Après sa victoire, elle a laissé éclaté sa joie, et ses larmes. Son sourire et ses strass aux dents ont resplendi. Le public était conquis. Elle a couru vers ses proches pour les enlacer. L'Arena champ-de-Mars a chaviré avec elle.
Battue en quart de finale par la grandissime favorite japonaise Tatsumi Tsunoda par ippon, la judoka de 25 ans a su trouver la force de gagner ses deux derniers combats en repêchage puis en match pour le bronze.
Grâce à un soutien inconditionnel du public de l'Arena Champ-de-Mars, à coup de Marseillaise ou d'"Allez Shirine", elle a réalisé son rêve de médaille olympique contre l'Espagnole Laura Martínez Abelenda.
"Marquer l'histoire"
Rebondir, la Gardoise sait faire: elle revient d'une défaite au premier tour il y a trois ans pour ses premiers JO, à Tokyo. "La plus grande désillusion de (sa) carrière", confiait-elle à l'AFP début juillet.
Pour se relever, elle a refusé de "s'apitoyer" sur son sort: "Je ne pouvais pas m'arrêter à ça". Cet "échec" lui a permis de "grandir et d'accomplir plein de choses": déjà championne d'Europe 2020, elle a récidivé en 2022 et 2023 et a pris l'argent aux Mondiaux-2023.
Celle qui rêvait bien sûr de l'or - quel athlète n'en rêve pas ? - avait une autre motivation : "être la première médaille, pas seulement du judo français, mais de toute l'équipe de France! J'ai juste envie de marquer l'histoire".
C'est chose faite en cette fin d'après-midi au dojo monté dans ce Grand Palais éphémère qui trône face à la Tour Eiffel.
Une médaille qu'elle dédie forcément à ses proches, notamment à ses parents, à qui elle doit "tout", et à son oncle, aussi, dans le club duquel elle a commencé le judo à quatre ans.
Grande soeur, "Mini-Corps"
La native d'Aramon a porté le kimono d'abord "pour un peu copier mon père", ensuite simplement parce qu'elle a "kiffé le judo" d'entrée.
Ses parents l'ont soutenue dans ce "jeu" qui prenait de plus en plus de place: "Il fallait m'emmener à droite à gauche, il fallait croire, aussi, au discours d'une petite de 14 ans... et ils y ont cru à fond".
Du pôle Espoirs de Montpellier au pôle France de Marseille puis à l'Insep, lieu de rendez-vous de l'excellence sportive, l'athlète d'1,56 m a gardé un surnom, "Mini-corps": "J'ai toujours été dans les petites catégories, j'avais une petite tête, des petites jambes, je n'étais pas musclée, c'est resté".
Aujourd'hui, la volubile jeune femme se trouve à la fois "persévérante" et "perfectionniste" mais aussi "super solaire, souriante, qui a tout le temps de l'énergie, qui est dans l'euphorie, c'est une force qui me permet d'être épanouie".
Grande sœur de trois frères, Boukli a "un rôle différent" chez les Bleues, étant une des plus jeunes. Sa catégorie n'étant pas présente à la compétition par équipes mixtes samedi prochain, elle va désormais être la "première supportrice" de ses potes des Bleus du judo. Et médaillée olympique à jamais.