Le chef du gouvernement tunisien Ahmed Hachani a été limogé le 7 août par le président Kaïs Saïed, sans explications officielles, et remplacé au pied levé par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri, ancien PDG de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM).
La présidence de la République, par voie de communiqué, a annoncé que le chef d’État avait reçu dans l'après-midi Kamel Madouri, nommé ministre des Affaires sociales en mai 2024, pour le désigner chef du gouvernement à la place d'Ahmed Hachani, à la tête de la Kasbah depuis le 3 août 2023.
Ahmed Hachani avait publié, quelques heures avant son limogeage une série de vidéos sur la page officielle du gouvernement vantant ses réalisations à la Kasbah. La dernière vidéo a, d'ailleurs, été rendue public quelques minutes avant l'annonce de ce licenciement surprise, qui n’est pas une première de la part du président Saïed.
Le juriste Ahmed Hachani avait succédé à Najla Bouden, qui avait occupé la fonction de cheffe du gouvernement du 11 octobre 2021 au 1er août 2023. Elle aussi avait été remerciée sans justifications officielles par le président Saïed.
En mai dernier, Kamel Feki, ministre de l'Intérieur tunisien, et Malek Zahi, ministre des Affaires sociales, connus pour être des proches du président, avaient également été démis de leurs fonctions sans explication.
Kaïs Saïed avait décidé de nommer Khaled Nouri au ministère de l'Intérieur en remplacement de Kamel Feki. Et c’était Kamel Madouri (nouveau chef du gouvernement) qui avait été désigné nouveau ministre des Affaires sociales à la place de Malek Zahi. En outre, un poste de secrétaire d'État avait été créé, par la même occasion, au département de l'Intérieur, chargé de la sécurité nationale et confié à Sofiene Bessadok.
Ce dernier remaniement à la tête du gouvernement survient en plein processus électoral en vue des présidentielles qui doivent avoir lieu le 6 octobre prochain, Kaïs Saïed se présentant pour un second mandat de cinq ans.
Élu en octobre 2019, Kaïs Saïed avait suspendu le 25 juillet 2021 le Parlement où siégeaient en majorité les islamistes du mouvement Ennahdha. Il avait également dissous le gouvernement, en vertu de l'article 80 de la Constitution tunisienne qui lui accorde des pouvoirs exceptionnels en situation de crise.
Un an plus tard, les Tunisiens ont participé à un référendum sur l'adoption de la nouvelle Constitution proposée par le locataire de Carthage. Une nouvelle loi fondamentale a été adoptée, entre autres, ainsi qu'un nouveau code électoral. Ce dernier interdit aux Tunisiens qui acquièrent une nationalité étrangère de candidater à la présidentielle.
Pour se porter candidat à la présidence de la République tunisienne, les prétendants en lice doivent être inscrits sur les listes électorales, avoir la seule nationalité tunisienne, être issus d'un père, d'une mère et de grands-parents paternels et maternels tous tunisiens, être de confession musulmane, avoir au moins 40 ans, jouir de tous ses droits civils et politiques, ne pas avoir été condamné pour certains crimes ou avoir occupé le poste de président de la République pendant deux mandats, consécutifs ou séparés.
Il s'agit de la première élection présidentielle où les binationaux n'ont pas le droit de se porter candidat. Sous l’ère de la troïka de 2011, les Tunisiens binationaux, en cas de victoire à la présidentielle, devaient obligatoirement abandonner leur deuxième nationalité.