Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de personnes se déchaînant dans le centre-ville de Sunderland, dans le nord-est de l'Angleterre, en attaquant la police et en mettant le feu à au moins une voiture.
Ces faits réactivent l'inquiétude d'un retour des violences qui ont émaillé le pays dans la semaine, alors que la soirée de jeudi avait été calme.
"Nos agents continuent de faire face à des heurts en cours et ont été victimes de graves violences", a déclaré la police de Northumbria. "Les scènes auxquelles nous assistons sont totalement inacceptables", a-t-elle ajouté.
La ministre de l'Intérieur Yvette Cooper a promis sur X que les émeutiers "paieront le prix de leur violence et de leur comportement de voyou". "La police a le soutien absolu du gouvernement pour agir de la manière la plus énergique possible et s'assurer que toute la force de la loi s'exerce", a-t-elle ajouté, en assurant que les émeutiers "ne représentent pas la Grande-Bretagne".
La maire de la région, Kim McGuinness, s'est déclarée "consternée". "Si votre réponse à une tragédie est de l'utiliser pour commettre des actes de violence, pour nuire aux autres, attaquer la police et endommager des biens, vous ne représentez rien d'autre que le vandalisme", a-t-elle déclaré sur X, dans le droit-fil de ce qu'avait déclaré jeudi le Premier ministre Keir Starmer.
Cette nouvelle éruption de violence surgit au moment où la police se prépare à l'éventualité d'un week-end sous tension.
A Londres en particulier, la Metropolitan police a indiqué avoir "augmenté" ses effectifs "pour rassurer" la population, alors qu'une marche pro-palestinienne est prévue dans la capitale ainsi qu'un rassemblement anti-immigration.
La police du Merseyside, dont une cinquantaine d'agents ont été blessés lors de heurts mardi à Southport, la ville du nord-ouest de l'Angleterre endeuillée par l'attaque au couteau perpétrée la veille, s'est aussi dite prête à faire face à de possibles nouveaux heurts, et a déployé de nouveaux effectifs dans le centre-ville de Liverpool.
Deux cents à trois cents personnes -- des soutiens du mouvement d'extrême droite anti-islam English Defence League (EDL) selon la police -- ont pris part à des échauffourées mardi, sur fond de rumeurs et de spéculations partagées en ligne sur la religion, l'identité ou l'origine de l'auteur des attaques.
Un suspect de 17 ans, Axel Rudakubana, a été inculpé pour meurtres et tentatives de meurtres et placé en détention.
Les différentes forces de police anticipent des manifestations dans plusieurs villes, notamment Nottingham (centre de l'Angleterre), Rotherham (nord), Cardiff (Pays de Galles), ou encore à Belfast (Irlande du Nord).
Les heurts à Southport, où une mosquée a été prise pour cible, ont conduit les responsables de lieux de culte musulmans à renforcer leur sécurité.
Slogans anti-immigration
Dans la capitale, la Metropolitan police a rencontré les responsable de la communauté musulmane et s'est déplacée dans plusieurs mosquées "pour donner des conseils (de sécurité) et écouter les craintes", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Une marche pro-palestinienne est prévue, ainsi qu'un rassemblement près de l'itinéraire de cette marche du mouvement baptisé "Enough is enough" (Trop c'est trop), un mot d'ordre anti-immigration qui a émergé sur les réseaux sociaux.
"La Met ne tolèrera pas d'individus qui utilisent le droit de manifester comme un moyen de commettre des actes de violence ou d'inciter à la haine raciale et religieuse envers la population ou la police", a-t-elle prévenu.
Mercredi, plusieurs centaines de personnes, drapeaux anglais en main, et criant des slogans anti-immigration, avaient manifesté dans une ambiance tendue devant Donwing Street, entraînant 111 arrestations.
"La communauté musulmane est profondément inquiète" après les évènements de Southport, notamment avec "ces rassemblements prévus partout au Royaume-Uni et visant spécifiquement les mosquées", a déclaré Zara Mohammed, secrétaire générale du Muslim Council of Britain à l'AFP. Elle a aussi décrit des responsables de mosquées "angoissés" lors d'une réunion organisée jeudi sur la sécurité des lieux de culte.
Jeudi, le Premier ministre britannique Keir Starmer a affiché sa fermeté et son soutien à la police après la multiplication de rassemblements émaillés de violences, "clairement" alimentées par la "haine d'extrême droite".