Après une campagne axée sur la promesse de "discipline budgétaire de fer", la ministre des Finances Rachel Reeves avait annoncé la couleur le mois dernier, dénonçant un trou budgétaire de 22 milliards de livres (soit environ 26 milliards d'euros) qui aurait été "masqué" par le parti conservateur.
Désormais dans l'opposition, ce dernier dénonce de son côté une "tentative éhontée de préparer le terrain pour des hausses d'impôts".
Mme Reeves avait annoncé d'ores et déjà des coupes dans certaines aides au fioul de chauffage en hiver pour les retraités en suggérant de les lier à des conditions de ressources.
D'autres annonces sont attendues lors de la présentation de son premier budget, fixée au 30 octobre.
Alors que la dette publique flirte avec les 100% du PIB, le sujet va faire partie des dossiers à risque pour le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer lors de la rentrée parlementaire, le 2 septembre. Après les émeutes d'extrême droite de début août, il sera également attendu sur l'immigration illégale, ayant annoncé mercredi d'augmenter les expulsions.
Très attendue sur le pouvoir d'achat et le redressement des services publics après 14 ans de pouvoir conservateur, Mme Reeves martèle que le gouvernement n'augmentera pas les cotisations sociales et les impôts des "gens qui travaillent".
Selon le Financial Times, la Chancelière de l'Echiquier, son titre officiel, envisage d'augmenter les loyers dans les logements sociaux davantage que l'inflation ces dix prochaines années pour stimuler la construction de ce parc immobilier à prix abordable.
L'objectif est d'offrir aux associations de logement et aux conseils municipaux, aux prises avec de lourdes dettes et d'importants retards dans l'entretien de leur parc de logements sociaux, une certitude sur les rentrées d'argent, précise le quotidien des affaires britanniques.
"Peu de marge de manoeuvre"
Le Guardian évoque pour sa part de possibles augmentations des droits de succession et des impôts sur les plus-values, mais aussi un durcissement de l'accès aux aides sociales. Selon le journal, la chancelière est inquiète du fait que la reprise économique n'a pas réussi à améliorer les finances publiques.
Selon Dennis Tatarkov, économiste chez KPMG UK, l'emprunt public plus élevé que prévu "laisse peu de marge de manoeuvre pour le budget", d'autant qu'un "ralentissement attendu de la croissance" pourrait encore limiter les recettes fiscales au second semestre.
L'emprunt du secteur public a atteint le mois dernier 3,1 milliards de livres (3,6 milliards d'euros), le chiffre "le plus élevé pour un mois de juillet depuis 2021", nettement supérieur aux attentes, a annoncé mercredi l'Office national des statistiques (ONS).
Les finances publiques ont pâti d'une "hausse des dépenses du gouvernement" alors que "le coût des services publics et des prestations sociales a continué d'augmenter", a détaillé sur le réseau social X Jessica Barnaby, directrice adjointe des finances publiques à l'ONS.
En cumulé depuis début avril, début de l'année fiscale britannique, le pays a emprunté près de 5 milliards de livres de plus que les projections de l'organisme public de prévisions budgétaires (OBR).
La dette publique, gonflée notamment par les aides distribuées pendant la pandémie et la crise de l'énergie, représentait 99,4% du PIB fin juillet.
Insistant sur la discipline budgétaire nécessaire, Rachel Reeves, première femme à son poste, refuse de céder aux pressions l'appelant à supprimer le plafonnement des allocations familiales à deux enfants.
Autre piste évoquée: cette ancienne économiste pourrait apporter des changement techniques à la façon dont la dette est mesurée pour se donner davantage de marge de manoeuvre.
"Nous prenons les décisions difficiles qui sont nécessaires pour réparer les fondations de notre économie, moderniser nos services publics et reconstruire" le Royaume-Uni, a réagi mercredi dans un communiqué Darren Jones, secrétaire en chef du Trésor britannique.