Ce samedi 27 juillet à 12h13 (heure de Paris), Romain Van Enis (969 – Be Sailing) est arrivé à Horta, bouclant ainsi les 1 270 milles de la première étape de la Les Sables – Les Açores – Les Sables en première position chez les Proto (avant jury). Le skipper, qui a constamment navigué aux avant-postes, s’est installé aux commandes de la flotte dans la nuit de mercredi à jeudi avant de se démarquer plus franchement aux abords de l’archipel portugais grâce à une judicieuse option nord des îles. Une option qui lui a permis de distancer de plus de dix milles son poursuivant le plus proche et donc de prendre un certain avantage avant la manche retour. Une option à laquelle il a cru jusqu’au bout après avoir toutefois découvert seulement 24 heures avant son arrivée qu’il était en tête. Récit.
Que ressentez-vous après cette belle victoire d’étape ?
« Avant la vacation d’hier, je ne savais pas du tout que j’étais en tête. Durant la course, je ne voulais pas connaitre le classement, seulement me concentrer sur ma course. A la fin, j’ai essayé une option en passant au nord de Sao Miguel. Je me suis demandé ce que ça allait donner. Lorsque j’ai découvert que j’étais premier, ça a vraiment été la bonne surprise. Franchement, je ne m’y attendais pas du tout mais j’ai gardé la tête froide. Je me suis dit qu’un pointage établit par rapport à la distance au but, ça ne voulait pas forcément dire grand-chose, que les copains plus au sud pouvaient faire une route plus directe que moi. Je savais par ailleurs que Carlos (Manera Pascual) s’était arrêté à La Corogne pour des problèmes de quille mais j’ignorais que Julien (Letissier) avait abandonné lui aussi. J’avais un doute. Je pensais qu’il était devant et qu’il s’était envolé. Je ne pensais vraiment pas être premier. Je n’étais pas là pour ça. Mon but était avant tout de venir à Horta en bateau et prendre un maximum de plaisir sur l’eau. Cela a été le cas et avec cette victoire en prime, le plaisir que je ressens aujourd’hui est infini ! »
Comment avez-vous vécu la course ?
« On a très vite été dedans avec un passage de front dès le lendemain du départ. Dans ce vent fort, je n’étais pas super à l’aise. Le bateau accélérait super fort et avec les foils, au vent travers et avec la houle de face, j’ai préféré ralentir un peu. Quand j’ai vu que quelques Série me rattrapaient, j’ai quand même accéléré un peu mais le but, pour moi, était de ne pas casser le bateau. Au Portugal, pareil, ça allait super vite. Les vagues faisaient surfer les bateaux à des vitesses hallucinantes. Ça allait à plus de 20 nœuds sans rien demander. J’ai fait une demi- journée sous gennak parce que je n’avais pas envie de tout péter. La course a vraiment été super intense même si la fin a été un peu plus cool et assez agréable. »
Quid de la dernière nuit, dans la molle ?
« Ça a été un peu dur mentalement, j’avoue. Après avoir écouté le pointage, je savais que j’avais un truc à jouer. Ça m’a mis un peu de pression. J’ai tenté une option au nord parce que ça me faisait peur d’aller dans le dévent des îles. Je ne voyais personne à l’AIS. Je n’avais aucune idée d’où étaient les autres depuis l’atterrissage sur Sao Miguel. En fin de nuit, j’ai entendu la voix d’Alex (Demange) à la VHF. Il communiquait avec Marie (Gendron) mais je n’entendais pas ses réponses à elle. Il lui disait qu’il me voyait mais, de mon côté, je ne savais pas si j’étais devant ou derrière lui. Ce matin, je l’ai découvert à l’AIS. J’ai vu qu’il était dans le canal entre Sao Jorge et Pico. J’ai pensé qu’il était fou de passer par là et constaté qu’il n’avançait pas très vite. J’ai pensé que c’était parfait pour moi ! »
Cette victoire d’étape fait suite à un excellent début de saison pour vous. Un début de saison avec seulement des podiums…
« Oui et c’est juste magique ! Je vis un rêve ! J’ai pris beaucoup de plaisir sur cette étape entre Les Sables d’Olonne et Horta. Au final, j’ai l’impression d’avoir passé une grande journée en mer. C’est passé hyper vite et c’est vrai que ça a été assez rapide puisque j’ai passé moins de huit jours en mer. Je suis certainement un peu fatigué mais dans l’instant, il y a beaucoup d’excitation. Au large du Portugal, ça a bien tapé dans les vagues. J’ai pris quelques coups sur la tête. Il faut que je vérifie le bateau mais je n’ai vraiment pas eu de soucis. Depuis le début de la saison, il ne me déçoit pas. Je n’ai jamais rien cassé. »
Les trois premiers
Alors que la grande majorité de la flotte de la Les Sables – Les Açores – Les Sables a encore une bonne centaine de milles à parcourir pour rallier Horta, les trois premiers concurrents de la catégorie des Proto ont d’ores et déjà bouclé les 1 270 milles du parcours de la première étape. Le trio gagnant ? Dans l’ordre (avant jury) : Romain Ven Enis (969 – Be Sailing), Alexandre Demange (1048 – DMG MORI Sailing Academy 2) et Marie Gendron (1050 – Léa Nature). Ces trois-là ne se sont quasiment pas quittés d’une semelle pendant la course, hormis à la fin, au moment de l’atterrissage sur les premières îles de l’archipel Portugais. L’un a opté pour une trajectoire nord et les deux autres pour une route sud. Pour finir, tous sont arrivés en l’espace de moins de cinq heures marquant ainsi de précieux points avant l’étape retour. De fait, leurs plus proches poursuivants ne sont pas attendus avant la deuxième partie de nuit prochaine sur la ligne et la pétole annoncée pour la journée de demain sur zone risque bien de générer des écarts colossaux avec certains.
