Le tribunal a pris cette décision, assortie d'une période d'observation de six mois et de la nomination d'un administrateur judiciaire et d'un mandataire judiciaire, "pour permettre une saison en N1 amateur" du club récemment rétrogradé de Ligue 2 au National 1 (3e division), selon le délibéré prononcé à l'audience.
En gelant les dettes, le temps de parvenir à un plan de continuation de l'activité, elle évite la liquidation judiciaire du club sextuple champion de France, qui avait déjà subi ce triste sort en 1991.
"C'est une décision qui permet la relance du club. On évite ainsi la liquidation judiciaire et ça c'est fondamental", a réagi l'avocat des Girondins, Me Laurent Cotret, sorti sous les huées de supporters qui ont crié "escroc" ou encore "Gérard casse toi".
"Le tribunal a constaté que les éléments qui lui ont été apportés permettaient un redémarrage", a-t-il ajouté, précisant que M. Lopez avait "permis d'abonder suffisamment pour que l'on boucle ce budget que nous représenterons jeudi devant la Fédération française de football", sans donner de montant exact.
Plan social
Le club a rendez-vous jeudi devant la DNCG fédérale.
Le comité exécutif de la FFF devra ensuite décider si les Girondins pourront repartir en National, où ils ont déjà été rétrogradés par la Ligue professionnelle (LFP), plutôt qu'en National 2 (4e div.), alors que les règlements de la LFP prévoient qu'un club en redressement judiciaire soit "rétrogradé dans la division immédiatement inférieure à celle pour laquelle il aurait été sportivement qualifié la saison suivante".
Dans un communiqué, le CSE du club a déclaré s'être abstenu de tout avis sur cette demande de redressement judiciaire, jugeant les éléments présentés par la direction "insuffisants" et déplorant une "gestion sportive et économique inconséquente".
"Les emplois seront massivement ou totalement supprimés", regrette le CSE, qui représente les salariés du club (90 administratifs en plus des joueurs sous contrat).
Me Cotret a évoqué un "plan social et différentes mesures" dans le cadre du plan de redressement que la direction va présenter pour "payer le passif et assurer la pérennité de l'entreprise", à qui il manquait 42 millions d'euros pour repartir en L2.
La semaine dernière, le club a renoncé à son statut professionnel, espérant alléger sa masse salariale avec le départ de ses joueurs sous contrat pro et la dissolution de son réputé centre de formation.
Troyes repêché en L2
Environ 200 supporters ont manifesté mardi devant le tribunal de commerce pour réclamer le départ de Gerard Lopez, arrivé en 2021.
"On est là pour montrer notre soutien aux salariés et on essaie de pousser Gerard Lopez vers la sortie", a expliqué à l'AFP Loïk Mao, un étudiant de 21 ans.
Le groupe de supporters des Ultramarines a également jugé dimanche dans un communiqué que le futur des Girondins devait "s'écrire sans Gerard Lopez".
Le CSE a aussi appelé à un "nouveau projet avec des bases saines".
La piste d'une société coopérative associant supporters et collectivités comme à Sochaux, évoquée par certains, comme le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic, a été relancée mardi par une association nommée "Toujours Girondins".
Ce collectif assure travailler à une reprise du club avec le soutien "d'anciens joueurs, d'anciens dirigeants, d'investisseurs locaux" qu'il ne cite pas.
"L'association Toujours Girondins a pu présenter (son projet) à la mairie de Bordeaux ainsi qu'à la Métropole. Nous continuons à travailler activement afin d'être en mesure de présenter le projet le plus abouti possible", fait-elle valoir.
La DNCG a par ailleurs indiqué mardi n'avoir pris "aucune mesure" à l'encontre de Troyes, 17e de L2 et initialement rétrogradé en National, "dans le cadre de son repêchage en championnat Ligue 2 BKT", "sous réserve du maintien" de son "statut professionnel".