Ce dimanche 28 juillet à 9h02, Antonin Chapot (1043 – Bip Bip) a franchi la ligne d’arrivée de la première étape de la Les Sables – Les Açores – Les Sables, terminant ainsi premier chez les bateaux de Série avec une avance d’une soixantaine de milles sur ses plus proches poursuivants. Une avance importante qui pourrait bien se transformer en avance colossale puisque de la pétole est annoncée toute la journée sur l’archipel Portugais. Le skipper, qui visait un Top 5 au départ après ses victoires cette saison dans la Roma Barcelona puis la Roma Per Duo en double avec Aglaé Ribon, pourrait bien avoir d’ores et déjà plié le match même s’il préfère ne pas s’emballer avant l’étape retour. Ses premières impressions.
Quel est votre premier ressenti après cette victoire d’étape ?
« C’est trop cool ! Je suis bien parti, dans le bon groupe. Au niveau du DST du cap Finisterre, je pense que certains sont partis un peu trop sud et se sont envoyés dans des conditions trop fortes, notamment au niveau de la mer. De mon côté, j’ai empanné avant. Je sais que ça s’est joué sur la speed et la trajectoire mais je n’ai pas du tout suivi ce que les autres ont fait. En début de semaine, quand j’ai entendu à la vacation que j’avais 80 milles d’avance sur le deuxième puis qu’à la vacation suivante, j’en avais même 120, ça a été la surprise. Je ne comprenais pas du tout ce qui se passait. Je pensais que ça allait revenir à un moment. Je savais que je devais traverser l’anticyclone. J’imaginais donc que ça pouvait se rééquilibrer. C’était tellement fou ! Je n’ai pas écouté les dernières vacations. A la fin, je ne savais pas trop si les autres étaient loin ou pas. J’avais quelques doutes mais pas trop non plus à vrai dire. »
Vous avez pris les commandes le 22 juillet dernier pour ne plus les lâcher. Pourtant les conditions ont été très variées et, jusqu’au bout, l’étape n’a pas été simple…
« Cette étape a été incroyable ! Franchement, il y a eu plein de moments d’euphorie et plein de moments de dingue, comme aller chercher le premier front ou débouler au reaching dans 40 nœuds de vent ! Les derniers milles ont été hyper longs. Quand on passe les premières îles, on pense être arrivé mais en fait non, il reste 100 milles et il n’y a pas de vent ! C’est l’horreur mais on sait que tout le monde y passe. C’était clairement une course assez folle. C’est peut-être une des premières fois en course où je ne me suis jamais posé de questions de savoir où étaient les autres. Sans doute parce que je ne les voyais pas à l’AIS. Je me suis vraiment focalisé sur moi et sur mon bateau. J’ai fait ma course et mon petit chemin en faisant abstraction du reste, et c’est ce qui a marché ! »
On comprend que vous avez éprouvé beaucoup de plaisir…
« Franchement, je me suis régalé ! Au niveau du cap Finisterre, ça a dépoté fort ! J’ai atteint des vitesses folles ! Des vitesses que j’avais déjà tenues en pointe mais jamais de manière constante pendant plusieurs minutes ! C’était assez incroyable et même parfois un peu trop. A certains moments, j’ai dû calmer le jeu pour manger et boire un coup car je ne pouvais pas lâcher la barre. Etonnement, je ne termine pas si fatigué que ça. Je n’ai pas dormi du tout dans la pétole des dernières 48 heures, ou peut-être une heure tout au plus. En mer, je me force toujours à beaucoup dormir. Je pense que ça paie pas mal, notamment sur la fin, là où il ne faut pas craquer, où les conditions sont plus compliquées et où la fatigue pèse vraiment. »
Vous avez gagné deux régates en Méditerranée cette année mais c’est la première fois que vous remportez une grande course. On vous sent presque un peu surpris ?
« Un peu, c’est vrai. Au départ, l’objectif pour moi sur cette Les Sables – Les Açores – Les Sables, c’était de terminer dans le Top 5. Je savais qu’il y avait de gros candidats, tous prétendants à la gagne. Je suis content parce qu’ils sont derrière moi sur ce premier acte. A mon sens, ça a vraiment été une histoire de trajectoires au niveau du cap Finisterre. »
Est-ce que vous avez conscience d’avoir, d’une certaine manière, déjà un peu plié le jeu dans cette 10e édition ?
« Pas du tout ! Si j’ai mis 60 milles aux autres sur cette étape aller, ils peuvent faire de même sur l’étape retour ! Une victoire au général, je n’y ai jamais pensé. Maintenant, c’est sûr que mon objectif initial de finir dans les cinq premiers va peut-être évoluer parce que sais qu’il y a possibilité de faire mieux. »