"Tu peux être champion d'Europe ou du monde six fois, tu es inconnu aux yeux des gens. Par contre, en étant champion à Tokyo, tu commences à être reconnu. Le seul grand championnat qui peut te faire sortir de l'ombre, ce sont les Jeux paralympiques", disait le Normand, titré en 2021 et aux six titres mondiaux, en juillet dernier, à l'occasion d'un point presse de l'équipe de France.
Le 1er septembre, lors de l'épreuve qui donnera son départ du Pont Alexandre III et se terminera devant le cadre magnifique des Invalides, Alexis Hanquinquant pourrait être définitivement dans la lumière, à domicile. Et difficile d'imaginer un autre favori pour aller décrocher le titre dans la catégorie PTS4, lui qui est invaincu depuis 2019.
Après un grave accident de travail sur un chantier en 2010, Alexis Hanquinquant demande à être amputé trois ans plus tard de sa jambe droite, devenue un fardeau, et se lance par la suite dans le triathlon, avec une multitude de titres à la clé et le rêve, devenu réalité, d'une médaille d'or à Tokyo.
Le grand brun, ancien champion de France de boxe full contact chez les valides n'a visiblement peur de rien. Ni de l'état de la Seine, un "faux problème" à ses yeux car le fleuve "n'est pas plus sale qu'ailleurs", ni de la concurrence qui aimerait bien briser sa domination.
"J'ai beaucoup de respect pour mes adversaires mais si je dois être au niveau où je suis, il n'y a pas de raison que cela ne se passe pas bien", dit-il, lui qui est assurément la tête de gondole d'une équipe de France ambitieuse, comme lors des Jeux olympiques, avec deux médailles en triathlon dont le titre individuel de Cassandre Beaugrand.
Porte-drapeau
Car Alexis Hanquinquant est "un athlète qui se connaît. J'ai déjà par le passé testé des choses, et je l'ai prouvé depuis Tokyo, ma marge de progression est toujours un peu en évolution même si c'est beaucoup plus difficile d'aller toujours plus vite et toujours plus fort", poursuit-il.
Il y a un an déjà, il avait dominé le test event de para-triathlon, un "premier test avec beaucoup de monde à Paris. Quelque chose de très cool, mais à un échelon bien inférieur à ce qui nous attend cet été", se souvient-il.
"La ferveur sera un plus mais attention quand même" à ne pas sortir de sa bulle.
L'épreuve en 2023 avait été transformée en duathlon à cause de la qualité de l'eau, même s'il avait quand même pu effectuer une reconnaissance dans la Seine. Et il y a d'ailleurs nagé à nouveau, au côté de la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera, pour une baignade symbolique avant les JO.
Le sportif qui nage "cinq à six fois par semaine, 35 bornes minimum", s'oppose d'ailleurs à l'idée d'un duathlon en tant que Plan B.
Ce ne serait pas "le même sport: dites à un basketteur qu'il va faire un match avec un ballon de hand", avait-il regretté. Cette option constitue un dernier recours, qui ne devrait pas être activé si le fleuve reste dans un état compatible avec la baignade.
En attendant, Alexis Hanquinquant va d'abord endosser le rôle de porte-drapeau, au côté de la para-athlète Nantenin Keita pour la cérémonie d'ouverture mercredi, un mois après avoir été l'un des derniers porteurs de la flamme olympique le 26 juillet.
Un rôle qui lui "tient à coeur" avait-il déclaré avant sa nomination, lui qui estime "qu'on est à un virage stratégique de cette inclusion, de cette acceptation, du changement de cette société. Si on ne l'enclenche pas à Paris-2024, on va louper le coche et ça repartira aux oubliettes".
Alexis Hanquinquant en est persuadé: "je ne peux pas concevoir qu'il n'y ait pas des gens qui vont tomber amoureux de notre discipline et prendre un coup de pied de prothèse dans les fesses", pendant les Jeux paralympiques.