Après plus de dix ans d'une politique monétaire ultra-accommodante, la BoJ avait entamé un lent resserrement monétaire en mars dernier avec une étape décisive: son premier relèvement en 17 ans (à entre 0% et 0,1%), qui signait la fin des taux négatifs en place depuis 2016.
Son gouverneur, Kazuo Ueda, avait cependant soumis toute nouvelle hausse de taux à la réalisation d'une inflation stable autour de 2%, inscrite dans un cercle vertueux entre augmentations salariales, hausse de la consommation et croissance économique.
Celle-ci est désormais davantage en vue, selon les nouvelles prévisions annoncées mercredi par la BoJ, qui a noté dans son communiqué "un renforcement des mouvements visant à refléter les augmentations de salaires dans les prix de vente".
"Dans ces conditions, la Banque a jugé approprié d'ajuster le degré d'assouplissement monétaire dans la perspective d'une réalisation durable et stable" de son objectif de stabilité des prix, a-t-elle souligné.
A l'avenir, "si les perspectives d'évolution de l'activité économique et des prix se réalisent, la Banque continuera de relever son taux directeur", a-t-elle ajouté.
Une hausse de taux supplémentaire pourrait ainsi être au menu dès octobre prochain, a estimé Marcel Thieliant de Capital Economics.
Pression pour agir face à la chute du yen
La BoJ était notamment sous pression du gouvernement pour agir afin d'enrayer la chute du yen, liée au grand écart persistant entre les taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) et ceux de la BoJ, et redevenue problématique ces derniers mois.
Le ministre japonais du Numérique et "Premier ministrable" Taro Kono a ainsi jugé ce mois-ci que la BoJ devrait monter ses taux pour soutenir sa monnaie, suivi quelques jours plus tard d'un appel similaire du numéro deux du parti au pouvoir.
La devise nippone a atteint début juillet un nouveau plus bas face au dollar, avant de remonter nettement sous l'action combinée de spéculations sur une baisse de taux de la Fed dès septembre et un resserrement monétaire de la BoJ, et d'interventions supposées du gouvernement sur le marché des changes.
Le yen restait relativement stable après l'annonce de la BoJ, largement anticipée par le marché. Le dollar s'échangeait pour 152,60 yens vers 05H00 GMT.
Une appréciation soutenue de la devise japonaise sous les 150 yens pour un dollar reste "peu probable, à moins d'une augmentation significative des risques de récession économique aux États-Unis ou d'un virage radicalement accommodant de la part de la Fed", a commenté Charu Chanana, stratégiste devises chez Saxo Capital Markets.
La Fed devait s'exprimer plus tard mercredi à l'issue de sa réunion monétaire, le marché s'attendant à ce qu'elle commence à baisser ses taux en septembre.
Vers des achats d'actifs divisés par deux
La BoJ a légèrement abaissé mercredi son objectif de hausse des prix à la consommation (hors produits frais) sur l'exercice 2024/25 entamé le 1er avril, à 2,5% contre 2,8% lors de ses dernières projections en avril.
Elle a cependant annoncé tabler sur une inflation de 2,1% en 2025/26, contre 1,9% précédemment, dépassant pour la première fois son projet à long terme de 2%. Pour 2026/27, elle a maintenu son estimation de 1,9% d'inflation.
La banque centrale nippone a par ailleurs détaillé son plan de réduction de ses massifs achats d'obligations publiques japonaises (JGB), actuellement autour de 6.000 milliards de yens par mois (36 milliards d'euros).
Elle compte ainsi réduire son volume d'achats mensuels d'environ 400 milliards de yens par trimestre, pour arriver autour de 3.000 milliards de yens d'ici janvier-mars 2026, a-t-elle expliqué mercredi.
La BoJ avait annoncé le mois dernier vouloir sortir progressivement de ce programme dit d'assouplissement quantitatif, un moyen pour elle d'injecter des liquidités dans l'économie nippone pour stimuler l'activité et lutter contre le risque de déflation.
L'institution détient plus de 50% des JGB en circulation, ce qui biaise le marché et complique la bonne transmission de sa politique monétaire. L'ensemble des actifs au bilan de la BoJ dépasse même le montant du PIB annuel nippon.