Saint-Pardoux-Corbier. Petit bourg de la campagne corrézienne, quelque part entre Pompadour et Lubersac, entre champs de pommiers et vastes prairies où paissent en paix les troupeaux de vaches limousines.
Et c’est là, face à l’église du village, que l’on va faire une rencontre pour le moins inattendue. Devant nous se dresse la terrasse d’un restaurant gastronomique. Son nom ? L’Inattendu.
On entre. Autre surprise, l’ambiance et la décoration. En dépit de son implantation rurale, la salle ne tombe pas dans les travers d’une décoration trop rustique et d’une nostalgie trop… attendue.
Non, aux murs, les pierres apparentes joliment brossées offrent un écrin élégant aux chaises au design épuré, aux couleurs chaudes et au velours soyeux, et à une dizaine de tables aux plateaux de chêne brut. Les luminaires d’inspiration contemporaine participent à la belle atmosphère cosy et conviviale.
Un couple aux manettesC’est en 2020 que la mairie de Saint-Pardoux-Corbier était partie en quête de restaurateurs susceptibles de s’installer dans ce local municipal. Les candidatures furent nombreuses. Au final, c’est Julien Bouyssou et Marion Cardey qui seront les heureux élus.
Aveyronnais, Julien possède un beau pedigree. L’ancien élève du lycée hôtelier de Souillac s’est forgé une riche expérience à travers de nombreuses saisons sur la Côte d’Azur, dans les Alpes, mais également à l’étranger. Elle, c’est à Chamalières (Puy-de-Dôme) qu’elle décrocha son BTS hôtellerie et, outre ses diverses expériences en qualité de serveuse et de maître d’hôtel, Marion a également officié comme pâtissière.
Voilà donc notre jeune couple qui prend possession des lieux entre les deux confinements, avec humilité et enthousiasme mais aussi pétri de convictions. « Pas question de proposer une offre de snacking ou de steak-frites. Les deux piliers de notre projet sont de travailler avec un maximum de produits locaux et de proposer une cuisine simple et raffinée qui comblerait les palais les plus curieux à travers des plats qui jouent de l’originalité et de la gourmandise », expliquent Marion et Julien, persuadés que la clientèle actuelle attend autre chose dans les assiettes que du vu et du revu.
D’ailleurs, Julien n’aime rien tant que solliciter sa créativité pour convoquer l’originalité et pour mieux surprendre le client à travers des associations déroutantes et ambitieuses en cuisinant par exemple canard et melon. Voire en proposant une tomate mozzarella en guise de… dessert !
De l’inattendu dans les assiettesVisiblement, ici, l’inattendu s’invite aussi dans les assiettes ! Après qu’une crevette chaude et son spianata (sorte de chorizo italien) et qu’un gaspacho de saison ont ouvert les débats en fraîcheur, place aux choses sérieuses. L’entrée arrive : ceviche de saumon avec ses pickles de légumes et son étonnant sorbet à la roquette. Rien à redire sur ce plat joliment dressé et réalisé avec justesse et précision. Mention spéciale pour ce sorbet à la roquette qui illustre avec brio une volonté de bousculer les codes et les conventions (lire ci-dessous).
Le plat suivant permettra sans doute aux derniers irréductibles qui pensent que le porc n’aurait pas sa place sur une table gastronomique de changer d’avis. Qu’ils goûtent cette poitrine à la fois délicatement croûtée et croustillante, et incroyablement tendre et moelleuse à cœur. Elle a cuit pendant… quatorze heures ! Réalisée à base de jus de cuisson, d’ail, de sauce soja et de cédrat, la sauce sublime l’ensemble et fait le lien avec une vierge de légumes, courgettes, haricots gourmands et pousses de petits pois. Un plat parfaitement maîtrisé qui incarne la volonté de Julien de proposer une cuisine de saison réalisée avec des produits du terroir.
Circuits courts à l’honneurC’est avec la même volonté que Marion construit son chariot d’une trentaine de fromages. Aux grands classiques de la tradition fromagère, la jeune femme tient à proposer des productions corréziennes, de chèvre et de vache, que les amateurs auront à cœur de découvrir avec le pain de compétition de la boulangerie de Saint-Pardoux-Corbier.
Pour le dessert, Julien joue également la carte locale : abricots rôtis au thym, accompagnés d’une béarnaise sucrée, d’un crumble, d’un sorbet abricot thym et de fruits rouges.
Car L’Inattendu ne fait pas dans le bâclé et le vite envoyé : au contraire, rien ici ne relève de l’à-peu-près. Et surtout pas cette superbe assiette de dessert. Même exigence en matière de vin et de café.
Outre une belle carte des vins de soixante-dix références, L’Inattendu propose des vins au verre. Y compris de grands crus grâce à un concept de conservation innovant baptisé D-Vine.
Bref, à défaut de jouer la carte de l’imprévu et de la surprise, vous pouvez désormais inscrire l’Inattendu sur vos tablettes et vous laisser séduire par le talent et le savoir-faire de Julien et Marion.