"Un sacre au goût de revanche." Le 8 novembre 2022, Le Monde retrace dans ses colonnes l’exploit réalisé quelques heures plus tôt par Caroline Garcia. Dans la nuit, au Texas, la joueuse de tennis a remporté le Masters WTA, en s’imposant en deux sets face à la Biélorusse Aryna Sabalenka. La Lyonnaise est seulement la deuxième française à gagner ce tournoi majeur, dix-sept ans après Amélie Mauresmo.
Avec cette victoire, Caroline Garcia devient quatrième joueuse mondiale et termine en apothéose une saison aussi spectaculaire qu’inattendue. Classée 74e début 2022 après plusieurs années compliquées, la tenniswoman s’offre Roland-Garros en double avec Kristina Mladenovic, un titre WTA à Bad Homburg (Allemagne), un autre à Cincinnati (États-Unis), avant de se hisser pour la première fois en demi-finale de l’US Open. Une véritable résurrection pour celle qui n’avait connu les montagnes russes en matière de résultats.
En 2011, la révélation au grand publicNée en 1993 dans les Yvelines, Caroline Garcia commence le tennis à l’âge de 9 ans, à l’ASUL Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon (Rhône). Gamine frêle, elle se distingue déjà par un jeu agressif. Les parents Garcia, Louis-Paul et Mylène, aménagent leur emploi du temps pour suivre l’éclosion sportive de leur fille unique.
Vers 15 ans, elle s’envole en Amérique du Sud pour une première tournée. Avant d’enchaîner les tournois, sous l’égide de Louis-Paul Garcia, le père devenu coach. "Elle a été très forte, très jeune. Mais elle n’explosait pas tout le monde, comme Richard Gasquet ou Alizé Cornet qui étaient les grands espoirs", retrace Ilias Grandjean, journaliste spécialiste du tennis.
C’est en 2011 que le grand public découvre véritablement Caroline Garcia. Elle a 17 ans. Sur le court central de Roland-Garros, la joueuse française malmène l’immense Maria Sharapova 6-3, 4-1. "La fille que Sharapova joue va être numéro une mondiale un jour", tweete alors le champion écossais Andy Murray. La Lyonnaise finira par s’incliner face à la Russe, mais la renommée est faite.
Un style de jeu très risquéCaroline Garcia n’a pour l’instant jamais été au sommet du classement mondial. Elle n’en reste pas moins la meilleure Française. Malgré un manque de régularité qui l’a parfois freinée. À l’image de cette année 2022 si particulière, la carrière de la joueuse est faite de coups d’éclats, mais aussi de passages à vide.
"Quand elle est en forme, Caroline Garcia est une des meilleures joueuses du monde. Elle peut battre n’importe qui", reprend Ilias Grandjean.
Par contre, il n’y a pas de plan B. Quand il y a un petit grain de sable, le mental prend un coup, et il n’y a plus une balle dedans.
Des résultats contrastés qui tiennent notamment à un style de jeu, agressif, tourné vers l’avant et "extrêmement risqué".
Mais c’est ce même style de jeu qui lui a permis de gagner douze titres. "Ça fait quinze ans que je joue comme ça. J’ai envie de garder mon identité", lâche-t-elle en mai, après une défaite précoce à Roland-Garros. Caroline Garcia mêle "discrétion et sincérité", selon Frédéric Verdier, qui commente le tennis sur Eurosport pendant les Jeux. "Elle partage beaucoup ses émotions sur le court, on voit quand ça va et quand ça ne va pas. Comme elle a un jeu à haut risque, elle dépend énormément de sa confiance."
Malgré une nouvelle sortie de route prématurée samedi 27 juillet, la joueuse veut encore montrer sa capacité de rebond. "Elle a 30 ans, elle n’est pas en fin de carrière. Physiquement, c’est une athlète, elle a complètement la possibilité de revenir à un très bon niveau. C’est loin d’être terminé", considère le journaliste Ilias Grandjean.
Le défi est immense. Caroline Garcia n’a jamais brillé aux JO. À Paris, pour sûrement ses derniers Jeux, elle a donc quitté le tournoi de simple dès son entrée en lice face à la Roumaine Jaqueline Cristian (7-5, 3-6, 4-6). Frédéric Verdier lui donne une chance de podium en double mixte avec Edouard Roger-Vasselin. "Si Caroline est médaillée, elle aura écrit le plus beau chapitre de sa vie."
Sophie Bardin