Les Françaises n'avaient pas encore décroché le premier titre de leur histoire, l'Euro-2001, que les Américaines se paraient de la première médaille d'or d'une incroyable série en cours, qu'elles espèrent porter à huit (10 au total).
Non seulement elles ont remporté tous les tournois olympiques depuis 1996, mais elles n'ont pas perdu un seul match depuis la demi-finale face à la CEI, le 5 août 1992 à Barcelone.
La Communauté des états indépendants à disparu avec le XXe siècle pendant que les Etats-Unis asseyaient leur domination sans partage sur le basket féminin, encore plus prégnante que chez les hommes, abordant la finale de dimanche après 60 victoires de rang aux JO. Et fortes d'une invincibilité en compétition internationale depuis 2006 (3e place au Mondial).
Les Américaines de Diana Taurasi, qui vise une sixième médaille d'or (record en sports collectifs hommes et femmes confondus) pour dépasser l'autre légende Sue Bird, ont fait honneur à leur statut depuis leur arrivée en France.
Elles ont éparpillé toutes leurs adversaires, le coude plus au moins sur la portière, avec la meilleure attaque (89,8 pts de moyenne) emmenée par deux des trois meilleures joueuses du monde, les intérieures Breanna Stewart (18 pts de moyenne, 1,6 contre) et A'ja Wilson (18,2 pts, 9,6 rebonds et 2,4 contres).
Parcours chaotique
Le tableau ainsi dépeint est vertigineux pour les Bleues, qui ont arraché leur deuxième finale olympique après prolongation contre la Belgique (81-75) après avoir trébuché lors du dernier match de poules contre l'Australie (79-72), même si elles étaient déjà qualifiées.
Leur marche même jusqu'à ces JO a été chaotique, depuis le bronze récolté à Tokyo après lequel la Fédération française a remercié Valérie Garnier, sélectionneuse depuis huit ans, pour la remplacer par Jean-Aimé Toupane.
Un homme issu du sérail, entraîneur des équipes de France de jeunes, sans aucune expérience dans le basket féminin et propulsé sur le banc pour faire passer un cap aux Françaises, qu'il souhaite faire jouer "comme des garçons".
Partisan d'un jeu rapide sur tout le terrain, où les phases de transition, l'impact athlétique et l'agressivité défensive priment sur les systèmes placés, Toupane a connu des débuts compliqués, avec des lourdes défaites lors de l'automne-hiver 2021-2022.
Ont suivi un Mondial-2022 frustrant, éliminé en quarts de finale avec une équipe très diminuée, et un Euro-2023 raté, débuté dans la polémique de la non sélection de Marine Johannès et achevé sur la plus petite marche du podium (après cinq finales de rangs sous les ordres de Garnier).
La Rhune comme ciment
Les graines du parcours olympique avaient été semées lors du tournoi de qualification olympique en février en Chine, remporté haut la main.
"Tout le monde" a alors "été un peu rassuré et soulagé... Même au niveau de l'ambiance, ça s'est vraiment bien passé. On a moins de pression parce qu'on se fait confiance maintenant " affirmait en début de préparation Gabby Williams, meilleure joueuse française qui avait manqué (comme Johannès) l'Euro (blessée).
Le groupe a ensuite vécu une préparation de plus d'un mois et demi avant le grand rendez-vous, se soudant notamment, selon Toupane, lors d'une randonnée au Pays basque.
"La cohésion, on en a parlé depuis le premier jour. On est parti monter la Rhune, là-bas. Toutes les filles, même moi, sommes allés jusqu'au bout. Moi, j'ai mis trois heures", a expliqué vendredi Toupane, 66 ans.
Le sélectionneur dit croire dur comme fer à l'impossible dimanche, avec l'aide de Bercy, malgré le déchet produit en demies, compensé par une défense acharnée, un secteur intérieur dominant et la profondeur de banc.
Ses joueuses aussi, dont Iliana Rupert: Les Américaines "sont des joueuses comme les autres, avec des points forts et faibles, des limites, il ne faut pas qu'on les mette sur un piédestal... Il faut vraiment qu'on les joue les yeux dans les yeux."