Monaco, son drapeau aux bandes rouge et blanche et ses cinq athlètes olympiques sont là, à Paris, comme depuis Los Angeles 1984. La cité État de la côte méditerranéenne enregistre sa 22e participation à des Jeux d’été sur les trente-trois de l’ère moderne.
Mais si les athlètes monégasques ont « toujours défendu les couleurs » du Rocher et le feront encore à Paris « avec envie, enthousiasme, ténacité et talent », comme appuyé, le 27 juin dernier, lors d’une soirée de présentation, par le Prince Albert II, président du comité olympique monégasque (lui-même cinq fois olympien), jamais les fameuses bandes rouge et blanche ne sont montées sur un podium olympique. C’est bien simple, Monaco est le pays à avoir le plus participé à des Jeux olympiques (été et hiver) sans jamais avoir été médaillé (*). Viennent ensuite, Andorre, la Bolivie, etc. (voir liste par ailleurs).
Pourtant, pour ces « petites nations de l’olympisme », la participation aux Jeux va bien au-delà du champ sportif.
De nombreux rendez-vous économiques et politiques« Il y a un enjeu pour tous les pays d’être présents aux Jeux olympiques, confirme Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) à Limoges en Haute-Vienne. C’est le grand moment de la vie sportive mais pas seulement. C’est un événement planétaire qui dépasse largement le simple cadre du sport. Il faut être présent, il faut envoyer des athlètes, faire partie de la fête olympique et pouvoir dire : “notre pays existe sur la scène internationale”. »
Christophe Lepetit parle ainsi de « l’occasion de faire passer des messages » durant ces Jeux olympiques comme lors de tous les « autres grands événements sportifs » : la Coupe du monde de football arrivant juste derrière.
« Les Jeux, c’est aussi l’occasion de nombreux rendez-vous au niveau des sphères économiques et politiques. Lorsque vous êtes un chef d’État ou un représentant de gouvernement, vous pouvez parler, discuter, avec d’autres représentants à ce moment-là. Vous amenez avec vous une délégation diplomatique, économique. Il y a ce genre d’accords, discussions qui se nouent lors des Jeux olympiques et si vous n’y êtes pas, vous manquez cela. »
« Apolitique » et politique à la foisCar même si « on parle d’apolitisme du Comité international olympique et des Jeux, insiste l’économiste. Malgré tout, le sport est utilisé à des fins politiques ». « On évoque là les petits pays qui ne performent pas et qui envoient des athlètes, mais à l’inverse, on a des pays qui veulent très fortement exister et qui sont capables, pour cela, d’user et d'utiliser les règles pour faire en sorte de bâtir des équipes capables de briller. Pour ces pays-là, il ne faut pas seulement participer, il faut essayer de gagner, performer. Cela prouve aussi tout ce que représentent les Jeux olympiques pour les petites nations. »
(*) Aux Jeux de Paris 1924, le Monégasque Julien Médecin avait décroché le bronze dans l’épreuve d’architecture. Mais celle-ci n’apparaît pas dans le tableau officiel des médailles réservé aux athlètes.
À savoir…Les pays sans médaille : Avant ces Jeux 2024, un peu plus de 70 nations n’ont jamais rapporté la moindre médaille des Jeux olympiques d’été et d’hiver. Par exemple : Monaco (30 participations aux Jeux d’été et d’hiver), Andorre (23), Bolivie (20), Malte (18), Birmanie (17), Népal (17), Madagascar (14).Première en 2021 : Jusqu’aux Jeux de Tokyo 2020, le Burkina Faso (premiers Jeux d’été en 1972 sous le nom de Haute-Volta) et le Turkménistan (premiers Jeux en 1996) faisaient partie de cette liste des pays sans médaille aux Jeux d’été. Mais le triple sauteur burkinabé Hugues Fabrice Zango (bronze) et l’haltérophile turkmène Polina Guryeva (argent) ont permis à leur pays respectif de décrocher leur première médaille.Jeux des petits états d’Europe : En plus des JO, les « petites nations » d’Europe se retrouvent, tous les deux ans, aux Jeux des petits états d’Europe (JPEE). Neuf pays, de moins d’un million d’habitants, participent à cette compétition multisports : Andorre, Chypre, Islande, Liechtenstein, Luxembourg, Malte, Monaco, Monténégro et Saint-Marin.
Jean-Adrien Truchassou