Il n’était pas forcément le choix attendu. Mais Kamala Harris a confirmé ce mardi 6 août que Tim Walz serait bien son colistier pour la présidentielle du 5 novembre. Le gouverneur de l’Etat du Minnesota, âgé de 60 ans, est notamment réputé pour avoir pris des mesures considérées comme progressistes depuis son accession en 2019 à la tête de cet Etat du "Midwest", région clef pour novembre.
La candidate démocrate s’est aussitôt dit "fière" d’annoncer ce choix. "En tant que gouverneur, entraîneur, enseignant et vétéran, il a défendu les intérêts des familles de travailleurs comme la sienne", a écrit la candidate démocrate sur X. Tim Walz, de son côté, a déclaré qu’il s’agissait de "l’honneur d’une vie de rejoindre Kamala Harris dans sa campagne. Je vais tout donner", a-t-il assuré, ajoutant avec enthousiasme que cela lui rappelait "un peu le premier jour d’école".
Celui qui deviendrait le vice-président de Kamala Harris, si cette dernière était élue le 5 novembre face à Donald Trump, sera présent avec celle-ci lors d'un premier meeting ce mardi soir à Philadelphie, en Pennsylvanie. Ils enchaîneront ensuite avec plusieurs autres Etats pivots d’ici samedi pour une tournée qui doit donner le ton de leur entente et de leur complémentarité.
Du côté trumpiste, on n’a pas manqué l’occasion de déjà étriller le gouverneur du Minnesota. "Tout comme Kamala Harris, Tim Walz est un dangereux gauchiste extrémiste, et le rêve de Harris et Walz" de transformer les Etats-Unis à l’image de la Californie, représente "le cauchemar de tout Américain", a déclaré dans un communiqué Karoline Leavitt, porte-parole de l’équipe de campagne de l’ex-président républicain. Anticipant ces attaques, l’influente élue démocrate Nancy Pelosi avait déclaré ce mardi matin sur MSNBC que définir Tim Walz "comme étant à gauche" était "surréaliste". Il est "tout à fait au centre", a-t-elle soutenu.
Pour Tim Walz, ce choix vient consacrer un parcours atypique pour cet ancien professeur devenu gouverneur. Pas franchement connu en dehors des frontières de son Etat du Minnesota, le sexagénaire s’est illustré ces dernières semaines par ses petites piques répétées à l’encontre de Donald Trump et de son entourage, qu’il n’a cessé de qualifier de "mecs bizarres".
"Nous n’avons pas peur des mecs bizarres", a lancé cet élu affable, au débit rapide, lors d’une réunion de campagne. "Croyez en mon expérience d’enseignant, les brutes n’ont aucune puissance." Ce natif du Nebraska a en effet passé de longues années dans le milieu de l’enseignement, notamment en tant que professeur de géographie et coach de football américain. Fait notable, cet homme aux petites lunettes rectangulaires, a enseigné quelques mois en Chine, juste après les événements de Tiananmen du printemps 1989.
"Le fait de pouvoir être dans un lycée chinois à ce moment crucial me semblait vraiment essentiel", confiera-t-il des années plus tard devant une commission du Congrès américain, où il siégera durant 12 ans. Quand ont circulé les premières rumeurs sur sa désignation comme colistier de Kamala Harris, certains internautes se sont demandé si la paire avait vraiment le même âge, assortissant leurs messages d’une photo de Tim Walz, le crâne dégarni. "J’ai été surveillant de cantine pendant 20 ans. Tu ne fais pas ce boulot sans t’arracher les cheveux", a répondu sur X l’élu de 60 ans, avec humour.
En janvier 2019, Tim Walz accède au poste de gouverneur du Minnesota, un Etat de la région des Grands Lacs, frontalier du Canada. A peine un an plus tard, il est contraint de jongler avec deux crises majeures : la pandémie de Covid-19 et la mort de l’Afro-Américain George Floyd, sous le genou d’un policier blanc.
Minneapolis, la plus grande ville de l’Etat, s’embrase, le point de départ d’un immense mouvement de manifestations anti-racistes qui secoue l’Amérique durant de longs mois. Les républicains accusent le gouverneur d’être trop laxiste dans sa gestion de la criminalité, quand les démocrates louent au contraire son bilan en matière de protection du droit à l’avortement.
Ancien militaire de la Garde nationale, Tim Walz présente l’avantage de venir du monde rural, contrairement à Kamala Harris, ce qui pourrait aider cette dernière à séduire un électorat plus large parmi les indécis. Vu comme plutôt modéré, il a toutefois aussi pris des mesures étiquetées progressistes, comme la légalisation du l’usage récréatif de marijuana et le renforcement des contrôles à l’achat d’une arme à feu, tout en se revendiquant chasseur.
Après l’arrêt de la Cour suprême de juin 2022, annulant la protection constitutionnelle de l’IVG, Tim Walz s’est également engagé à faire de son Etat un sanctuaire pour les femmes cherchant à avorter. Une clinique, située dans l’Etat voisin du Dakota du Nord, bien plus répressif, a alors déménagé de son côté de la frontière. En mars 2024, il a participé au premier déplacement d’une vice-présidente dans une clinique prodiguant des avortements, Kamala Harris, avec qui il espère désormais accéder à la Maison-Blanche.