Loin de moi l’idée d’offenser François Hollande, que j’avais beaucoup apprécié aussi bien lors de l’entretien qu’il avait bien voulu m’accorder dans « Bilger les soumet à la question » que dans sa périphérie aimable et spirituelle. Toutefois je ne voudrais pas qu’on s’interrogeât sur lui en doutant non seulement de son rôle présidentiel – avec le constat amer tiré par lui seul qu’il ne pouvait pas se représenter – mais de l’importance de sa nouvelle fonction de député au sein du groupe socialiste. Celui-ci, inséré dans le Nouveau Front populaire (NFP), se montre alternativement dans la soumission à Jean-Luc Mélenchon puis dans sa détestation. J’avoue qu’au cours des péripéties de ces dernières semaines concernant le président de la République, ses rapports avec le NFP, les tensions entre LFI et les socialistes, toutes les éventualités pour la désignation d’un nouveau Premier ministre et, plus globalement, le rôle d’Emmanuel Macron lui-même, j’aurais aimé l’entendre. Il n’a pas dit un mot et son étrange discrétion peut s’expliquer de plusieurs manières.
– Laisser passer un peu de temps après son élection comme député et sa validation d’une alliance où LFI semblait occuper la part du lion. Alors que beaucoup espéraient de sa part, et pas seulement à gauche, une parole forte et exemplaire en raison de ses prises de position nettes à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon.
– Faire preuve de modestie et presque d’effacement de peur de se voir reprocher au contraire une omniprésence, presque une arrogance qu’on aurait imputées à l’exercice de son mandat présidentiel même défaillant.
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– Ne pas risquer de faire surgir publiquement une voix discordante au sein du groupe socialiste, ce qui n’aurait pas manqué d’aggraver les relations notoirement mauvaises qu’il a avec Olivier Faure.
Je ne crois pas qu’avec sa personnalité aux antipodes de celle que des médiocres sans discernement se plaisent à tourner en dérision, il ait eu pour ambition seulement la fonction de député, même si son bonheur conjugal l’a peut-être rendu moins réactif à l’égard de ce qu’une existence partisane exige. La gloire, alors, non pas le deuil éclatant du bonheur selon la formule magnifique de Madame de Staël mais son contraire : le bonheur comme un adoucissement consenti et bienfaisant des combats partisans.
Il n’est pas impossible pourtant, quand le paysage politique se sera décanté, que François Hollande réapparaisse dans sa subtilité, son intelligence, sa passion des compromis et d’une modération qu’il voudrait toujours vigoureuse. Député pour rien, après avoir eu le courage de revenir d’une humiliation qui aurait pu être irréversible, ce n’était vraiment pas l’hypothèse la plus plausible ! Je ne l’imagine pas se priver, à sa manière, avec une douceur acide, de tout ce qu’il pourra accomplir à titre personnel pour se venger d’Emmanuel Macron qui n’a cessé, avant de devenir président, de lui mentir et de le faire tomber dans une naïveté voire un aveuglement qui n’étaient pourtant pas son genre. Je constate, en écrivant ce billet, que Michel Richard, que j’apprécie, a traité dans Le Point le même sujet : l’apparente passivité de François Hollande. L’ancien président mérite bien de susciter ce double intérêt. À quoi sert-il ? Ayons de la patience.
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