Elle mesure 90 mètres et est observable sous tous ses angles si l’on décide de se balader dans la vallée de Chaudefour. La Dent de la Rancune, près de Chambon-sur-Lac, est une icône du Sancy. Elle s’est formée il y a 330.000 ans, à la suite d’une érosion glaciaire. Lave ? Dyke ? Difficile de déterminer ce qui compose ce gros caillou situé à 1.490 mètres d’altitude.
Les touristes et locaux aiment profiter de cette dent, en face de la Crête de Coq et en contrebas des Cornes du diable. Les étrangers aussi, précise Laëtitia Goulem, garde animatrice et chargée d’accueil de la maison de la réserve de la vallée de Chaudefour. Quand elle n’est pas à l’accueil de la maison, c’est dans la vallée qu’elle aiguille les randonneurs, parmi lesquels on compte "beaucoup de Belges et de Néerlandais". Il faut compter une trentaine de minutes en montée pour apercevoir la dent, dégagée, puis quarante-cinq pour arriver à son pied.
La Crête de coq fait elle aussi sensation dans la Vallée. © Noa ThéveninUn mur d’escalade à ciel ouvertSur le parking, les cordistes se préparent mais sont peu nombreux en cette matinée nuageuse du mois d’août. Marc, originaire du Puy-de-Dôme, grimpe régulièrement la Dent de la Rancune, qui dispose de quatre voies. Avec sa femme Laurence, il revient sur ce mur, où il a "commencé l’escalade il y a quarante-cinq ans, et monté toutes les voies plusieurs fois depuis" explique-t-il. Habitant aujourd’hui à Grenoble, le couple de 60 ans regrette "le parking désormais payant, et le Buron de Chaudefour fermé".
Sur le chemin du retour, Hugo est lui aussi conquis. Le randonneur de 35 ans a pu voir la dent « sous tous ses angles, après avoir fait le tour de la vallée", raconte-t-il. Il s’interroge même : "C’est très imposant. On en vient à se demander s cela n’a pas été fait par l’homme, tellement la dent est carrée".Nadine, elle, s’apprête à partir randonner dans la vallée. L’habitante de Romagnat n’hésite pas à comparer la dent à "une cheminée". De son côté, la chargée d’accueil de la réserve, Laëtitia, ne se lasse pas de ce cadre de travail : "C’est assez fou de se dire que c’est juste un filon de lave dans une roche volcanique".Les familles sont nombreuses à randonner dans le Sancy. © Noa Thévenin
Une dent ultra-protégéeSi la dent impressionne les randonneurs, elle n’en reste pas moins très protégée. L’arrêté préfectoral de 1999 interdit ainsi d’emprunter le dangereux sentier qui mène à son pied, jusqu’aux crêtes. Les grimpeurs empruntent la portion autorisée. Et les passionnés d’escalade ne sont pas seuls à rôder autour de la dent, puisque les faucons crécerelles sont nombreux. La guide Laëtitia apprécie la "conciliation entre la faune, la flore et les grimpeurs, toujours très respectueux". La Corrézienne n’oublie pas de rappeler que "les chiens, vélos et bivouacs sont interdits dans la réserve naturelle.", et autour de la dent, qui ne cessera jamais d’intriguer…
Anna Pimpaud
Ces saisonniers qui font vivre le Sancy en été
