Il y a des héros discrets que l’actualité permet de remettre en lumière. C’est le cas de Jean-Philippe Robin. Alors que les Jeux Paralympiques de Paris débutent demain, le 28 août, le natif d’Issoire qui a passé son enfance à La Combelle, a su se faire une place unique dans le monde du tennis de table.
Armé d’une volonté féroce et d’une conviction à toute épreuve, le pongiste a remporté 29 médailles internationales, dont sept aux Jeux Paralympiques (trois en or, deux en argent et deux en bronze). Un palmarès qui lui a valu de devenir membre du Hall of Fame (*) de la Fédération internationale de tennis de table.Il a récolté une trentaine de médailles mondiales.
Mais avant de collectionner les succès raquette à la main, Jean-Philippe Robin, fils d’un ingénieur technique au sein des mines locales, a passé une enfance "à jouer au football avec ses copains sur une petite place de La Combelle", se souvient Mireille Garrido, sa "grande sœur de cœur". "Ma mère gardait souvent Jean-Phi avec mes nièces. Mon mari a même été son instituteur."
Un accident de voiture à 22 ansDes parties de tennis de table avec son père, excellent pratiquant, rythmeront l’enfance de Jean-Philippe. Avant qu’il ne quitte le bassin minier auvergnat en décembre 1978, à la suite de la fermeture des mines. "La famille est partie vivre à Semussac (Charente-Maritime). Mais nous avons toujours gardé des relations", assure Mireille Garrido.
À l’âge de 22 ans, le Puydômois de naissance connaît un accident de voiture qui chamboulera à jamais sa vie. Devenu paraplégique, Jean-Philippe Robin trouve alors dans le tennis de table un sport pouvant l’aider à se dépasser. "C’était un battant", insiste Mireille Garrido.Il aimait partager sa passion.
Courageux, déterminé, il voulait montrer que le sport pouvait aider à se reconstruire. Il prend alors une licence avant de faire une entrée fracassante dans le monde du ping-pong avec un titre de champion de France en classe 3 en 1996.
Fauteuil roulant datant d’une autre époqueSa carrière est lancée. Et le sportif collectionne les médailles d’or en simple et en équipe lors de championnats d’Europe ou du monde. Et tout cela malgré un fauteuil roulant datant d’une autre époque.
Il avait fabriqué lui-même son assise avec du bois et du tissu. Il aimait le bricoler, ce fauteuil
Arrive l’année 2000 et les Jeux Paralympiques de Sydney. Un rendez-vous qu’il n’aurait loupé pour rien au monde. Et l’Auvergnat fait même coup double en remportant le titre en simple et en équipe. Deux médailles d’or qui seront suivies, quelques mois plus tard, de la remise de la Légion d’honneur par le président de la République de l’époque, Jacques Chirac (avant d’obtenir l’ordre national du Mérite en 2004).
Il n'aimait pas l'argent et le bronzeQuatre ans plus tard, il doit se contenter de l’argent aux Jeux d’Athènes en individuel et du bronze par équipe. Deux couleurs qu’il n’affectionnait guère. "L’argent et le bronze, il n’aimait pas cela. Il a même donné ces médailles, car il ne voulait plus les voir", précise Mireille Garrido.Une dernière médaille de bronze pour terminer sa carrière.
Plus déterminé que jamais, en 2008, il s’en va décrocher une breloque en argent en simple avant de remporter l’or par équipe à Pékin, pays roi du ping-pong.
Il a milité pour l’égalité des primesHomme engagé, Jean-Philippe Robin s’est battu pour que les sportifs handisports obtiennent les mêmes primes que les sportifs valides. Combat gagné, car depuis 2008, valides et paralympiques reçoivent le même montant. Il se félicitera dans un courrier adressé au ministre des sports, Jean-François Lamour, en 2006 :
Un grand succès pour toutes les personnes qui ont agi en faveur de l’égalité des athlètes
Surnommé le "monstre du ping", Jean-Philippe Robin a connu des problèmes cardiaques lors de sa fin de carrière. En se rendant aux Jeux de Londres, en 2012, il savait qu’il participait à sa dernière compétition. Pourtant, même affaibli, il réussit à décrocher le bronze en équipe. "Après les Jeux, il a fait de nombreux séjours à l’hôpital", se souvient Mireille Garrido.
Son problème cardiaque l’emportera le 28 avril 2015. L’Auvergnat laissera une trace indélébile dans le monde du tennis de table. Par son palmarès, mais aussi par son engagement en faveur de l’égalité entre sportifs. Un homme de convictions auquel "sa grande sœur de cœur" aimerait qu’on rende un hommage digne de ce nom. "Une aile de l’hôpital de Barbezieux-Saint-Hilaire, où il est décédé, porte son nom. J’aimerais bien qu’aujourd'hui, une place de La Combelle soit renommée Jean-Philippe Robin."
Jean-Baptiste Botella
(*) Traduire par Temple de la discipline où les meilleurs sportifs d’une discipline sont honorés.