Des Alpes du Sud, à 4 000 mètres d'altitude, aux quais de gare, sur les dos des voyageurs, la marque Neo accompagne les baroudeurs des airs et des villes. L'entreprise, créée en 2013 sous l'impulsion d'Éric Roussel, s'est d'abord spécialisée dans la fabrication de matériel de parapente. Pour cela, le fondateur a mis à profit des années de salariat dans des usines dédiées à ces produits, passées entre la France et l'Asie. Réaliser son métier passion (lui, grand adepte du parapente), c'est bien, mais le faire selon des valeurs c'est encore mieux. C'est pourquoi lorsqu'il choisit de lancer son entreprise, Éric Roussel tient à défendre une production tricolore. " Une fois rentré en France, j'ai eu envie de fabriquer mon matériel sur du produit très technique et haut de gamme, tout en donnant du travail à des couturières qui possédaient un vrai savoir-faire mais qui n'avaient pas l'occasion de l'exploiter à sa juste valeur ", se souvient-il. Pendant une dizaine d'années, Neo se spécialise sur le matériel de parapente, les voiles notamment, avant de se tourner plus spécifiquement vers la sellette (soit l'assise de l'embarcation).
Innover dans plusieurs secteurs d'activitéCe nouveau savoir-faire intégré à la PME, un autre champ des possibles s'ouvre : celui de la bagagerie outdoor et, par extension, urbaine. Pour la rentrée 2024, l'entreprise annonce même une gamme de pochettes d'ordinateur ! " Pour fabriquer des sacs-à-dos, deux savoir-faire sont nécessaires : coudre du fin (comme pour nos voiles) et coudre de l'épais (comme pour nos sellettes). C'est ainsi que nous nous sommes rendu compte que nous avions déjà toutes les compétences pour produire aussi bien des sacs techniques, idéaux pour les randonneurs par exemple, que des sacs du quotidien, à destination du grand public, confirme le dirigeant. Une sellette de parapente, c'est complexe : il peut y avoir jusqu'à 340 pièces de tissu à assembler. Ce qui représente entre 20 et 25 heures de travail. Un sac à dos est plus facile à produire... " La promesse de Neo ? Proposer toute une gamme de bagagerie plus légère et plus résistante. Pour cela, elle utilise notamment une matière baptisée Ripstop Dyneema®, véritable prouesse issue de son centre de R&D. En tout, ce sont cinq salariés (parmi la trentaine que compte la PME) qui travaillent sur les innovations, toutes testées par des athlètes partenaires. Une démarche qui assure, aux parapentistes, des produits à la pointe de la technologie, mais c'est aussi un moyen de faire la différence auprès des actifs plus urbains, selon les mots d'Éric Roussel : " Le fait d'être initialement une marque de parapente, cela rassure les consommateurs sur la durabilité et la solidité du produit. Après tout, il faut réussir à apporter de la plus-value au produit pour justifier son prix. "
Favoriser la transmission des connaissancesDans son souci de valorisation du made in France, Éric Roussel insiste sur l'intégration totale de la production en interne et même sur la possibilité de réparer, au sein de l'atelier Neo, les produits. Ces derniers sont d'ailleurs garantis à vie. " Notre objectif n'est pas de juste faire du design ou du marketing autour de l'équipement outdoor, pour ensuite produire en Asie, mais bien de mettre en avant les savoir-faire tricolores ", assure le fondateur. Pour cela, chaque couturière qui rejoint Neo et qui est généralement plus apte à intervenir sur du textile, se voit suivre une formation de huit mois environ pour tout connaitre de la sellerie. Au bout de trois ans d'activité, elle obtient un statut de maitre couturière, ce qui lui permet ensuite de transmettre ses connaissances à d'autres. " Nous ne voulons pas grossir et partir dans une course au chiffre d'affaires. Ce que nous souhaitons, c'est incarner l'excellence, avec des produits qui durent dans le temps ", commente le dirigeant de la PME labellisée Savoie Montblanc Excellence (un label qui consacre les entreprises innovantes, responsables et ancrées en Savoie et Haute-Savoie).
Avec 90 % de son chiffre d'affaires réalisé grâce au matériel de parapente (dont 60 % à l'international), Neo bénéficie déjà d'une véritable reconnaissance. Et elle se sent pousser des ailes pour s'affirmer davantage dans le secteur de la bagagerie.
Cet article a été publié initialement sur Big Média Dans les airs et sur Terre, Neo défend le made in France