Ils sont repartis ce dimanche 4 août à 16 heures (heure de Paris) pour 1 270 milles à parcourir quittant Horta propulsés par un flux de secteur sud-ouest soufflant à une quinzaine de nœuds, les solitaires vont voir le vent se renforcer graduellement dans les heures qui viennent pour atteindre 20-25 nœuds en fin de nuit, avec le passage d’un front.
« On était contents d’arriver et aujourd’hui on est contents de repartir. Cette deuxième étape promet d’être sympa. On ne va clairement pas s’ennuyer. D’emblée, il va se passer des choses. Ça va nous remettre dans le bain rapidement. Il va falloir se concentrer dès les premiers milles ! », a annoncé Alexandre Demange (1048 – DMG MORI Sailing Academy 2). « L’escale a été top, mais à présent, on a hâte de repartir. Le jeu s’annonce hyper ouvert avec une météo à la fois complexe et intéressante, susceptible de créer des écarts très conséquents », a confirmé Antonin Chapot (1043 – Bip Bip), actuel leader au classement général des bateaux de Série avec une avance conséquente de plus de 13 heures 40 sur son plus proche poursuivant. « Je préfère oublier la première étape et considérer que celle qui s’ouvre est en réalité une course différente. Je pars dans le même état d’esprit qu’au départ des Sables d’Olonne il y a deux semaines. Mon objectif est ainsi de faire de mon mieux et de viser le Top 5 », a déclaré le skipper qui préfère garder la tête froide et surtout ne surtout pas se mettre trop de pression sur les épaules. Même tactique pour ce qui concerne Romain Van Enis (969 – Be Sailing), en tête chez les Proto avec 3h32 de marge sur son dauphin. « Evidemment que mes objectifs ont un peu évolué après la manche aller mais je vais tâcher de ne pas trop y penser car je me connais, autrement je vais faire des boulettes. Je n’ai absolument pas prévu de faire du contrôle mais de faire ma propre stratégie et de profiter au maximum de ma course. On fera les comptes à la fin. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas trop s’avancer à faire des pronostics. Je pense qu’il va y avoir pas mal de rebondissements ! », a prédit le navigateur belge.
De la belle glisse au programme
De fait, le scénario annoncé de ce deuxième acte semble réserver quelques surprises et ce, dès les premiers milles, car s’ils ont quitté Horta propulsés par un flux de secteur sud-ouest soufflant à une quinzaine de nœuds, les solitaires vont voir le vent se renforcer graduellement dans les heures qui viennent pour atteindre 20-25 nœuds en fin de nuit, avec le passage d’un front. A l’arrière de celui-ci, le changement de rythme devrait toutefois être assez radical avec un flux de nord peinant à dépasser les dix nœuds. A la clé : au moins une trentaine d’heures au ralenti au près bon plein pour les marins, avant le passage d’une dorsale dans la soirée de mardi. « Cette dernière pourrait littéralement les scotcher avant l’établissement d’un vent oscillant entre le sud-ouest et le nord-ouest selon les moments », précise Christian Dumard, le consultant météo de la course. « Il va être important de réussir à bien se reposer au début car une crête barométrique, ça ne se négocie pas n’importe comment. Le moment venu, il faudra avoir les idées claires pour bien comprendre ce qui se passe », a souligné Romain Van Enis dont l’un des enjeux, sur cette étape 2, au-delà de la victoire d’épreuve, est de remporter le titre de champion de France de Course au Large 2024 Mini 6.50. « C’est une belle étape en perspective mais une étape très technique. On peut s’attendre à de gros écarts à l’arrivée. Il faudra être attentif à la météo et aux infos reçues via la BLU puis construire soigneusement sa stratégie en ayant conscience que l’élastique risque de se détendre assez rapidement », a affirmé Blaise Ribon (1040 – Corto), 3e au classement provisoire des Série.
Engager et savoir prendre des risques
Un avis partagé par Cédric Marc (1025 – Casper), qui le devance de près de trois heures au général après le premier round. « Le plus important sera de sortir des îles en étant dans le bon wagon parce qu’ensuite, ça risque de partir par devant », a en effet analysé le skipper qui se réjouit, comme les autres, du programme à venir. Un programme qui devrait leur garantir de belles cavalcades au portant dans des conditions soutenues et même toniques sur la fin du parcours, tant et si bien que le record de la plus grande distance parcourue en 24 heures en Mini 6.50 (322,70 milles) réalisé à l’aller par Caroline Boule (1067 – Nicomatic) pourrait possiblement être de nouveau amélioré, notamment par les foilers qui vont profiter d’angles très favorables. « Ça promet d’être assez engagé et ça devrait être globalement rapide (moins de huit jours pour les premiers selon les derniers routages, ndlr). Il va falloir avoir la niaque et ne jamais rien lâcher. On va se retrouver coincés avec du vent fort au nord et du vent faible. Le jeu sera de se faufiler au milieu au mieux. Il va y avoir beaucoup de tactique. Lors de la dernière édition, il y a deux ans, certains, à l’image de Jacques Delcroix, avaient montré qu’en prenant certains risques, ils avaient été capables d’avoir des résultats. Ce sera à méditer sur l’eau ! », a conclu Robinson Pozzoli (1026 – Uoum).
A noter : Marin Le Nours (739 – Adelaïde), qui avait fait escale à Baiona (Espagne) à la suite de la casse son bout-dehors et de problèmes d’énergie, a bouclé les 1 270 milles de la première étape ce dimanche à la mi-journée. S’il est arrivé hors-temps en raison notamment d’une météo erratique sur les Açores ces derniers jours, le marin s’apprête à repartir pour l’étape 2 dès ce soir. S’il a bénéficié de toute la solidarité de ses concurrents, qui lui ont à la fois préparé son avitaillement et partagé leurs routages, le navigateur aura donc simplement pris le temps de prendre une douche et de remettre son bateau en ordre de marche avant de reprendre le large, faisant ainsi preuve d’une grande détermination et beaucoup de courage !