"Je me sens davantage curé grâce à la musique électronique!", confie le curé DJ, car la musique lui permet, selon lui, de partir au contact d'un public qui ne fréquente pas les églises habituellement.
"Cela me permet de relever le défi que nous lance l’Église de ne pas nous enfermer, mais plutôt d'aller vers les autres", explique à l'AFP "padre Guilherme", comme il est surnommé au Portugal.
Ce curé de 50 ans, au visage rond et au regard communicatif, avec ses lunettes noires, détonne.
Les dimanches matin, il donne rendez-vous à ses paroissiens de Laundos, dans le nord du Portugal.
Devant une église bondée, il célèbre la messe en baskets, avec une chasuble verte qu'il enfile sur des jeans.
Mais à côté, le prêtre mène une véritable vie d'artiste électro, troquant l'autel contre une table de mixage.
Il enchaîne les concerts aux quatre coins du pays et à l'étranger, comme en Espagne, en Suisse ou en Italie, où il s'est produit cette année dans des festivals et des clubs.
Sa passion pour la musique a commencé très tôt, mais l'idée de devenir DJ lui est venue lors d'un voyage avec des soldats portugais en Afghanistan, qu'il accompagnait en tant qu'aumônier militaire.
Mixer pour le pape
À son retour au Portugal, il a souhaité se perfectionner et s'est alors inscrit dans une école de DJ à Porto, dans le nord du pays.
Il réalise alors le pouvoir de la musique pour transmettre le message du Christ, qui selon lui se "conjugue avec toute la beauté des harmonies propres à la musique électronique".
Elle permet de mettre en valeur "la joie de l’évangile, un message d'espoir et de foi mais aussi de tolérance, d'harmonie et de paix", ajoute cet homme d'église très apprécié de ses paroissiens.
Mais sa notoriété a vraiment explosé il y a un an lorsqu'il a mixé à Lisbonne devant près d'un million et demi de pèlerins du monde entier, lors de messe de clôture du pape François à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse.
Aujourd'hui, lorsqu'il arrive quelque part pour un concert, celui qui est suivi par plus de 900.000 personnes sur Instagram est accueilli comme une rock star.
C'était le cas début juillet à Coimbra, la grande ville universitaire du centre du Portugal, où il a fait danser des centaines de jeunes, en mixant des morceaux techno avec des extraits des discours de Jean Paul II et du pape François.
"Ce curé est vraiment cool!", lance Andreia Borges, une jeune femme de 26 ans, qui arrête "padre Guilherme" pour prendre un selfie avec lui.
"Il arrive à joindre deux univers que tout semble opposer" et il est "très bon dans ce qu'il fait", salue Filipe Barroso, un amateur de musique électronique de 32 ans.