Privée de l'usage de ses jambes à 4 ans en raison de la polio, la petite fille a découvert l'haltérophilie à l'école primaire, s'entraînant avec son frère en échange de crèmes glacées.
"L'haltérophilie a beaucoup changé ma vie", a confié à l'AFP la jeune femme, rencontrée au Centre national d'entraînement de la ville indonésienne de Surakarta.
"Si je ne faisais pas d'haltérophilie, je n'ai aucune idée de ce que je ferais", a-t-elle ajouté.
Riche du plus beau palmarès de para-haltérophilie d'Indonésie, elle a remporté le bronze à Rio 2016 et l'argent à Tokyo en 2021.
Après de multiples médailles continentales, la jeune Balinaise tentera de remporter l'or, le seul métal olympique qui lui échappe encore, dans la catégorie des 41 kg aux Jeux de Paris qui débutent pour elle le 4 septembre.
"C'est un objectif personnel. Paris n'est pas facile pour moi (à cause de sa blessure à l'épaule, ndlr), mais je vais faire de mon mieux pour l'Indonésie, pour ma famille", a-t-elle confié.
Les femmes en force
Présente depuis 1976 aux Jeux paralympiques, l'Indonésie y a remporté à ce jour 27 médailles, dont six titres.
Alors que les hommes dominent le palmarès, Ni Nengah Widiasih portera encore à Paris les espoirs de sa discipline et de son pays, elle qui fut la seule médaillée indonésienne en 2016 à Rio.
Car si 28 athlètes indonésiens se sont qualifiés pour Paris, dans huit disciplines, chiffre record, aucun homme n'a décroché son ticket pour la para-haltérophilie.
L'athlète s'entraîne donc avec deux autres femmes, Siti Mahmudah (79 kg) et Sriyanti (+86 kg), qui comme beaucoup d'Indonésiens ne porte qu'un seul nom.
Mahmudah, qui a perdu sa jambe gauche suite à une amputation, participera à ses deuxièmes Jeux paralympiques.
Sriyanti, également victime de la polio lorsqu'elle était enfant, est passée du statut de vendeuse de nouilles au poulet à celui d'athlète paralympique et médaillée d'argent aux Jeux asiatiques de 2022.
L'exploit des ces femmes indonésiennes est d'autant plus impressionnant en raison des défis auxquels des hommes ne seraient jamais confrontés, souligne Widiasih, qui se rappelle un récent jour de compétition où son cycle menstruel a commencé.
"Dieu merci, j'ai pu gérer ça. C'était assez perturbant. Les athlètes masculins ne connaîtront pas cette situation", a-t-elle souligné.
"Rien n'est impossible"
"Nous les poussons à viser au moins le bronze", explique leur coach Eko Supriyanto, qui se dit "plus que surpris" par la force de ce trio féminin.
Mais après l'argent remporté à Tokyo par la championne (qui avait soulevé 98 kg), il se veut cette fois prudent en raison de sa blessure à l'épaule.
"L'important, c'est que nous avons fait de notre mieux, que nous avons travaillé dur et que nous soyons disciplinés", ajoute-t-il, espérant qu'un jour un concurrent indonésien puisse aussi se qualifier.
Mais pour le moment, l'espoir de Widiasih, la meilleure para-haltérophile indonésienne, est que ses médailles poussent davantage de femmes à soulever de la fonte.
"J'espère que beaucoup de femmes seront inspirées par nous", confie-t-elle. "Quelle que soit notre condition, tant que nous donnons le maximum, que nous avons confiance en nous-mêmes, rien ne nous est impossible".