On les attendait tôt ce samedi matin mais la pétole les a cueillis dans la nuit, faisant glisser largement leurs ETA. On avait du mal à savoir qui, de Romain Van Enis au nord ou de la paire Alexandre Demange – Marie Gendron au sud, allait finalement se présenter en premier sur la ligne d’arrivée et rafler la mise. Au final, c’est donc le navigateur belge qui l’a emporté après que le vent se rétablisse au secteur nord-est et lui donne clairement l’avantage. « Avant la vacation d’hier, je ne savais pas du tout que j’étais en tête. J’ai essayé une option en passant au nord de Sao Miguel. Je me suis demandé ce que ça allait donner. Lorsque j’ai découvert que j’étais premier, ça a vraiment été la bonne surprise. Franchement, je ne m’y attendais pas du tout ! », a commenté le concerné à son arrivée, à la mi-journée. « Je savais que Carlos (Manera Pascual) s’était arrêté à La Corogne pour des problèmes de quille mais j’ignorais que Julien (Letissier) avait abandonné lui aussi. Je pensais qu’il était devant et qu’il s’était envolé », a ajouté Romain, déjà vainqueur du Trophée Marie-Agnès Péron cette saison, et actuellement en tête du classement provisoire du Championnat de France de Course au Large Mini 6.50 2024. « Je venais avant tout pour me faire plaisir et profiter du voyage car je n’étais encore jamais venu à Horta. Pour finir, j’ai l’impression d’avoir passé une grande journée en mer. C’est passé hyper vite même si la fin de la course a été un peu dur mentalement, je l’avoue. Le fait de savoir que j’avais un truc à jouer, ça m’a mis un peu de pression », a concédé le solitaire qui n’a pas flanché et qui s’est finalement imposé avec une avance de 1h32 puis de 4h37 sur ses dauphins.
Des écarts monstres à attendre
« Avec de tels écarts, ça va matcher sur le retour ! », promet le skipper deDMG MORI Sailing Academy 2 qui ne s’attendait, lui non plus, pas à sa place à l’arrivée. « Mon objectif premier était de finir. De naviguer simplement et en sécurité. Je n’ai jamais écouté les classements. Je voulais savoir ce qu’était le grand large et là, j’ai fait un beau plongeon dans le grand bain ! J’ai fait le tour de mes émotions une multitude de fois et de manière intense, mais j’ai beaucoup aimé ça », a résumé le régatier qui n’avait, auparavant, jamais passé plus de cinq jours d’affilée, seul en mer. « Avant le départ, j’avais été contrarié par des problèmes techniques. Je suis donc parti stressé comme ce n’est pas permis. Je ne m’attendais pas à ce que ça se termine aussi bien pour moi. Je redoutais aussi un peu la solitude et l’ennui mais j’ai adoré ce que j’ai vécu », a relaté Alexandre qui a finalement soufflé la deuxième place à Marie Gendron dans les toutes dernières heures de course. « Quand Alex m’a dit hier qu’il pensait passer dans le canal entre Sao Jorge et Pico, je ne voulais clairement pas y aller de mon côté. J’ai d’abord tenté de passer au sud de Pico mais je me suis arrêtée dans zéro nœud. Je n’ai finalement pas trop eu d’autres choix que de l’imiter. Une fois dedans, je sentais que si le vent tournait c’était cuit. J’avais hyper peur. Je me disais que si je restais collée, la course était bâchée et qu’il n’y aurait plus de jeu après », a commenté de son côté la skipper de Léa Nature qui est parvenue à boucler le parcours de ce premier acte avec un retard très raisonnable sur le premier. Un écart en tous cas nettement moins handicapant pour la suite de la course que celui que certains risquent d’encaisser. En effet, si les prochains, Robinson Pozzoli (1026 – Uoum) et Félix Oberlé (1019 – Big Bounce) – tout comme le premier Série, Antonin Chapot (1043 – Bip Bip) – ne sont pas attendus à Faial avant la deuxième partie de nuit prochaine, les suivants, eux, sont partis pour voir leur fin de parcours s’éterniser. La raison ? La pétole a décidé de s’inviter à la fête ce dimanche.