Le lendemain de l'assassinat attribué à Israël d'Ismaïl Haniyeh, l'Iran organise les funérailles du défunt chef du bureau politique du Hamas dans les rues de Téhéran.
En présence de l'ayatollah Ali Khamenei, du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian et des délégations palestiniennes et libanaises, une prière a été organisée pour rendre hommage à Ismaïl Haniyeh ainsi qu'à son garde du corps Wasim Abu Shaaban, également tué dans la nuit du 30 au 31 juillet.
Le cercueil du chef du bureau politique du Hamas a défilé dans les rues de la capitale iranienne, non loin de l'université de Téhéran. Des portraits du défunt et de nombreux drapeaux de la Palestine étaient hissés pour l'occasion. La dépouille d'Ismaïl Haniyeh doit être inhumée le 2 août au Qatar, pays ou il résidait depuis 2017.
Le dirigeant assassiné n'était ni plus ni moins que la vitrine politique et diplomatique du Hamas. Depuis le 7 octobre, il multipliait les contacts avec les médiateurs qataris et égyptiens et se rendait régulièrement à Ankara ou à Téhéran pour s'assurer du maintien du soutien au mouvement gazaoui. Âgé de 61 ans, le chef du bureau politique vivait en exil depuis 2017. Nommé à la tête du Hamas, il avait été reconduit à ce poste en 2021.
Selon «des observateurs» cités par L'Orient-Le Jour, Ismaïl Haniyeh aurait pu ne pas être le décideur de l'opération du Hamas le 7 octobre dernier, voire même aurait pu avoir été tenu à l'écart des préparatifs, ce qui témoignerait d'un éventuel clivage entre l'aile militaire présente à Gaza et l'aile politique à l'extérieur de l'enclave gazaouie.
Haniyeh est né dans le camp de réfugiés de Chati en 1962, dans le nord de la bande de Gaza. Après avoir fait des études de littérature arabe à l’université islamique de Gaza, il participe à la première intifada (soulèvement en arabe) contre l'occupation israélienne en 1987. Il purge plusieurs mois en prisons pour avoir participer à des actions armées contre Tsahal. Il est envoyé en exil au sud-Liban en 1992, ou il tisse ses premiers contacts avec le Hezbollah libanais. Ismaïl Haniyeh est alors également proche du fondateur du Hamas, le cheikh Yassine, dont il devient le secrétaire en 1997. Il gravit les échelons au sein de l'échiquier politique et devient brièvement le Premier ministre de l'Autorité palestinienne en 2006, ce qui entraînera une guerre fratricide avec le Fatah.
Puis il devient le chef du Hamas à Gaza de 2007 à 2014 et vit en exil au Qatar depuis 2017. Son assassinat pose la question de sa succession. Qui dirigera le bureau politique à l'étranger? Le nom de Khaled Mechaal revient souvent pour reprendre la tête du mouvement, lui qui avait occupé cette fonction avec Ismaïl Haniyeh. Il est également basé au Qatar depuis 2012. Les noms de Khalil al-Hayya, numéro deux du mouvement résidant aussi dans l'émirat qatari, et Moussa Abou Marzouk, un haut dirigeant du mouvement ayant habité en Égypte et aux États-Unis, circulent aussi.