L'ONG Human Rights Watch (HRW) a réclamé vendredi une "enquête impartiale" sur des actes de mutilations de cadavres dans des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux mettant potentiellement en cause des soldats de l'armée burkinabè, qui a condamné les faits.
"Les autorités du Burkina Faso devraient ouvrir de toute urgence une enquête impartiale sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux qui montre des soldats de l’armée burkinabè mutilant et éventrant un cadavre", a écrit HRW dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Toutes les personnes jugées responsables d'actes répréhensibles devraient être poursuivies, quel que soit leur rang", a souligné l'ONG.
Mercredi, l'armée burkinabè - en lutte contre les groupes jihadistes qui minent le pays - a condamné des "agissements macabres" et "contraires aux règles d'engagement des combattants", assurant avoir pris des dispositions pour identifier l'origine des images et les auteurs.
Largement relayée sur les réseaux sociaux fin juillet, la vidéo de 81 secondes "montre au moins 18 hommes vêtus d’uniformes de l’armée identifiables, dont deux utilisent des couteaux pour éventrer un corps décapité et démembré", détaille HRW.
"La vidéo montre un homme en uniforme militaire avec un drapeau du Burkina Faso visible sur l'épaule gauche se penchant sur le corps mutilé au sol" avant de "découper la chair" du cadavre, décrit toujours HRW, ayant également identifié "un autre homme en uniforme de l’armée" faisant "des entailles dans le corps, frappant le sternum à 24 reprises".
Ils affirment en français être "membres du Bataillon d'Intervention Rapide 15 (BIR-15), une force spéciale impliquée dans des opérations de contre-insurrection contre les groupes armés islamistes, et de l'unité militaire +Cobra 2+ , une force d'élite associée au président du Burkina Faso", le capitaine Ibrahim Traoré, chef du régime militaire arrivé par un coup d'Etat en septembre 2022.
"Selon des médias burkinabè, le BIR-15 est stationné à Gaoua, dans la région du Sud-Ouest", note HRW.
Deux de ses sources estiment que "la vidéo a été filmée entre avril et mai près de Nouna", dans la région de la Boucle du Mouhoun, proche de celle du Sud-Ouest.
Cette vidéo "témoigne de l'absence généralisée d'obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises par des unités militaires au Burkina Faso ces dernières années" a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel à HRW.
En avril, HRW avait accusé l’armée burkinabè d’avoir exécuté au moins 223 civils, dont 56 enfants fin février dans le nord du pays.
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