Une marée humaine a parcouru Aurillac la semaine dernière. 220.000 personnes ont assisté au Festival de théâtre de rue. Affluence record. Cette première estimation confirme les observations, voire dépasse les attentes. C’est 40 % d’affluence de plus qu’en 2023. « C’est énorme », s’exclamait le maire d’Aurillac Pierre Mathonier, ce lundi 19 août, lors de la conférence de presse de bilan.
S’il se réjouit de ces chiffres, tout comme l’association Éclat, ils ont surpris l’organisation du festival. Les campings ont été débordés, 8.000 personnes sur les terrains saturés de la Ponétie, des sanitaires supplémentaires « plus que nécessaires », des programmes en rupture de stock au bout du deuxième jour et des places de stationnements insuffisantes.
L’affluence a chamboulé tous les dispositifs, de la médiation aux forces de l’ordre en passant par la file d’attente devant les collectifs. « Nous espérons que le retour du festival à une date raisonnable limite la pression sur ces dispositifs. » Pas de récidive d’un Théâtre de rue en plein 15 août donc. Et pour apprendre de cette édition, la Ville et l’Agglomération réfléchissent à distiller l’offre d’hébergement dans la périphérie, à l’image du camping de Saint-Simon.
Même avec un tel brassage de population, le préfet du Cantal, Laurent Buchaillat, salue « l’extrême civisme » de la majorité des festivaliers et note une édition « familiale ». Avec 220 interventions de la Protection civile et 55 des pompiers, la hausse de la population n’a pas fait exploser les compteurs. Pour ce qui est des forces de l’ordre, le préfet salue le travail préventif et la mobilisation de l’équipe de médiation cette année qui a contribué à limiter le nombre d’appels.
Malgré ce bilan positif, Laurent Buchaillat regrette la consommation excessive d’alcool et de stupéfiants, liée à une majorité d’interventions, mais aussi la quantité de tags dans les rues. « Ils laissent un stigmate sur un territoire qui se mobilise pour le festival. » Pierre Mathonier a annoncé porter plainte suite à ces incidents.
En dehors de ces exceptions, « le public d’Aurillac vient pour voir des spectacles. » Et toute une ville s’affaire à la tenue de cette explosion de créativité. Un événement qui participe aussi au rayonnement de la ville pour le directeur d’Éclat, Frédéric Remy.
Les autres festivals regardent ce qui se passe à Aurillac.
Tous avouent avoir été dépassés par le monde présent cette année, mais se montrent également rassurés de voir le théâtre vivant continuer à rassembler.
Mona Bru
Interview
Frédéric Remy est directeur du Festival international de théâtre de rue d’Aurillac.
Comment a été accueilli le focus coréen de cette édition ?
La Corée du Sud suscite beaucoup de projections. On a des référentiels tels que la K-pop ou les séries mais pas de ce qui se fait avec la proximité humaine du spectacle vivant. On en a montré un panorama large et je me réjouis de la curiosité qu’il a suscitée.
Comment expliquer le succès de cette édition ?
Ce qui se passe dans l’espace public prend une importance esthétique, culturelle et sociale. Nous vivons une période complexe traversée d’enjeux idéologiques. Je crois que l’ampleur et la démesure du spectacle vivant sont des marqueurs du sens commun. Il y a l’effet JO, mais je crois qu’il y a aussi le désir de vivre des aventures qui s’écrivent spontanément.
Et quel bilan pour les compagnies de passages ?
Avec 601 compagnies et 2.800 représentations, elles sont primordiales. On ressent moins de frontières avec la sélection officielle. Celle-ci doit être motrice de la créativité dans l’espace public et j’ai la sensation d’une imbrication totale des deux programmations.
Laurent Buchaillat, le préfet du Cantal, a déclaré que « peu d’affaires liées aux forces de l’ordre avaient été judiciarisées » au cours du festival. Il précise toutefois qu’environ trente permis ont été suspendus suite aux contrôles effectués en marge de l’événement et qu’une quinzaine d’autres sont à prévoir. Malgré cela, le préfet et le maire Pierre Mathonier ont confirmé le dépôt d’une plainte pour agression sexuelle et/ou viol. « Les faits (qui se seraient produits au camping de La Ponétie selon nos informations, NDLR) n’ont pas encore été qualifiés », ont-ils expliqué.