Les champions olympiques en titre ont encore leur destin en main dans un format qui n'écrème que deux équipes par poule avant les quarts de finale.
Mais la victoire est quasi impérative face à des Egyptiens deux longueurs devant (4e, 2 pts), avant d'affronter l'Argentine (0 pts) et la Hongrie (3e, 2 pts).
"Si on ne gagne pas, on est mal barrés", a convenu le sélectionneur Guillaume Gille.
. Un état d'esprit à soigner
Pour écarter les rugueux Egyptiens candidats au podium, les Bleus devront chasser les idées noires qui pourraient s'amonceler dans leurs têtes après ces deux revers devant leur public.
Les joueurs et Gille ont balayé l'idée selon laquelle ils pourraient être inhibés par la pression de disputer des Jeux à domicile.
Mais pour Elohim Prandi, les Bleus ne puisent pas dans le bruyant soutien maison la force nécessaire: "J'ai l'impression qu'on joue pour jouer. Je ne ressens pas qu'on joue les Jeux chez nous, devant notre public."
Il leur faut se libérer - "qu'on lâche les chevaux" a lancé Ludovic Fabregas - et rester soudés. "La question maintenant c'est +comment on va rebondir ?+ Est-ce qu'on va exploser en vol ou se resserrer encore plus ?" a ainsi lancé le gardien Vincent Gérard.
. Des cadres à raccrocher
Gille est lui persuadé de la "force et de la capacité à réagir" de ses joueurs, ses cadres en premier lieu.
"Les joueurs expérimentés ont un rôle important. Je suis vice-capitaine, c'est aussi ma responsabilité d'avancer avec les mecs, de plus parler, donner mon avis et d'avoir ce côté plus leader" a estimé Fabregas.
"Quand on a des responsabilités, on les a dans les bons et mauvais moments. Je suis l'un de ceux qui doivent porter le collectif dans ces moments compliqués" a-t-il ajouté.
Le meilleur pivot du monde est également attendu au tournant individuellement, après deux matches compliqués (5 buts sur 8 tirs seulement). Il n'est pas le seul cadre dans ce cas: à l'exception de Gérard et de Dika Mem, aucun n'évolue à son niveau (Nikola Karabatic, Nedim Remili, Hugo Descat...).
"Avoir de tels écarts de performances nous prive d'avoir pu jouer un rôle" contre la Norvège, a reconnu Gille.
. Un jeu à régler
Ballons perdus et parfois jetés en l'air, mauvais timings de passes et de courses, tirs faciles hors cadre: comment le jeu des Bleus a-t-il pu se déliter à ce point depuis le titre de champion d'Europe fin janvier ?
Gille avance comme explication une préparation lors de laquelle les trois titulaires de la base arrière (Nikola Karabatic, Remili et Mem), celle qui orchestre le jeu, n'ont pu être alignés ensemble lors des trois matches disputés (dont un de "familiarisation", non officiel) en raison de pépins physiques successifs.
"Je pense que l'on paie un peu cette fin de préparation avec les gauchers (Remili et Mem) sur le flanc dans une période où l'accent était beaucoup mis sur le handball. On n'a pas pu jouer avec ceux le plus régulièrement mis sur le terrain. On sent que dans nos enclenchements, nos options de jeu, on manque de repères" a souligné le sélectionneur.
Les Bleus commettent de grossières erreurs et approximations, parfois par excès de précipitation, selon Remili: "On ne répare pas un échec (une mauvaise action) en jouant vite, du coup on appuie trop sur l'accélérateur. Il faut aussi savoir temporiser."
Ils déploient par ailleurs un jeu souvent stéréotypé, prévisible pour l'adversaire.
"On est en train de s'entêter à jouer un jeu qui n'est pas le nôtre. Les défenses nous amènent à faire ce qu'elles veulent, à hésiter, à prendre des shoots compliqués" a affirmé Prandi.
Retrouver confiance et automatismes passera par un choc de simplification selon Nikola Karabatic: "Il va falloir repartir de la base, de tout en bas, se concentrer sur des choses simples."