Long de 11 km le tronçon de voie ferrée entre les Papeteries Giroux à Giroux-gare et la Celta à Courpière permettait d’acheminer la matière première (bobines de papier) entre le premier et le second site par fret ferroviaire, jusqu’en janvier 2022. Deux entités appartenant à un seul même groupe : Rossmann. "Fin 2021, nous avons reçu un courrier du Syndicat ferroviaire du Livradois-Forez (SNLF), propriétaire des lignes, nous expliquant que nous ne pourrions plus utiliser la voie car elle était trop vétuste", explique Michaël Jardin, directeur de Celta et des Papeteries.
Des négociations avec le groupe CombrondeDes réunions sont alors organisées entre le syndicat et le groupe industriel. Début 2023, des financements sont finalement débloqués (400.000 € par l’État et 100.000 € par le Syndicat) pour réhabiliter la voie afin de rouvrir le fret ferroviaire. Les travaux en passe d’être effectués, restait alors à l’industriel à réaliser un appel d’offres pour trouver un nouvel affréteur. Le précédent, Combrail, ayant dû mettre la clé sous la porte, faute d’activité pendant des mois.En avril 2023, La Gazette consacrait un article sur le sujet et interrogeait notamment Jean-Benoît Girodet du SNLF. Optimiste, le président expliquait que le nom de l’affréteur serait donné très prochainement pour une remise en service "fin 2023, début 2024".L'entreprise Combronde devrait reprendre le projet. @Franck Boileau15 mois plus tard, alors que les travaux nécessaires à la mise en conformité du tronçon ferroviaire ont été réalisés, aucun train, aucun wagon ne circule encore. Circuleront-ils au moins un jour pour le fret ?La réponse se trouve aujourd’hui à la table des négociations entre l’affréteur, l’exploitant et le propriétaire des voies SNLF. Des négociations qui s’éternisent depuis plus d’un an.
Une appel d'offres qui fait rêver ?Et pour cause. "Trois ou quatre sociétés spécialisées dans le fret ferroviaire ont répondu à notre appel d’offres", recontextualise Michaël Jardin qui dévoile ce qui n’était plus qu’un secret de polichinelle, le nom du possible affréteur retenu : le groupe Combronde basé à Thiers.Mais lorsqu’il s’agit de sortir la calculette, c’est la douche froide pour le groupe industriel. "On a compris que l’offre ferroviaire n’était plus à la hauteur", explique Michaël Jardin. Comprenez, les prix s’étaient envolés par rapport au précédent contrat avec Combrail.
Plus 50 à 60 %, les normes d’entretien sur les voies et la locomotive ont changé. Et il faut remplacer tout le matériel.
Dès lors, impossible pour Celta et les Papeteries de s’aligner sur ce tarif. "Nous ne remettons pas en cause l’offre, mais ce n’était pas possible pour nous », juge le directeur qui ne tire cependant pas un trait définitif sur le fret ferroviaire à ce moment de la négociation : « Ce qui m’importe, c’est la sécurité et avec l’arrêt du train nous avons mis 1.500 camions sur la route entre Giroux et Courpière."
Des investissements supplémentaires ?À force de négociations, Combronde présente une nouvelle copie jugée "presque acceptable", par Michaël Jardin, qui estime que Combronde ne pourra difficilement descendre plus bas. Suffisamment pour parapher ? Pas encore car aux âpres négociations s’ajoute un problème technique à résoudre comme un nouvel épisode dans cette histoire à rebondissements.
La voie qui accède à la Celta s’est détériorée depuis 2022, sans passage de la locomotive et avec celui des camions sur les rails.
Problème, le tronçon appartient cette fois-ci à l’industriel qui devra prendre en charge les travaux éventuels. Un audit, "qui se fait attendre", effectué par ETF, devait avoir lieu mercredi 24 juillet sur le site. Il devait déterminer le montant à débourser par l’industriel. Un chiffrage que le concerné estime de son côté "entre 100.000 et 150.000 €". Mais pour des raisons indépendantes de Celta, l’audit n’a pas pu avoir lieu, et aucune nouvelle date n’a été fixée.Le résultat a son importance puisqu’il déterminera le retour ou non du fret. "Si on doit débourser 150.000 € de plus, le jeu n’en vaudra pas la chandelle. Cela correspondrait à 100.000 € de plus par an pour le fret", prévient Michaël Jardin.L’épilogue pourrait être écrit dans les prochaines semaines. Le retour du fret ferroviaire qui semblait acté il y a un an, est aujourd’hui en ballottage défavorable.
Quant aux 500.000 € d’argent public dépensés. Le seront-ils en vain ? « Il n’y a pas d’obligation pour nous de relancer le fret ferroviaire », assure Michaël Jardin. Arnaud Provenchère, vice-président du syndicat ne dit pas autre chose à une nuance près : "On est sur un contrat moral."
Yann Terrat