Lors de son assemblée régionale, en juin, à Lyon, le Medef avait pris position pour un grand pôle central autour d’Emmanuel Macron, mettant dans le même panier le Rassemblement national (RN) et le Nouveau front populaire (NFP), en raison de la présence dans ce dernier des Insoumis. Plus de deux mois plus tard, la principale organisation patronale se dit toujours dans l’incertitude.« La dissolution avait laissé craindre un grand saut dans l’inconnu », se remémore Jean-Luc Raunicher, le président régional du Medef. « Mais aujourd’hui personne ne croit que le programme du NFP sera appliqué, notamment le Smic à 1.600 euros, cela rassure donc les chefs d’entreprise. D’ailleurs, au lendemain du deuxième tour, la bourse a plutôt regrimpé, alors qu’elle avait baissé après le premier tour. »
La confiance n’est pas trop entamée, mais les patrons aimeraient en savoir plus. La constitution d’un gouvernement, attendue ces jours-ci, leur apportera une réponse. Car les ministres attendus cette semaine à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), à Longchamp, sont démissionnaires… Le Medef attend des réponses claires et rapides, afin de contrer « une forme d’attentisme, un ralentissement constaté des investissements et des recrutements », indique Jean-Luc Raunicher.
Il se félicite que la France soit en croissance malgré tout. Mais il attire l’attention sur le bâtiment, en pleine crise. « Le secteur est sinistré, et le problème touche toute la filière : gros œuvre, promotion immobilière, agences immobilières, mais aussi fabricants industriels. »
« Ce qu’on attend du nouveau gouvernement, c’est de la visibilité et de la clarté », insiste un représentant du bâtiment dans le Puy-de-Dôme. En juillet, la présidente départementale de la FFB, Patricia Delépine, avait reçu les candidats qualifiés pour le second tour des législatives pour évoquer le sujet du bâtiment. Deux mois après, la profession n’a pas eu de réponse sérieuse.Dans le secteur des travaux publics, comme toujours c’est plutôt à l’échelle des collectivités qu’on est vigilant. « L’activité est portée par des projets dans des grandes agglomérations, mais elle est moins soutenue dans les zones plus rurales », indique Charles Robinet, délégué Auvergne de la fédération régionale. Il espère que les élections municipales (dans moins de deux ans) vont permettre de maintenir l’activité en ville comme à la campagne.
Laurent Bernard