Dans une Arena Paris Sud qui a fini en fusion, après avoir connu quelques périodes glacières au cours d'un duel en forme de montagnes russes, le 5e mondial, dernier représentant tricolore depuis que son frère aîné Alexis a été stoppé en huitièmes, s'est imposé 11-7, 7-11, 11-8, 4-11, 11-8, 8-11, 11-6.
"Être allé chercher cette victoire, c'est énorme pour moi. A la fin, je pars super bien à la belle, ce qui me permet de prendre l'avantage, de prendre le dessus aussi un peu mentalement parce que je trouvais qu'il dominait un petit peu dans les échanges depuis deux, trois sets. Moi j'étais plutôt à l'arrache", a réagi Lebrun en zone mixte.
Et, oui, c'est décidément quand ça compte que "Féfé" sait se montrer le plus fort, comme l'Allemand Dimitrij Ovtcharov, sextuple médaillé olympique, en a fait les frais la veille alors qu'il pensait bien lui infliger une terrible "remontada".
Avant ce paroxysme, de ceux qui font les grandes performances, chacun a eu alternativement son momentum.
Comme il en a pris l'habitude dans ce tournoi, Lebrun a mieux débuté, mais Lin Yun-Ju, vite débarrassé de sa crispation initiale, a répliqué dans la deuxième manche en prenant plus d'initiative.
Au troisième set, Félix a repris les devants, sortant quelques coups venus d'ailleurs tel ce coup droit cherché loin sous la table qui a piégé le Taïwanais.
Mais pour la première fois dans ce tournoi, le Français est tombé sur un rival capable de bien lire ses services et de les retourner avec agressivité. Tant et si bien que ce dernier a égalisé.
Premier demi-finaliste depuis Gatien
Alors, Félix a su procéder aux ajustements nécessaires sur ses engagements, mais que ne lui fallait-il pas faire pour gagner le moindre point ? En attendant, le voilà qui reprenait l'avantage.
Mais une nouvelle fois, la réponse de Lin Yun-Ju était forte, le poussant à la faute quasiment sur chaque échange du sixième set (8 filets).
A trois sets partout est venue l'heure de vérité, celle de tous les dangers. Mais ce Lebrun-là est un "Féfénomène" qui ne tremble pas et c'est lui qui a été chercher les 6.400 spectateurs pour se sentir pousser des ailes, enchaînant les coups gagnants, courant autour de la table comme un prédateur devant sa proie entre les échanges.
Il y avait un air d'Alexis -- intenable en tribunes -- dans cet instant de furia made-in-Lebrun.
Jusqu'à la libération, la joie, l'ivresse et les célébrations, toujours autant zinzin dans ces JO, Antoine Dupont et Léon Marchand peuvent en témoigner.
Mais Félix, contrairement à eux, n'a encore rien gagné. Premier pongiste français en demi-finale du simple hommes aux JO depuis Jean-Philippe Gatien en 1992, il a l'opportunité d'écrire l'histoire, si possible en lettres dorées cette fois, quand son glorieux aîné décrocha l'argent à Barcelone.
Le chemin n'est plus très long mais le dénivelé augmente: il pourrait bien devoir se mesurer vendredi au 4e mondial Fan Zhendong, devenu le grand favori pour l'or depuis l'élimination surprise de son compatriote Wang Chuqin en 16e, sauf si le Japonais Tomokazu Harimoto (9e) crée la surprise.
Une défaite et Félix aura de toute façon une deuxième chance pour le bronze. Aller chercher une médaille, "oui, c'est énorme, j'ai dit depuis le début que c'est un objectif. J'ai hâte d'y être, les deux matches que je vais jouer, ça va être un combat fou", a-t-il conclu avec gourmandise.