En 2012, les derniers militaires du 517e Régiment du train quittaient définitivement la base de la Martinerie. Un départ vécu à Châteauroux comme un nouveau « traumatisme » sur le plan de l’économie locale, après celui de 1967 – bien plus brutal – des milliers d’Américains employés sur la base de l’Otan. La communauté d’agglomération castelroussine se retrouve alors avec une immense friche militaire à sécuriser et à valoriser et une enveloppe de dix millions d’euros de compensation de la part de l’état.
Finalement, une nouvelle ère se dessine grâce à l’arrivée de la Fédération française de tir qui fait construire, dès 2016, son nouveau centre sur un site d’une centaine d’hectares. Inauguré en 2018, il doit pouvoir accueillir les plus grandes compétitions internationales, même si le stand “finales” ne verra le jour qu’en 2022.
Châteauroux, l’invité de dernière minuteÀ l’époque, on ne parle pas encore de Jeux olympiques. Initialement, c’est le site temporaire de La Courneuve qui doit accueillir les épreuves de tir de Paris 2024. Un projet vite abandonné pour des questions environnementales. Le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo) se rend compte qu’à Châteauroux, c’est fou, il y a déjà tout?!
J-1 avant le début des Jeux !
Le chef-lieu du département de l’Indre fonce alors dans l’aventure olympique. Ces derniers jours, la ville a progressivement basculé dans une autre dimension avec l’arrivée des délégations, des bénévoles, des services de sécurité et des visiteurs. Ce que confirme Alison Rousseau, directrice de l’Office de tourisme Châteauroux Berry Tourisme : « On sent depuis une semaine que la ferveur autour des Jeux est arrivée. Avant, les étrangers représentaient environ 8 % en termes de fréquentation. Là, on est à 50 %. Nos équipes répondent de façon non-stop aux demandes, par téléphone ou à l’accueil. Cela nous fait plaisir de voir l’arrivée des touristes. »
Deux renforts ont d’ailleurs été recrutés afin d’assurer une présence sur les deux points d’informations supplémentaires installés à la gare de Châteauroux et au parking du CNTS. Et ce, en plus des volontaires en polo blanc et casquette rose qui tâcheront d’aiguiller les visiteurs.
« Maintenant, la question que l’on se pose, c’est de savoir si cette ferveur que l’on connaît avant les Jeux est optimale, s’interroge Alison Rousseau. Ou est-ce que ça va se calmer un peu lorsque les gens assisteront aux épreuves?? Quoi qu’il en soit, notre rôle, c’est de donner la meilleure image du territoire pour inciter les visiteurs à aller en ville afin de profiter des activités. »
À quoi sert la ligne verte ?Dès l’arrivée à la gare de Châteauroux, une ligne verte peinte au sol – également pensée pour les personnes à mobilité réduite — guide le visiteur vers les commerces du centre-ville. Tout est propre et fleuri. Cela profitera ensuite aux festivaliers de Darc, dont le stage international de danse et les concerts animeront le centre-ville à partir du 11 août. La présence policière est visible et se veut rassurante. « Si vous avez des problèmes avec les “marginaux”, vous nous appelez et nous intervenons », glisse le chef de la police à l’attention d’une commerçante.
La ligne blanche vers la navette.
Quant aux visiteurs dotés d’un billet pour les épreuves de tir, c’est une ligne blanche qu’ils devront suivre au sortir de la gare pour rejoindre la navette vers le CNTS (*). Pendant les journées d’épreuves, « trois à huit véhicules feront le trajet du centre-ville jusqu’à l’entrée du site, soit une vingtaine d’allers-retours », assure Jérémy Pagliara, responsable du service déplacement à Châteauroux Métropole. Un voyage gratuit, comme cela est d’ailleurs le cas depuis 2001 pour tous les usagers des transports en commun de l’agglomération.La descente des visiteurs à l'arrivée au CNTS.
Il faut compter environ trente minutes au total, dont une quinzaine uniquement dans la zone sécurisée. Sur la fin du parcours, les voyageurs feront connaissance avec Châteauroux-Est, remake contemporain de Berlin-Est avec ses check-points et son parc de véhicules militaires abandonnés. Avec, en prime, des champs de panneaux photovoltaïques à perte de vue et un aperçu du volume de déchets verts récoltés par les services de l’agglo.
À destination, une fois les derniers contrôles passés, d’autres navettes, plus petites, acheminent les visiteurs vers les pas de tir. « J’en ai compté 200 mardi, 400 mercredi et déjà 500 jeudi matin », note un des bénévoles en charge du pointage.
Une empreinte durable« Le stress et l’adrénaline montent à quelques heures du début des Jeux », confirme le maire de Châteauroux et président de l’agglomération, Gil Avérous. Pour le territoire, cette parenthèse olympique (enchantée??) ne se refermera pas totalement le 8 septembre, à l’issue des épreuves paralympiques. Elle doit servir de tremplin.
Le maire de Châteauroux et président de l'agglomération Gil Avérous.
« On espère obtenir de Paris 2024 qu’on puisse garder sur le site olympique, ou en centre-ville, les “spectaculaires” (les anneaux de grande dimension), annonce l’élu. On veut mettre en avant notre atout géographique, celui d’être au cœur de la France, pour organiser de grands événements nationaux ou internationaux. Grâce aux Jeux, nous disposons désormais des structures d’hébergements nous permettant d’accueillir des centaines de compétiteurs. Y compris sur le para-sport. Entre le stade Gaston-Petit, le centre technique régional de football, la Margotière ou la plaine départementale des sports, on a de quoi accueillir beaucoup d’événements, même de manière simultanée. »
Plus vite, plus haut, plus fort. Châteauroux a manifestement fait sienne la devise des Jeux.
Focus : dans la ville
Le grand sautEn centre-ville, les plus téméraires tenteront de battre le record de la Castelroussine Manon Genest, parasauteuse en longueur (4,76 m). Celui-ci a été matérialisé au sol – le bac à sable en moins – en arrivant à la place des Halles.
Star des podiumsAu sein de l’office de tourisme, les moins sportifs auront plaisir à monter sur le podium avec une peluche géante de Phryge (la mascotte officielle des jeux). Le photobooth – photomaton géant avec accessoires – permet de repartir avec un souvenir instantané de son passage en Berry. Alison Rousseau, directrice de l’Office de tourisme Châteauroux Berry Tourisme, a manifestement décroché une médaille de bronze.
Philippe Roch