La participation de l'ambassadeur, auprès de l'Union africaine, de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) autoproclamée, à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) 2024, qui s’est tenue les 24 et 25 août dans la capitale japonaise, a provoqué une violente altercation entre les délégués de l’Algérie et du Maroc.
Les deux représentants en sont venus aux mains pendant une réunion préparatoire, en raison de la présence de ce délégué de la République sahraouie autoproclamée, dirigée par le Front Polisario sur le territoire disputé du Sahara occidental, et qui est à l’origine d’une crise diplomatique entre Alger et Rabat qui dure depuis des décennies.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on peut apercevoir le délégué marocain se jeter sur la table du délégué de la RASD, afin de tenter d'arracher le chevalet portant la mention «République sahraouie». Le diplomate algérien s'est alors précipité sur son homologue marocain, avant de le ceinturer et de le plaquer violemment au sol.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré par les Nations unies comme un «territoire non autonome» en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit armé y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie voisine.
Rabat, qui considère le Front Polisario comme un «mouvement séparatiste sans existence légale», prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que l’Algérie et le Polisario réclament un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le feu, mais jamais concrétisé.
La République sahraouie est reconnue par l'Union africaine, dont elle est membre depuis 1982. Ce qui explique la présence de son délégué durant les conférences de la TICAD, un sommet Japon-Afrique qui se tient régulièrement, soit au Japon soit dans un pays africain.
En 2022, une crise diplomatique avait éclaté entre le Maroc et la Tunisie après l’accueil par le président tunisien, Kaïs Saïed, du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, qui a participé à l’édition de la TICAD tenue cette année-là dans la capitale tunisienne les 27 et 28 août.
Le Maroc avait alors décidé de rappeler son ambassadeur en Tunisie, et d’annuler sa participation au 8e sommet de la TICAD, après l’invitation par Tunis, du chef du Front Polisario. La diplomatie marocaine avait estimé que «l’accueil réservé par le chef de l’Etat tunisien au chef de la milice séparatiste » était un acte «grave» et «inédit».
De son côté, Tunis avait assuré avoir «maintenu sa totale neutralité sur la question du Sahara dans le respect de la légitimité internationale», prônant une «solution pacifique et acceptable par tous». «La Tunisie respecte les résolutions des Nations Unies et celle de l'Union africaine», avait insisté le ministère tunisien des Affaires étrangères dans un communiqué.