justice brésilienne. M. Musk, lui, l'accuse d'étouffer la liberté d'expression.
La compagnie de satellites Starlink, qui lui appartient également, a par ailleurs indiqué jeudi sur X que le juge Moraes avait "ordonné le gel de ses avoirs financiers" au Brésil, confirmant des informations de presse.
Selon cette entreprise, qui opère au Brésil pour fournir l'accès internet notamment en Amazonie, "cet ordre est basé sur le postulat infondé que Starlink devrait être responsable (du paiement) d'amendes infligées - anticonstitutionnellement - à X".
La société a dit vouloir traiter cette affaire "par la voie légale".
Le hashtag "Twitter morreu" (Twitter est mort") était un des plus utilisés au Brésil après la publication de l'injonction de la Cour suprême.
"Censure"
Le 17 août, Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux de X au Brésil, tout en laissant le service disponible pour les utilisateurs brésiliens.
Il avait alors accusé le juge Moraes d'avoir menacé d'arrestation son représentant légal au Brésil, ce que le réseau social considère être une forme de "censure" visant à bloquer certains contenus.
"Si nous avions accepté la censure secrète (illégale) d'Alexandre de Moraes et les demandes de transfert d'informations privées, nous n'aurions pu expliquer nos actions sans avoir honte", avait affirmé M. Musk.
Au nom du combat contre la désinformation, le juge a ordonné ces dernières années le blocage des comptes de figures influentes des mouvements ultra-conservateurs brésiliens.
Et ce en particulier depuis les tentatives de partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), admirateur d'Elon Musk, de discréditer le système de vote électronique lors de l'élection remportée par son rival de gauche Lula en 2022.
En avril, X avait admis que les utilisateurs de plusieurs comptes bloqués avaient réussi à contourner les restrictions.
Les comptes concernés appartiennent à des personnalités conservatrices comme le sénateur Marcos do Val, un ancien allié de M. Bolsonaro, selon la police fédérale.
Elon Musk fait également l'objet au Brésil d'une enquête judiciaire dans l'affaire des "milices numériques", soupçonnées d'avoir utilisé de l'argent public pour orchestrer des campagnes de désinformation en faveur de M. Bolsonaro et de ses proches.
Une éventuelle suspension de X ne serait pas une première au Brésil: la messagerie cryptée Telegram a été bloqué temporairement à deux reprises, en 2022 et 2023, pour avoir refusé d'appliquer des injonctions judiciaires.
Selon le site spécialisé DataReportal, X compte plus de 22 millions d'usagers au Brésil.
Parmi eux, le président Luiz Inacio Lula da Silva. Comme pour préparer ses "followers" à une suspension de X, il y a publié jeudi en fin de journée les coordonnées de ses comptes officiels sur les réseaux sociaux concurrents.