La toute première édition de Sport Définition s'est tenue le 5 juin dernier à l'Adidas Arena (Paris 18e). Ce grand rassemblement, dont le but était de réunir l'ensemble de l'écosystème du sport business afin de redéfinir l'économie du sport, a donné lieu à différentes tables rondes, débats et sessions de travail. L'occasion pour Big média de réunir sur son plateau Nathalie Paquet, fondatrice et PDG de Sporty Peppers, Emmanuel Petit, directeur RSE à la Matmut et Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest. Autour de Guillaume Sampic, directeur général de Média 365, nos trois invités ont débattu sur l'impact économique de la pratique (ou de la non-pratique) sportive sur la santé. Extraits.
17 milliards d'euros par an, c'est le coût estimé de la sédentarité en France, d'après une publication du ministère des Sports datée de 2018. Si l'activité physique et sportive possède de nombreux bénéfices pour la santé mentale et physique, l'inactivité entraine des effets nocifs, causant notamment 9 % des décès en France, d'après l'OMS. C'est pourquoi l'activité physique et sportive a été érigée au rang de Grande Cause Nationale 2024 par le Président de la République. L'idée ? Profiter de l'élan des Jeux Olympiques et Paralympiques, qui se déroulent à l'été 2024, pour inciter les Français à adopter des modes de vie moins sédentaires.
Lutter contre la sédentarité à tout prix" Au niveau de la santé, il faut différencier l'inactivité physique, la sédentarité et le sport, explique d'entrée Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest et cofondateur de l'Université citoyenne de prévention santé. L'inactivité physique est un facteur de risque pour la santé si je fais moins de 30 minutes d'activité physique par jour. Si je reste assis 7 à 8 heures par jour, nous sommes sur un second facteur de risque. Cependant si je ne fais pas de sport, je ne suis pas porteur de ce facteur de risque. " Autrement dit, il suffit d'être quelque peu actif quotidiennement et donc non-sédentaire pour s'éviter des effets négatifs sur la santé. " On peut être sportif de haut niveau et sédentaire, vient d'ailleurs confirmer Yannick Guillodo. J'ai vu des footballeurs passer leur temps de repos allongés sur un lit à jouer avec leur téléphone ou aux jeux vidéo, ce n'est pas du tout bon pour leur métabolisme. "
Un effort individuel qui bénéficie à la société" La vraie conséquence est pour la société, appuie Emmanuel Petit, directeur RSE à la Matmut. La sédentarité est la quatrième cause de mortalité dans le monde mais c'est aussi la première qui est évitable. Il suffit de 30 minutes d'activité physique quotidienne pour la contrer. En tant qu'acteur santé à la Matmut, avoir un maximum de nos sociétaires en bonne santé, c'est évidemment un facteur de coûts inférieurs pour nous, complémentaire santé, et donc on facture moins cher nos clients sur les prestations. " C'est donc l'effort individuel de chacun qui bénéficie à la société dans son ensemble. " Quelle que soit sa condition physique ou sociale, il existe toujours une activité adaptée à qui nous sommes ", ajoute Emmanuel Petit.
Inciter à la pratique sportive grâce au jeu vidéoLorsqu'on pense à la sédentarité, on évoque inévitablement les écrans. Néanmoins, avec Sporty Peppers, Nathalie Paquet s'est donnée pour mission de mettre en mouvement les Français grâce à la gamification (le fait d'introduire certains mécanismes de jeu dans des processus d'apprentissage, qui a priori ne sont pas censés être amusants, NDLR). " Bourdieu parlait de capital culturel, c'est-à-dire que pour entrer dans un musée par exemple, il faut en posséder les codes, note Nathalie Paquet. Faire une activité physique nous projette dans un temps très long d'effort alors que l'on veut un bénéfice immédiat. Avec Sporty Peppers, on a souhaité gommer tous les codes du sport et jouer sur ceux du gaming, sachant que 73 % des Français pratiquent régulièrement les jeux vidéo. On s'est positionné là où sont les gens, donc sur les écrans, pour les pousser à bouger tout en jouant. " Une solution ludique pour inciter à pratiquer une activité physique, lancée en avril 2021. Passer de 7 heures par jour à être sédentaire à 8 heures par jour augmente de 12 % les risques de mort prématurée, comme l'explique notamment le docteur Guillodo lors de ce débat. Faudra-t-il un jour, à l'instar de la sécurité routière, contraindre les individus à pratiquer une activité physique, comme on a obligé par le passé les Français à attacher leur ceinture en voiture sous peine d'une amende ? Non, répondent de concert nos trois invités. Cette prise de conscience passera avant tout par l'éducation, des parents notamment, pour inciter les plus jeunes à prendre de bonnes habitudes, notamment limiter les écrans. Retrouvez l'intégralité du débat " Pratique sportive et santé : quel impact économique ? "
Cet article a été publié initialement sur Big Média Pratique sportive et santé : quel impact économique ?