Il a du mal à reprendre son souffle. Cherche l’ombre. La séance d’entraînement concoctée par Christophe Urios et son staff, mardi après-midi en plein cagnard, a marqué les organismes, dont celui du nouveau pilier droit de l’ASM, Michael Ala’alatoa. « C’est très difficile, mais c’est ce que veulent les coachs et nous, les joueurs. Quand on jouera, on se sentira bien », souffle-t-il. Et déjà de noter des différences dans la préparation par rapport à ce qu’il avait connu jusqu’alors. « Ici, on se concentre plus sur des cellules où les avants sont séparés des arrières. J’apprécie parce que ça permet de plus entrer dans le détail. »
Tout juste arrivé en provenance de la province irlandaise du Leinster, le capitaine des Samoa (20 sélections) lors de la dernière Coupe du monde est déjà en mode proactif. Et s’il est venu à Clermont chercher un dernier gros contrat à bientôt 33 ans (le 28 août) - « jouer en France était une opportunité difficile à refuser et je me devais de l’étudier. Je ne suis plus tout jeune et je devais penser à ma famille », avait-il signifié au média irlandais RTE, en décembre - les supporters de la Yellow Army peuvent se rassurer, il n’est pas venu en pré-retraite. Loin de là.
« J’ai envie de faire partie de cette histoire »« J’espère contribuer à élever le niveau global de l’équipe dans la façon de m’entraîner et de jouer. Donc ça passe forcément par le fait d’être titulaire. Pour cela, je dois donner le meilleur dans tout ce que je fais et être un exemple pour les autres. » Le genre de discours que doit apprécier Christophe Urios dans sa recherche de leaders, alors que ce colosse d’1,89 m et 128 kg est censé remplacer numériquement Rabah Slimani (parti au Leinster) à droite de la pile.
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Le coach clermontois et ses adjoints ont d’ailleurs eu un rôle déterminant dans sa venue. « J’ai échangé avec eux avant le début de la saison dernière et la vision qu’ils avaient m’a beaucoup plu, raconte Michael Ala’alatoa. L’objectif est de remettre le club au niveau auquel tout le monde a l’habitude de le connaître : en finales de Top 14 et de Champions Cup. J’ai envie de faire partie de cette histoire, c’est pour cela que je suis venu ici. » Ces matchs de très haut niveau font partie intégrante de sa carrière. L’Australien d’origine a notamment remporté trois fois le Super Rugby avec les Crusaders (2017, 2018, 2019) et a atteint la finale des trois dernières éditions de Champions Cup avec le Leinster (trois défaites en tant que remplaçant).
IntégrationMais avant de voir si loin, celui qui partagera le poste de pilier droit avec Cristian Ojovan, Régis Montagne et Giorgi Dzmanashvili, travaille à son intégration. Pour cela, il peut compter sur l’appui des nombreux joueurs originaires du Pacifique qui composent l’effectif auvergnat. « Avant d’arriver, je connaissais déjà bien Fritz (Lee) pour jouer avec lui avec les Samoa. Mais j’avais aussi déjà rencontré Pita-Gus (Sowakula), Irae (Simone) et Folau (Fainga’a) en Super Rugby. Mon intégration est plus facile grâce à eux. J’ai d’ailleurs déjà été invité à deux barbecues chez Irae, confie-t-il. On échangeait déjà pas mal de messages l’an dernier, donc j’avais une idée de ce qu’il m’attendait ici. »
Mais pas question pour lui d’en rester là. « J’ai besoin d’apprendre le Français », insiste-t-il. Pour cela, il suivra tout au long de la saison des cours mis en place par le club pour ses joueurs étrangers, à raison de deux leçons par semaine. Sa première a eu lieu lundi. « C’est une langue un peu compliquée, rigole-t-il. Mais j’espère progresser rapidement. » Pour cela, il pourra aussi compter sur l’appui de l’un de ses deux petits garçons (2 et 4 ans) qui fera sa rentrée à l’école en septembre. Tout est prêt pour sa nouvelle vie.
Lignée de piliersBon sang ne saurait mentir. Né à Sydney, en Australie, Michael Ala’alatoa est le fils de l’ancien pilier international samoan Vili Alaalatoa (10 sélections) qui a notamment disputé la Coupe du monde 1991. Il est aussi le grand-frère d’Allan Alaalatoa qui joue pour les Wallabies (69 sélections). Blessé juste avant le Mondial français, le pilier des Brumbies avait participé à celui au Japon en 2019.
Vincent Balmisse