Pour sa notation de juillet 2024, GCR ratings (GCR) a attribué à nouveau la note d’émetteur de long terme A(WU) décernée il y a un an à la société Servair Abidjan. GCR a également attribué à nouveau la note d’émetteur de court terme A1(WU). En revanche, la perspective attachée à ces deux notes est en évolution alors qu’elle était stable il y a un an.
« La notation de Servair Abidjan repose sur sa situation financière saine, caractérisée par des marges robustes et par une politique d'endettement prudente qui favorise une solide flexibilité financière », souligne GCR. Selon l’agence, la société affiche une capacité élevée à générer des flux de trésorerie opérationnels substantiels, suffisants pour financer ses investissements et verser des dividendes, réduisant ainsi le besoin de recourir à l'endettement et lui assurant un coussin de liquidité confortable. En outre, la position concurrentielle de Servair Abidjan est renforcée par la signature en 2024 d'un accord avec le gouvernement ivoirien pour le renouvellement du contrat de concession de service public, offrant une meilleure visibilité sur la pérennité de ses activités de catering aérien, représentant 79 % de ses revenus.
« Cependant, fait savoir GCR, l'affiliation de Servair Abidjan à Gategroup, dont la qualité de crédit est limitée, exerce une contrainte sur la notation de la société. »
Le profil financier solide de Servair Abidjan constitue la principale force de sa notation. Selon l’équipe de notation, en 2023, les revenus de la société demeurent élevés à 11 245 millions de FCFA ($18,23 millions), bien que la tendance haussière amorcée en 2021 ait ralenti en 2023 (31 décembre 2023 : +4,2% ; 31 décembre 2022 : +29 % ; 31 décembre 2021 : +46,8 %), en raison de la réduction de la contribution du segment non aérien suite au transfert de l'activité FOXTROT à la filiale SAB RESTOCO et à l’arrêt de certains contrats à fin 2022 (SPAC et CME). Dans sa fiche de notation, GCR est d’avis que bien que le chiffre d'affaires soit ressorti encore inférieur aux niveaux prépandémie, la marge d'EBITDA est restée stable grâce à l'amélioration continue de la structure des coûts, et ce malgré les pressions inflationnistes sur les coûts salariaux et énergétiques. Mécaniquement, avance encore GCR, la marge d'exploitation est demeurée robuste, s'établissant à 16,6%, avec toutefois une baisse limitée de 4% sans impact sur la marge nette qui s'élève à 11,9% pour l'exercice 2023 (31 décembre 2022 : 11,7% ; 31 décembre 2021 : 11,4%). GCR estime que la tendance haussière des revenus se maintiendra dans les 12 à 18 prochains mois, bénéficiant de la forte fréquentation de l'Aéroport d'Abidjan durant la Coupe d'Afrique des Nations de football, ainsi que du déploiement d'une stratégie de développement du segment non aérien.
Cependant, GCR est d’avis que la poursuite de la progression des marges dépendra de la capacité de Servair Abidjan à maîtriser les pressions inflationnistes sur ses coûts. La flexibilité financière de la société est jugée globalement solide, soutenue par une gestion prudente de l'endettement. La société affiche une capacité élevée à générer des flux de trésorerie opérationnels substantiels, suffisants, selon GCR, pour financer ses investissements et verser des dividendes, réduisant ainsi le besoin de recourir à l'endettement.
En 2023, le ratio dettes brutes/EBITDA s'établit à 0,2x, illustrant la capacité de l'entreprise à couvrir ses engagements financiers sans recourir à l'endettement. De plus, le taux de couverture des charges d'intérêt par l'EBITDA reste élevé, atteignant 142,3x en 2023. Selon GCR, la société ne prévoit pas de modifier sa politique d’endettement au cours des 12 à 18 prochains mois, ce qui devrait continuer à soutenir sa solide flexibilité financière. La liquidité de Servair Abidjan est particulièrement robuste, avec des réserves de liquidité substantielles qui lui permettent d’afficher un excellent taux de couverture de ses besoins en liquidité en 2023. Servair Abidjan est une entreprise spécialisée dans le catering aérien.
Le renouvellement en 2024 de son contrat de concession de service public par l’Etat ivoirien lui permet de rester le seul concessionnaire des services de catering et de handling sur la plateforme aéroportuaire d’Abidjan jusqu’en 2029. Cependant, GCR constate que cette solide position concurrentielle est affaiblie par la concentration du segment aérien sur un nombre restreint de compagnies aériennes ainsi que par le retard pris par la société dans la mise en œuvre de la stratégie de diversification de ses revenus via un positionnement sur le hors-aérien en raison d’une concurrence agressive et parfois déloyale. GCR estime que le monopole de droit sur le catering aérien et le handling ne devrait pas être impacté dans les 12 à 18 prochains mois par la pratique du double emport de certaines compagnies aériennes. Selon toujours GCR, l’intégration de Servair Abidjan au sein de Gategroup, leader mondial du catering aérien, permet à la société de tirer parti d’avantages synergiques et un soutien opérationnel substantiel offert par le groupe. Cependant, GCR intègre dans la notation de la société un ajustement pour tenir compte de la qualité de crédit relativement modeste de Gategroup.
Concernant la perspective en évolution, GCR est d’avis qu’elle reflète l’opinion selon laquelle Servair Abidjan devrait continuer à tirer profit de sa solide position concurrentielle sur le marché ivoirien du catering aérien afin d’accroitre ses revenus et stabiliser ses marges. « En outre, souligne GCR, la flexibilité financière et la liquidité de la société devraient rester à un niveau satisfaisant. » Cependant, l’équipe de GCR note que l’évolution à la hausse ou à la baisse de la notation intrinsèque de Servair Abidjan reste contraint par la qualité de crédit relativement limitée de Gategroup.
Selon GCR, un rehaussement de la notation de Servair Abidjan serait tributaire de : i) l’amélioration des marges du restaurateur soutenues par une maitrise de ses charges opérationnelles, sachant que les prix facturés aux clients sont peu susceptibles d’ajustement à la hausse ; ii) d’une hausse du trafic aérien sur la plateforme aéroportuaire d’Abidjan qui se traduirait par des revenus haussiers de l’activité de catering aérien ; iii) du succès de sa stratégie de diversification dans le segment non-aérien, à même de réduire la concentration de son portefeuille de clients et améliorer la contribution de ce segment aux revenus générés et iv) de l’amélioration de la qualité de crédit de Gategroup.
Par contre, un abaissement de la notation serait la conséquence de : i) d’une contraction de ses marges en raison d’une hausse importante de ses charges opérationnelles ; ii) d’une baisse structurelle de ses revenus en raison d’une baisse du trafic aérien sur la plateforme aéroportuaire d’Abidjan ; ou iii) de l’échec de la stratégie de diversification dans le segment hors-aérien qui se traduirait par une baisse significative de la contribution de ce segment aux revenus générés ; et iv) d’une détérioration de la qualité de crédit de Gategroup.
Oumar Nourou