Un décor de carte postale. À droite, le puy de Dôme. À gauche, la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption. Nous sommes au Clos des Amoureux, à Chanturgue, sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. Là où se reposent 6.500 m² de vignes, et d’où sortent, chaque année, des bouteilles de pinot noir et de gamay. Directement "installé aux portes du consommateur", souligne Gilles Vidal, président du syndicat AOC côtes-d’auvergne. Une belle vitrine pour une appellation qui s’est taillé une bonne réputation.
Le poids de l'AOC côtes-d'auvergne. L’appellation côtes-d’auvergne est apparue officiellement en 1951. Ce n’est qu’en 2010 que l’appellation d’origine contrôlée (AOC) a été obtenue, pour l’ensemble du vignoble et pour les cinq crus du territoire : madargue, châteaugay, chanturgue, corent et boudes. Une distinction qui permet de valoriser le vignoble et son terroir volcanique.
Aujourd’hui, l’appellation s’étend sur 350 hectares dans 53 communes et réunit 35 vignerons indépendants. Dans le département, la cave Desprat Saint-Verny est celle qui représente le plus les vins d’Auvergne. 62 viticulteurs apporteurs de raisins collaborent avec elle. Ensemble, ils élaborent 55 % de la production des vins de côtes-d’auvergne.
Au niveau national, l’appellation impressionne. "L’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) était épaté du travail qui a été fait", se réjouit Jean-Baptiste Deroche, vice-président de l’association Vinora - qui promeut depuis 2019 les vins volcaniques. L’attrait pour les vins volcaniques dépasse largement les frontières de l’Auvergne. La Société des alcools du Québec (SAQ) a même consacré au début de l’été un article sur le sujet, intitulé "L’explosion des terroirs volcaniques". L’appellation couvre un territoire propice aux vins. Et Jean-Baptiste Deroche s’en vante. "On a quasiment tous les sols volcaniques du monde. On peut faire des vins de types différents à 700 mètres d’écart", illustre-t-il.
"Les jeunes ne trouvent pas de vignes pour s'installer"Mais cela n’efface pas les difficultés auquel le secteur fait face. La première, et pas des moindres : le foncier viticole. Et il n’y a qu’à voir les yeux levés au ciel de Benoit Fesneau, directeur de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme, pour remarquer l’importance du sujet. "Il n’y a pas de foncier, les jeunes ne trouvent pas de vignes pour s’installer", souffle-t-il. Pourtant, la demande ne manquepas : "une quinzaine de jeunes, de 30 à 35 ans, attendent, ajoute Gilles Vidal.
Pourtant, il en faut des vignes. "Pour faire vivre l’appellation. On se démène dans tous les sens pour trouver de l’argent. Pour les jeunes qui s’installent, il faut un minimum de surface", poursuit Jean-Baptiste Deroche. La deuxième difficulté : les aléas climatiques, qui se sont intensifiés ces dernières années. La sécheresse et le gel sont redoutés par les viticulteurs. Au printemps dernier, à Boudes, au sud de Clermont-Ferrand, le gel avait détruit des hectares de vigne. Avec des conséquences désastreuses sur la récolte et la production. Et le mildiou, maladie causée par des champignons, qui fait des dégâts considérables sur les vignes.
Alors que faire pour ne pas "mettre les jeunes dans la mouise", s’interroge Gilles Vidal. Doubler la surface disponible ?
Le terroir est tellement éclaté que si on avait 600 hectares au lieu des 350 actuels, on souffrirait moins des aléas climatiques comme on souffre depuis quelques années. Et si on double la surface, on doublera les vins", répond Gilles Vidal.
Il y a aussi la solution des parrainages du Clos des Amoureux, qui permettent de renflouer les caisses. La création espérée, dès l’automne, du label "Vins volcaniques" et ainsi attirer les domaines étrangers. Une solution sort du lot : la cartographie des sols pour élargir le vignoble des côtes-d’auvergne (lire ci-dessous).
Pour l’heure, l’équipe du syndicat contemple les vignes du Clos des Amoureux sous un soleil de plomb. Les sourires sont là, l’optimisme aussi. Les verres remplis de vin. Une chose est sûre, l’AOC côtes-d’auvergne a encore de belles années devant elle.
Adrien Fillon