Les Occidentaux surveillent le Proche-Orient comme le lait sur le feu. Jurant de se venger, l’Iran et le Hezbollah ont accusé Israël de l’assassinat, à Téhéran, d’Ismaïl Haniyeh, le chef de la branche politique du Hamas. Dans le quotidien réformateur Etemad, traduit par Courrier International, le politologue Ahmad Zeidabadi prévient : "L’assassinat d’Haniyeh à Téhéran est un phénomène dangereux et il s’avère qu’aucune ligne rouge n’existe dans la guerre à Gaza." De quoi faire planer la crainte d’un embrasement régional.
Alors certains pays se préparent : suspension des vols d’Air France vers Beyrouth, fermeture de l’ambassade de Suède au Liban ou encore renforcement, par les Etats-Unis, de son dispositif militaire dans la zone… L'Express fait le point.
Les compagnies aériennes Air France et Transavia France ont décidé de prolonger la suspension de leurs vols vers Beyrouth au moins jusqu’au 6 août inclus "en raison de la situation sécuritaire", a annoncé ce samedi 3 août leur maison mère, Air France-KLM. La desserte de la capitale libanaise par les deux compagnies est suspendue depuis le 29 juillet, sur fond de craintes d’une escalade militaire entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah.
En revanche, les rotations avec Tel-Aviv "continuent d’opérer normalement", a précisé à l’AFP un porte-parole du groupe aérien franco-néerlandais. "La reprise des opérations sera soumise à une nouvelle évaluation de la situation sur place", selon la même source, tandis que "des mesures commerciales sont en place, permettant aux clients en possession d’une réservation pour des vols de/vers Beyrouth prévus avant le 11 août 2024 inclus de reporter ou d’annuler leur voyage sans frais".
La Suède a préféré, ce samedi 3 août, fermer son ambassade à Beyrouth au Liban après avoir conseillé à des milliers de ses citoyens de quitter le pays en raison de la crainte d’un embrasement de la région, au-delà de Gaza. La décision a été prise "initialement pour le mois d’août, mais elle pourrait être prolongée en fonction de la situation en matière de sécurité", a-t-il ajouté, précisant que le ministère suivait "de près l’évolution de la situation".
"Nous sommes à un point de bascule, et la possibilité d’une déflagration régionale est réelle. Notre seul objectif, à nous Libanais, doit être de l’éviter, coûte que coûte", indique le journaliste Michel Helou dans une tribune à L’Orient-Le Jour. Depuis le début, Israël et le Hezbollah ont insisté sur le fait qu’ils ne voulaient pas d’une guerre plus large, mais à mesure que chaque partie teste les limites de l’autre, le risque enfle de voir le conflit s’étendre au-delà des zones frontalières.
Washington va déployer davantage de navires de guerre et d’avions de combat au Proche-Orient afin de protéger leurs troupes et leur allié israélien face aux menaces de l’Iran et de groupes comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. "Le ministre (de la Défense Lloyd) Austin a ordonné une modification du dispositif militaire américain destinée à améliorer la protection des forces armées des Etats-Unis, doper le soutien à la défense d’Israël et faire en sorte que les Etats-Unis soient préparés à diverses éventualités", a indiqué ce vendredi 2 août, dans un communiqué, une porte-parole du Pentagone.
Les Etats-Unis n’ont pas précisé quand les avions et navires de combat supplémentaires arriveraient au Moyen-Orient, mais cela pourrait être dans les prochains jours. "Le Pentagone se prépare également à la possibilité que des groupes soutenus par l’Iran, notamment les Houthis au Yémen et le Kataib Hezbollah en Irak, ciblent les troupes américaines dans la région dans le cadre des représailles iraniennes attendues pour le meurtre d’Ismaïl Haniyeh", a précisé le New York Times.
Plutôt que d’augmenter leur présence militaire au Moyen-Orient, "les États-Unis et leurs alliés occidentaux doivent insister sur un cessez-le-feu immédiat à Gaza – et pour que Netanyahou cesse d’intensifier les attaques régionales et d’inciter l’Iran et ses alliés à une guerre dévastatrice", estime Mohamad Bazzi, directeur du Centre Hagop Kevorkian pour les études sur le Proche-Orient dans le Guardian. Et sinon ? "L’alternative est une descente vers davantage d’effusions de sang et de destruction gratuite."
La France a appelé ce vendredi les Français de passage "qui se trouveraient encore en Iran" à quitter ce pays "au plus tôt", en raison du risque "aggravé" d’escalade militaire. Le ministère français des Affaires étrangères, qui ne précise pas le nombre de personnes potentiellement concernées par cette nouvelle recommandation, rappelle que l’ensemble du territoire iranien est placé en rouge sur la carte des conseils aux voyageurs. "Il est donc formellement déconseillé aux ressortissants français de se rendre en Iran, quel qu’en soit le motif", martèle-t-il.