. 2003-2004: Rouen et l'Insep, la "découverte"
A seulement 14 ans, le Guadeloupéen Teddy Riner intègre le Pôle Espoirs de Rouen. De ce "passage express", le champion de 35 ans retient aujourd'hui "la découverte, les premiers effets du haut niveau", explique-t-il à l'AFP.
Un an après, en 2004, le judoka plonge cette fois dans le grand bain: l'Insep, lieu de l'excellence du sport français: "C'est une fierté, de rentrer à l'Insep, de se dire que je suis parmi les grands, sur le même banc d'école que certains".
S'il avait à gérer "beaucoup d'excitation", l'adolescent se rappelle surtout avoir dû "calmer (s)es parents pour leur dire +ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer+".
A cet âge, ce n'était "pas évident" pour ses parents "de laisser leur enfant aller dans cette machine à compresseur qu'est l'Insep".
. 2007: premier titre mondial, "ça ne s'oublie pas"
Avant de s'engager à l'Arena Champ-de-Mars vendredi, Teddy Riner a pris part à 270 combats depuis 2006, pour seulement 10 défaites, selon le site spécialisé judoinside. De toutes ces victoires, s'il ne fallait en retenir qu'une, "ce serait mon premier titre mondial, en 2007", choisit-il.
Contre le Russe Tamerlan Tmenov, double médaillé olympique "qui à l'époque était un monument dans le judo", Riner devient alors à 18 ans le plus jeune champion du monde.
"Ça ne s'oublie pas", sourit-il. "Je l'ai battu, mais c'est surtout les consignes que j'avais avant de monter. On m'avait dit que pendant 2 minutes 30, j'allais prendre la foudre. Et à 2 minutes 30, je trouve la solution, c'est magnifique".
En battant également en demi-finale le champion olympique 2000 japonais Kosei Inoue, le Français monte déjà sur la grande scène internationale, avant de la dominer totalement.
. 2012-2016: deux sacres olympiques, comme "sur un rail"
Après sa médaille de bronze aux JO-2008 de Pékin, le Guadeloupéen obtient le titre ultime à Londres en 2012, puis récidive en 2016.
A cette période, "on est sur un rail, j'ai les bons entraîneurs, je sais où je vais, je suis un fonceur, première médaille, deuxième médaille olympique".
En 2012 à Londres, il bat en finale le Russe Alexander Mikhaylin, double champion du monde, un "énorme souvenir". C'était "n'importe quoi dans la salle, le public était à fond pour moi". Un avant goût de Paris-2024 ?
Quatre ans après, c'est le Japonais Hisayoshi Harasawa qu'il domine en finale. Mais "c'est après, où on ne sait pas trop. Qu'est-ce qu'on fait? Où on va?", questionne-t-il.
Après une pause, il revient fin 2017 pour porter à dix le nombre de ses titres mondiaux. Puis s'arrête à nouveau, toute l'année 2018 jusqu'à mi-2019.
. 2020-2021: l'invincibilité perdue, "on encaisse"
Le 9 février 2020, au 3e tour du Grand Chelem de Paris, le Japonais Kokoro Kageura met fin brutalement à dix ans d'invincibilité, soit 154 victoires d'affilée pour le géant français.
A ce moment, "je me dis, c'est ça que ça fait de perdre", se remémore le judoka, "je me dis, ok, on encaisse, on essaie de comprendre pourquoi, et puis après, on se remet au boulot".
Le 30 juillet 2021 à Tokyo, la déflagration est plus grande encore quand le Français perd contre le Russe Tamerlan Bashaev en quart des JO en prolongation: "c'est compliqué de perdre de cette manière-là, après, les Jeux, c'est les Jeux, et heureusement qu'il y a la médaille de bronze derrière pour rebondir".
Pour Riner, qui se consolera aussi le lendemain avec l'or par équipes mixtes, "même les échecs ont fait partie de ma carrière".
"Tout ce qui m'est arrivé m'a permis d'être ce que je suis aujourd'hui, sinon j'aurais déjà arrêté, ça ne m'aurait pas donné une seconde vie dans le judo", assure-t-il.
Invaincu depuis les derniers JO, un onzième titre mondial à la clé en 2023, Riner a tout pour, désormais, écrire le plus beau chapitre de sa carrière le 2 août devant son public.