Ce qui devait arriver arriva. En novembre dernier, Benjamin Netanyahou avait ordonné au Mossad d'éliminer les chefs du Hamas «partout où ils se trouvent». Le leader politique du Hamas a été assassiné par un drone dans la capitale iranienne dans la nuit du 30 au 31 juillet. Cette perte pour le mouvement islamiste gazaoui entraînera-t-elle de profonds changements à l'échelle régionale ?
Les médias iraniens l’ont annoncé peu avant 6 heures du matin, et le Hamas l’a rapidement confirmé. Le chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué avec un de ses gardes du corps dans une frappe imputée à Israël à Téhéran, où il venait de rencontrer le guide suprême Ali Khamenei et d’assister à la cérémonie d'investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. Cet assassinat paraît être un message clair adressé à «l'axe de la résistance» piloté par Téhéran.
L'assassinat du chef du bureau politique du Hamas est un coup dur pour les négociations en vue d'un cessez-le-feu et de la libération des otages encore aux mains du groupe armé palestinien. En effet, Ismaïl Haniyeh, à la tête du bureau politique depuis 2017, était chargé de diriger les négociations avec les pays médiateurs, notamment l'Égypte et le Qatar, et multipliait les déplacements à Ankara et Téhéran pour s'assurer du soutien envers le groupe islamiste palestinien.
Doha, par l'intermédiaire du chef de sa diplomatie, s'est interrogé sur l'opportunité de poursuivre la médiation entre Israël et le Hamas. Sur X, le cheikh Mohammed ben Abdelrahman a déclaré que «les assassinats politiques et le fait que des civils continuent d'être pris pour cible à Gaza nous amènent à nous demander comment une médiation peut réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre partie».
Mais le véritable homme de l'ombre du parti gazaoui est Yahya Sinwar qui est toujours dans l'enclave palestinienne. D'ailleurs, un responsable et ancien porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a déclaré que l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh représentait «une grave escalade, qui n’atteindra pas ses objectifs», rapporte L'Orient-Le Jour.
La question sous-jacente est également de savoir si l'Iran, pays hôte d'Ismaël Haniyeh, va répondre. Ce n'est pas la première fois que Téhéran est frappé directement. En 2022, un haut gradé du Corps des gardiens de la révolution a été tué dans sa voiture en plein Téhéran, et avant lui Mohsen Fakhrizadeh, un responsable scientifique du programme nucléaire iranien, deux ans plus tôt.
Mais l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh intervient surtout dans un contexte de montée des tensions entre l'Iran et Israël. En réponse à une frappe sur son annexe consulaire à Damas ayant tué un haut responsable des pasdaran, Mohammad Reza Zahedi, Téhéran avait envoyé le 13 avril plus de 300 projectiles contre Israël, pour la plupart interceptés. L'effort diplomatique de nombreux pays avait finalement calmé la situation qui risquait d'entraîner la région dans une escalade incontrôlable.
D'après des informations du New York Times, peu de temps après l'assassinat d'Ismaël Haniyeh, l'Iran a tenu une réunion d'urgence de son Conseil suprême de sécurité nationale à la résidence du guide suprême, en présence du commandant des forces Al-Qods, un événement qui se produit dans des circonstances extraordinaires.
«Avec cet acte, le régime sioniste criminel et terroriste a préparé le terrain à un châtiment sévère pour lui-même, et nous considérons qu'il est de notre devoir de venger le sang (de Haniyeh) qui a été versé sur le territoire de la République islamique d'Iran», a-t-il encore déclaré dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle Irna.